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La dernière idée de Sarko qui nous la baillait belle !

par rouge

Publie le mardi 22 mai 2012 par rouge - Open-Publishing
1 commentaire

Avant de tirer sa révérence, Sarko, notre bon s(a/e)igneur nous avait enfin, après 5 ans, trouvé LA solution au problème des loyers. Chapeau bas, messieurs-dames, et admirez le travail.

Tu paies 500€ ou plus (la moitié de ton salaire) pour un 60 m2 où tu entasses les 4 membres de ta famille ? (voir sur http://www.linternaute.com/argent/immobilier/prix-au-m-l-immobilier-dans-600-villes-de-france/ ).

Désormais (mais attention ! pour ça il fallait d’abord bien voter, et je parie, petit capon, que tu ne l’as pas fait, tant pis pour toi !), tu aurais eu un « droit de recours » : si tu parviens à prouver que ton proprio dépasse de plus de 20% la moyenne locale, bingo ! le juge l’obligera à descendre ses prétentions. Devant quelle juridiction engorgée ? Avec quels frais de procédure ? Combien de temps ça prendra ? En attendant, t’as qu’à payer. Et si, ben non, il ne dépasse pas, ou seulement de 19%, tu en seras pour tes frais, et sois tranquille que ton proprio ne te loupera pas au moment du renouvellement du bail !

Ah ! qu’est-ce qu’ils ont dû trembler les propriétaires ! (Heureusement, Hollande ne leur fera pas ce coup bas). Et quel bel effet d’annonce il nous aura essayé, le président sorti, en faisant mine, in fine, de se rappeler qu’il y avait aussi des électeurs pauvres !
Mais qui est dupe ?

500€ pour 60 m2 ! Ils ne s’embêtent pas les proprios ! Naïvement, on pourrait penser qu’un type qui loue ses appartements ou ses maisons (ceux qu’il n’utilise pas, forcément, mais faut pas croire pour autant qu’il loge à la belle étoile), c’est pour lui donner les moyens de préserver son patrimoine, et que ses loyers servent à l’entretien de ce patrimoine qu’il gère « en bon père de famille ».

Eh bien, on a tout faux ! Ce n’est pas ça du tout ! Il suffit de lire la presse spécialisée pour s’en apercevoir : l’immobilier locatif, c’est un placement, ça sert à s’enrichir, et pas seulement à planquer ses économies.

Voyez plutôt sur Wikipedia, article sur l’immobilier locatif : « L’investissement immobilier locatif consiste à acheter un logement immobilier pour le louer, afin de se construire un patrimoine et de percevoir des revenus complémentaires. Le bien immobilier peut être neuf ou ancien. Dans la majorité des cas, l’achat du bien immobilier se fait à crédit, et les loyers perçus permettent de rembourser une partie des mensualités du prêt. »
Ou voir aussi ici  « De nombreux Belges achètent un bien immobilier comme investissement. En particulier lorsque les Bourses chancellent - comme c’est le cas actuellement -, la brique confère un véritable sentiment de sécurité. Le rendement d’un investissement immobilier se décompose en deux éléments. D’une part, la plus-value qui sera réalisée sur la vente ultérieure pour peu que les prix aient entre-temps augmenté. D’autre part, le rendement locatif, c’est-à-dire les loyers payés par le locataire. Souvent, ces derniers sont utilisés pour payer les mensualités de l’emprunt souscrit pour acquérir le bien. » (http://trends.levif.be/economie/actualite/immo/vos-recours-legaux-face-a-un-locataire-defaillant/article-1195117475755.htm )

Ces gens-là , ils achètent des maisons comme ils achèteraient des actions ou des obligations : faut que ça rapporte. Ils spéculent sur les plus-values immobilières (dans 10 ans je revendrai avec au moins 50% de profit) ; ils font payer à leurs locataires le montant des hypothèques (je signe pour l’achat, mais voyez mon locataire pour le paiement). Ton loyer leur sert de revenu d’existence, ainsi c’est toi qui travailles pour leur fournir leur panier de pain quotidien (je suis propriétaire, c’est pas pour m’emmerder à faire mon pain moi-même) – ne pas confondre, bien sûr, avec ces profiteurs odieux que sont les chômeurs se complaisant dans leur oisiveté, les propriétaires, eux ils sont rentiers, c’est honorable…

C’est avec ça qu’il faut en finir. Les locataires, ça n’est pas un cheptel à traire. Louer son logement, ce n’est pas en financer l’achat, ni se mettre au service d’un bailleur-seigneur. C’est un contrat entre égaux, avec des contreparties qui doivent être équilibrées : je reçois un droit (temporaire) d’occupation, en échange mon loyer permet de financer les travaux nécessaires pour maintenir en bon état le bien que j’occupe. Et, de ce fait, assurer au propriétaire la pérennité de ce bien, sans frais de maintenance à sa charge. Point-barre.

L’état, s’il n’est pas là pour brider la « liberté du marché », a au moins pour fonction de veiller à l’équité des contrats, ce qui est une question d’ordre public, et mettre des freins aux appétits des puissants, lorsqu’ils mettent en danger la survie des faibles.

Alors oui, il faut mettre un frein, et un frein sévère, au petit jeu du renchérissement constant des loyers. Qu’importe aux acheteurs le prix qu’ils payent pour leurs maisons, si c’est toujours le locataire qui finance leur achat ? Au final, après avoir acquis sans bourse délier le droit de propriété, ils revendront avec une confortable plus-value et le propriétaire suivant augmentera d’autant les loyers.

Qui peut croire une seule seconde qu’un « droit de recours » basé sur les « prix du marché » arrêtera ce cirque ? Il faut fixer des limites, non pas a posteriori, mais a priori. Une maison, qu’elle soit occupée ou non, coûte à son propriétaire, annuellement, entre 1,5 et 2% par an en moyenne de son prix de construction pour son entretien conservatoire. C’est la dépense que le propriétaire doit nécessairement couvrir s’il veut mettre son bien à l’abri des dégradations causées par le temps qui passe, les intempéries, les invasions de parasites animaux ou végétaux nuisibles, et préserver la valeur initiale de son patrimoine.

Le proprio veut être défrayé pour la part de ‘travail’ personnel qu’il effectue en s’occupant de ses biens immobiliers (contacts avec les corps de métier, organisation et suivi des travaux, etc) ? Soit. C’est un peu abusif, car somme toute ce travail il l’effectue avant tout dans son propre intérêt, et seulement accessoirement pour le confort de son locataire (est-ce qu’on me paye, moi, pour le soin que je prends de son logement ? ), mais admettons. Mais alors, au tarif que prennent les sociétés de gestion immobilière, qui font le travail du propriétaire à sa place, soit 1 à 1,5% de la valeur de la maison.

Ce qui représente à tout casser, pour le loyer annuel, un montant équivalent à 3,5% de la valeur de la maison, au lieu des 6 à 9% couramment prélevés actuellement, et au lieu de payer 500€ pour mon logement de 60 m2, je n’en paye plus que 280 en moyenne. Dont les 2/3, représentant les montants destinés à couvrir les frais d’entretien et de réparation du bâtiment, devraient être exclusivement réservés à cet usage, sans possibilité pour le propriétaire de s’en servir pour ses menus plaisirs – sous le contrôle d’une institution de supervision d’état.

J’entends d’ici les proprios hurler qu’on les égorge. Pauvres petits ! Sans états d’âme pour leurs locataires qu’ils saignent à blanc, et tous prêts à voter pour toute loi qui mettrait au pas les chômeurs ‘profiteurs’, comment feront-ils, avec seulement 1,5% de revenu, pour payer leurs hypothèques et leur panier de pain quotidien ? En fait, c’est pas compliqué : ou ils ont suffisamment de biens (soit environ un minimum de 2 millions) pour que ce 1,5% leur procure un revenu d’existence, ou ils travaillent (et peut-être certains le font-ils déjà, leurs loyers ne représentant qu’un supplément de revenus). Peut-être devront -ils pointer à l’ANPE, ça serait bien leur tour, et ça leur donnerait l’occasion de toucher du doigt la condition des honnêtes travailleurs qui leur abandonnent, trop souvent, la presque totalité de leurs salaires pour s’abriter sous leur toit. Ou bien ils vendent. S’ils ont la prétention de vivre du modeste défraiement que leur rapporte le ‘travail’ presté pour entretenir les maisons qu’ils louent, mais que celui-ci est insuffisant, c’est tout simplement que leur patrimoine est trop petit pour la vie de rentiers qu’ils ambitionnent, et que, passez-moi l’expression, ils « pètent plus haut que leur cul ».


Pour finir, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager cette information hautement éclairante sur la mentalité de certains propriétaires :
http://www.olivier-seban.com/astuces_pour_bien_investir_dans_immobilier

Messages

  • L’exploitation de l’homme par l’homme trouve ses exemples dans cet article...

    Le droit d’un toît pour tous est devenu une source de profits pour certains qui vont même jusqu’à en vivre avec une aisance indécente.

    Au risque de jetter un pavé dans la marre (ce qui n’est pas l’objectif) je pense que l’on devrait supprimer l’APL qui sous le couvert d’aider les moins favorisés pour payer un loyer, alimente en fait cette course au profits immobiliers, les spéculateurs ne sont pas des travailleurs mais des rentiers.
    En coupant court au droit de l’APL et en imposant un montant du loyer ne dépassant pas une grille donnée on interdit toute augmentation arbitraire.
    La base d’appréciation pour le calcul du loyer pourrait être : Valeur du bien divisé par 1200 = coût locatif.
    1200 = 100 années (12 mois * 100)

    Exemple : 300 000 euros divisés par 1200 = 250 euros

    Le locataire pourrait payer ces 250 euros et l’Etat économiserait en ne versant pas d’allocation des sommes considérables.

    Les spéculateurs ne verraient pas le marché immobilier du même oeil et un équilibre se créerait.

    Notes : quand l’on voit comment sont fabriqués les appartements vendus aussi aux nouveaux propriétaires on est en droit de se demander combien de temps dureront les bâtiments...30 ans...
    Bref c’est un autre sujet, mais quand l’on voit combien le gouvernement s’attaque aux maisons anciennes qui ont elles plus de cent ans et tiennent toujours debout pour ne favoriser que des maisons dites écologiques il y a de quoi se tordre de rire.
    Quant aux règlements européens (eux aussi poussés dans le vert extrème des bourges) ont voit quantités de mesures qui ont toutes un but celui de créer des marchés (assainissement, isolation etc).