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« La gauche de la gauche » demande à Hollande de… soutenir le peuple grec
par RP
Publie le mercredi 24 juin 2015 par RP - Open-Publishing5 commentaires
Philippe Alcoy
Scène « surréaliste » lundi au palais de l’Elysée : les chefs de la « gauche de la gauche » viennent demander à François Hollande de se mettre « du côté du peuple grec » plutôt que de celui des créanciers. Et Pierre Laurent (PCF), Eric Coquerel (PG), Clémentine Autain (Ensemble-Front de Gauche) et le porte-parole d’EELV Julien Bayou, en sortent satisfaits.
« Le président de la République nous a exprimé la volonté d’obtenir un accord qui respecte le gouvernement grec actuel », déclarait Pierre Laurent. Clémentine Autain se félicitait du fait que Hollande prévienne que « la sortie de la Grèce de la zone euro aurait un coût pour le contribuable ». Dans une interview au Journal du Dimanche, P. Laurent insistait sur la bonne volonté du président français vis-à-vis du gouvernement grec. Quand on lui posait la question sur la position d’Hollande sur les exigences sur une augmentation de la TVA ou des coupes dans les retraites, Laurent affirmait que « François Hollande ne juge pas raisonnable d’imposer des réformes de ce type. Il souhaite une négociation qui porte sur les propositions grecques visant à trouver de nouvelles recettes fiscales » Et qu’il « a également insisté sur une demande du gouvernement d’Alexis Tsipras : celle d’aboutir à un accord durable ».
On croirait revoir un porte-parole d’un gouvernement « d’union de la gauche » exposant et défendant les positions de « son » président.
La France ne peut pas se « désolidariser » des créanciers car… elle en est l’un des principaux !
Ces mêmes dirigeants ainsi que des personnalités politiques et de la « société civile » avaient écrit une tribune ouverte publiée le 18 juin dans les pages de Libération dont le titre était « La place de la France est aux côtés du peuple grec ». Dans celle-ci on lançait un « appel solennel » incroyable à François Hollande : « la France ne peut, dans un tel moment, apparaître inerte sinon suiviste des puissants ».
Un déni de réalité total. Non seulement la France est l’une des cinq principales puissances économiques mondiales mais dans le cas précis de la dette grecque la France avec l’Allemagne est l’un des principaux créanciers. Elle détient plus de 42 milliards d’euros en titre de la dette grecque sur un total de 320 milliards.
François Hollande et le PS n’ont pas seulement adopté une ligne de suivisme total de la politique hostile des créanciers de la Grèce visant à humilier sur toute la ligne le gouvernement d’Alexis Tsipras, ils ont une participation active dans cette campagne impérialiste. Pierre Moscovici, commissaire européen à l’économie et dirigeant du PS, a ainsi été l’un des politiciens les plus hostiles à Syriza pendant la campagne présidentielle grecque.
Et si tout ceci n’était pas suffisant pour ridiculiser leur démarche, alors que dans ce même appel ils se félicitaient de la volonté de « compromis » démontrée par le gouvernement grec, qu’une « solution à la fois digne et réaliste [soit] donc à portée de la main », ils demandaient à Hollande de se « désolidariser » des « exigences insoutenables de l’"Eurogroup" en matière de dérégulation du marché du travail, de révision du système des retraites ou de privatisations ». Sauf que le soir même on apprenait que Tsipras s’inclinait face aux exigences des créanciers, prenant en contrepieds ses soi-disant suppôts hexagonaux.
Roue de secours du PS
Mais cette démarche n’est pas simplement ridicule et en dehors de toute réalité. Elle a potentiellement un impact politique très nuisible pour les travailleurs et les jeunes qui sont encore influencés par ces organisations. En effet, elle contribue à semer des illusions vis-à-vis du PS et de la politique du gouvernement de Hollande qui pourrait se positionner « du côté du peuple ».
Pour Hollande cette rencontre est bénéfique pour sa course pour l’élection présidentielle de 2017. Etant présenté par les représentants de « la gauche de la gauche » comme un potentiel allié du gouvernement grec, tout en évitant de tomber dans « un populisme de gauche sans fondement », comme affirme son entourage, Hollande pourrait avancer dans la tentative de créer un certain « rassemblement à gauche » face à la droite et au FN. Cette initiative permet aussi de créer l’illusion d’une différence « fondamentale » entre Hollande et Merkel, qui pour des raisons de politique interne doit mettre en avant un discours plus « dur » vis-à-vis de la Grèce.
Cependant, pour les travailleurs, les jeunes et les migrants qui subissent les mesures d’austérité, les coupes budgétaires dans les services publics essentiels comme l’éducation ou la santé et même la répression de la police aux ordres de ce gouvernement, ce camouflet « de gauche » ne saura pas les tromper sur le vrai caractère du PS : un appareil au service des banquiers et des patrons français.
23/6/2015.
Messages
1. « La gauche de la gauche » demande à Hollande de… soutenir le peuple grec, 24 juin 2015, 12:00, par NOCTURNE
Bravo a la gauche de la gauche .
Ils ont encore pondu un oeuf clair .
Ces nouveaux portes paroles du gouvernement sont a vomir.
Avec un pareil soutient ,pauvres Grecs !
2. « La gauche de la gauche » demande à Hollande de… soutenir le peuple grec, 24 juin 2015, 12:06, par René LE BRIS
La réponse dans quelques jours : on verra si le bla bla de Hollande se concrétise ! Mais la gauche de la gauche aura fait son boulot d’interpeller !
1. « La gauche de la gauche » demande à Hollande de… soutenir le peuple grec, 24 juin 2015, 13:07, par NOCTURNE
COMMENT DIRE QUE LEUR DEMARCHE A INTERPELE LE GOUVERNEMENT ;
Au vue de l’article ,ils se sont plutôt positionnés a la sortie de l’entrevue en
porte paroles du gouvernement.
On voie bien qu’ils préparent les futurs strapontins.
2. « La gauche de la gauche » demande à Hollande de… soutenir le peuple grec, 24 juin 2015, 17:30
Je ne suis pas sûr qu’on puisse appeler ces gens-là "la gauche de la gauche".
Car cela signifierait que le PS est encore à gauche (est encore réformiste). Et qu’eux sont peu ou prou révolutionnaires, puisqu’à gauche du réformisme (ce qui au passage signifie pour moi : voie sans issue).
Je pense que ces gens-là sont tout simplement la gauche réformiste.
Par ailleurs, ils auraient fait leur boulot en interpelant Hollande ?
Je trouve au contraire que cette démarche (et ce qu’ils en disent à la sortie) ne peut que contribuer à faire croire qu’on peut encore espérer un petit quelque chose de Hollande et du PS. C’est une forme de caution.
D’ailleurs, comme le dit un autre intervenant, une partie d’entre eux (bénéfice du doute pour les autres...) espère effectivement un petit quelque chose : des accords électoraux pour glaner quelques places d’élus et survivre encore un peu.
Bref, je te trouve un peu naïf et peu exigeant vis à vis d’eux. Mais il est vrai qu’il est difficile de vivre sans espoir (vus les rapports de force actuels et l’extrême faiblesse du mouvement ouvrier), alors on s’en invente un peu, c’est humain...
3. « La gauche de la gauche » demande à Hollande de… soutenir le peuple grec, 24 juin 2015, 18:49, par Barozoo
ce defile de clampins augure des futures trahisons ils sont prets pour voter Hollande ou valls a la presidentielle oui il faut souhaiter que la grece sorte de l’union pour que le systeme explose et non servire la soupe a la troika comme Laurent et clementine autain