La fatalité n’est pas de son monde

La fatalité n’est pas de son monde

tant mieux

sinon il en mourrait

tel un ressort que l’on comprime

c’est au moment il ne représente plus rien

qu’il échappe à la contrainte

se libérant de biais

par un rebond soudain

la fatalité n’est pas de son monde

tant mieux

sinon il en mourrait

il fuit la logique implacable

celle qui voudrait tout expliquer pour lui

celle qui lui refuse le droit d’alternative

celle qui lui conteste toute individualité

celle qui l’exclut de simple humanité

La fatalité n’est pas de son monde

tant mieux

sinon il en mourrait

derrière ses carreaux il guette anx-yeux

la compréhension puis l’accroche

le sourire et la complicité

pour récidiver d’un bond mot

la mort à reculons

La fatalité n’est pas de son monde

tant mieux

sinon il en mourrait

il écume souvent comme un cheval de peine

chaque fois qu’il prend le mors aux dents

le monde à rebrousse poils

la vie à bouts de bras

la vie de toutes façons

La fatalité n’est pas de son monde

tant mieux

sinon il en mourrait

le poète au carrefour

qui dit son univers

à tant de gens à des foules infimes

homme seul quoique multitude

infirme bout du monde

La fatalité n’est pas de son monde

tant mieux

sinon il en mourrait

à l’écoute l’infini

pour t’en démerdailler

rien de la sérénité

que son nom puisse faire croire

il est tout un chacun

c’est ça sa liberté

Fabrice Selingant