Accueil > La fuite en avant (sur le discours de Hollande au Congrès)

La fuite en avant (sur le discours de Hollande au Congrès)

par Rodolphe P. (Professeur d’histoire géographie)

Publie le lundi 16 novembre 2015 par Rodolphe P. (Professeur d’histoire géographie) - Open-Publishing
4 commentaires

Le discours du président de la République devant le congrès laisse craindre le pire tant les signes d’une fuite en avant sécuritaire sur le territoire national sont patents. L’arsenal répressif serait renforcé de toutes parts : qu’il s’agisse pour les policiers d’élargir leurs droits à user de leur arme, de l’évolution de la Constitution qui verrait encore l’exécutif renforcé dans le cas de l’état d’urgence, de la facilité accordée à la déchéance de la nationalité française, du renforcement des effectifs policiers, ou du maintien de ceux de l’armée jusqu’en 2019, l’ensemble des mesures annoncées ce soir vont dans le même sens : le tout sécuritaire et par là la restriction des libertés et des contre-pouvoirs.

Est-il besoin de rappeler que les kamikazes ne craignent pas la mort, et encore moins la Justice, que l’on ne va pas interdire la vente de bonbonnes de gaz sur tout le territoire, que tout cela est au mieux une illusion au pire un pas supplémentaire vers une société de la surveillance généralisée ? Car qui peut croire que ces dispositions puissent atténuer sensiblement le risque terroriste ? Vigipirate ? Inutile Vigipirate renforcé ? Inutile. Plan rouge ? Inutile. Les "lois scélérates" de 1893 n’ont pas empêché l’assassinat du président Carnot en 1894.

Des chimères ensuite, la surveillance aux frontières de l’Union : « la protection des frontières extérieures de l’Europe la protégera de sa déconstruction ». Si le rétablissement des contrôles aux frontières nationales est comme on le sait, poreuse, que dire de celle des frontières extérieures. Pense-t-on vraiment que la Grèce exsangue, que l’Italie dépassée, que la Slovénie assaillie ou la Hongrie barricadée sont en mesure d’exercer un contrôle efficace de centaines de milliers de personnes ?

Mais la surprise réelle du discours réside dans la formule : « Ces mesures se traduiront par des dépenses supplémentaires, mais je considère aujourd’hui que le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité. » Est-ce la mort de l’austérité budgétaire qu’annonce ainsi le président ? Si oui, on se souviendra que c’est la terreur venue de l’extérieur qui nous a libéré du nœud coulant qui nous assaillait. Si non, le pire est à craindre, les dépenses sécuritaires supplémentaires devront être compensées ailleurs. L’exécutif doit espérer que la BCE, l’Allemagne et la finance internationale accorde des largesses à la France par empathie, puisqu’en bombardant la Syrie elle œuvre pour la défense commune. Pas sûr qu’à Francfort, Bruxelles ou Berlin on fasse la même analyse.

Sur le plan géopolitique, quelques signes plutôt positifs peuvent être relevés. Par exemple, le désir de construire une seule et unique alliance comprenant la Russie relève du bon sens, tout comme la demande de réunir le conseil de sécurité de l’ONU, évidemment. Pas un mot semble-t-il sur l’Iran. Sur Al-Assad, une inflexion : « il n’y a pas d’issue avec lui » certes mais cette formule diplomatique laisse une porte entrouverte à des négociations comprenant le gouvernement syrien actuel, puisque F. Hollande ne dit plus que son départ est « une condition préalable à l’ouverture des négociations » prenant acte de l’isolement à peu près total de la France sur cette question.

Mais surtout que d’angles morts dans ce discours ! Quid des circuits de financement des organisations terroristes, quid de l’accueil des réfugiés, quid de la question sociale en France ? Où sont les mesures chocs, les plans Marshall, où même les propos engagés ?

À l’heure où ces lignes sont écrite le Parlement débat. Il est à craindre que les considérations tactiques l’emportent. Il n’y aura pas d’union nationale autour des lignes portées par le Président. Manque de hauteur, manque de vision, trop de questions sans réponses, trop de flou dans le discours. Aux arguties succèderont les pinaillages. Et nous croiserons les doigts, silencieusement, dégoûtés par le spectacle offert par nos responsables avant de céder aux sirènes des réponses toutes faites de la bête immonde.

Source : https://blogs.mediapart.fr/blog/rodolphe-p/161115/la-fuite-en-avant

Messages

  • Je vous rappelle quand même que nous avons l’arme nucléaire. les sous-marins. Ils peuvent très bien naviguer en surface sur la Seine jusqu’à Paris. Alors un peu de respect. Quant aux missiles, on peut les envoyer sur Paris. Alors il feront quoi les terroristes là ! Et toc !

  • et oui ils sont prets a s’allier avec poutine et bachar, pauvre france, je n’ai que degout pour cette position, on ne s’allie pas avec des fascistes pour combattre des fascistes, louise michel revient ils sont devenus fou !!!

  • D’accord avec le communiqué ci-dessous ! Mes racines libertaires sans doute ?

    Je me méfie des accents martiaux, des va-t’en guerre ! Des marseillaises à qui mieux mieux et à pleins poumons ! Des unités nationales factices…Des états d’urgence prolongés (qui vont altérer le lien entre citoyens, par le fait que les rassemblements,, les manifestations, vont être plus que limités° ! Je me méfie de la pensée binaire et sécuritaire. Des récupérations politiciennes de tous bords !
    L’émotion, la réaction…Et la pensée ? Le dessous des cartes ? Le trafic des armes, de nos armes ? Les raisons du délitement du proche et Moyen-Orient ? Du délitement des banlieues et de la société en général ?

    Bien sûr, rien n’excuse la monstruosité de ces crétins sectaires, mais se mettre à réfléchir permet de comprendre…

    Le mal actuel est le fruit de tant d’abandons, de désengagements collectifs et individuels, nationaux comme internationaux. Petites et grandes lâchetés. Quid de la France lorsqu’il fallait aider la résistance syrienne au tout début de la révolution dans ce pays ? Quid de la France dans son aide aux Kurdes ? Pour une fois, je me retrouve dans la position d’un Villepin, qui nous met en garde contre les trompettes belliqueuses.

    J’ai peur qu’on ne renforce un nationalisme de mauvais aloi, qu’on entrave la démocratie, tout cela au nom de la sécurité… Mais pour mieux créer une société angoissée et sans vraie sécurité.

    Nous sommes des sociétés bien fragiles, car nous ne sommes plus que des spectateurs-consommateurs pour beaucoup d’entre nous, dans une société sans sens, livrée aux démons du consumérisme, du désir immédiat. Derrière les ’écrans, la réalité est trouble. Au-delà des « intellectuels », des journalistes-perroquets, des commentateurs de pacotille, quelle pensée critique et analytique en France ? Quelle profondeur de réflexion ? Quel débat citoyen, au-delà des moulinets de la pensée TF1 ?

    Nous risquons de nous réveiller brutalement, avec la faillite de la république autour de nous. Mais ce n’est là que la poursuite accentuée du processus… Droitisation des idées, hideuse turgescence du FN, gangrène de la misère sociale et spirituelle…

    Policer, stricto sensu, la société, ne peut être qu’une mesure exceptionnelle et très provisoire, et dangereuse à manier.

    Quelle critique approfondie de ce monde, au –delà des icônes envahissantes ? Qui retissera les liens du monde défait ? Ici et ailleurs, quelles politiques résilientes pour nos morts, pour tous les morts de la bêtise et de la misère humaines ?

    François Poupet, syndicaliste, citoyen.

    Communiqué de la Fédération anarchiste
    Vendredi 13 novembre, au fil des événements, l’inquiétude grandissante a peu à peu laissé la place à la consternation la plus profonde et à la colère face au bilan sans cesse plus lourd des attentats qui ont eu lieu à Paris : un bain de sang inutile, atroce, nauséabond, rappelant les pires exactions dont l’humanité sait malheureusement se montrer capable.
    Les adhérent.e.s et sympathisant.e.s de la Fédération anarchiste sont révolté.e.s contre ces actes de la barbarie. Nous adressons toute notre sympathie aux personnes qui ont subi ces violences, à leurs familles, à leurs ami.e.s, à ceux et celles qui y sont resté.e.s et à celles et ceux qui ont heureusement sauvé leur peau.
    Des assassins intoxiqués par une idéologie délirante ont fait régner la terreur à Paris comme ils la font régner au Moyen-orient et en Afrique. Ils peuvent se réclamer d’un dieu ou de la souffrance des populations en Syrie, en Palestine ou ailleurs. Ils ne sont que des meurtriers qui tentent dérisoirement de donner une justification à leurs actes. Ils n’en ont aucune.
    Nous rejetons tout autant les tentatives d’amalgames qui n’ont pas manqué d’apparaître. L’essentiel de ce que l’on catégorise comme des populations musulmanes, sont des individus comme les autres : certains pratiquants, d’autres seulement croyants, d’autres encore athées, tous voulant simplement vivre en paix. Nous en avons tous et toutes le droit légitime.
    Nous ne cautionnerons pas davantage les accents guerriers que ces exactions ont instantanément suscités. L’état d’urgence en France, la tentation de soutenir Bacher El-Assad, de redoubler les bombardements sur des objectifs soi-disant ciblés mais qui font toujours plus de victimes parmi des populations civiles prises en otage, déplacées, dépecées. La guerre engendre toujours la guerre.
    Nous veillerons enfin à la mesure de nos moyens à ce que les migrant.e.s ne subissent pas les conséquences des exactions commises par ces fous de dieu qu’ils et elles ont fuis en quittant leur pays dans des conditions extrêmes. C’est la solidarité sans faille de tous ceux et celles qui subissent l’oppression, qui permet l’émancipation.
    Ni dieu, ni maître !
    Fédération Anarchiste
    Le 16 novembre 2015.

  • Le discours du président de la République au congrès

    Le "Congrès" ???

    Quel "Congrès" ???

    En France je ne connais que l’Assemblée Nationale et/ou le Sénat...

    Le "Congrès" c’est à Washington DC !

    G.L.