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La visite truquée de François Hollande chez Lucette

Publie le mardi 3 novembre 2015 par Open-Publishing
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Une mauvaise pièce de théâtre

La visite truquée de François Hollande chez Lucette

John Strempe

Hollande est partout en ce moment. Dans un contexte de période pré-électorale, à cinq semaines des régionales et un peu plus d’un an avant les présidentielles, le chef de l’État essaye tant bien que mal de redorer le blason d’un Parti socialiste à la masse et en passe de subir une écrasante défaite dans les-dites régionales. Il se permet même le luxe d’aller à l’improviste chez l’habitant, pour montrer qu’il demeure un président "normal", il est donc passé dire bonjour à Lucette, parce que Lucette, elle est sympathique. Mais d’après les déclarations de cette dernière, ce n’était pas tant à l’improviste que ça.

Une visite beaucoup trop bien organisée

Le 29 octobre dernier, Hollande était en Lorraine pour prendre un petit bain de foule pré-électoral. La visite surprise à Vandœuvre-lès-Nancy, près de Nancy, a été un petit succès. Porté par un élan de sympathie générale, dans cette ville à la mairie PS, une pulsion sociale l’a poussé à aller boire un café chez Lucette, une infirmière à la retraite de 69 ans. François, il est comme ça. C’est un français parmi les autres, un président normal. Hollande se veut à proximité des français et voir où ils vivent, dans leur habitat naturel, comme dans un zoo en somme. Parce que l’Élysée, c’est pas tellement l’habitat naturel de la « plèbe » et de là-bas il n’est pas évident de se rendre compte des conditions de vie des « gens normaux ».

Mais, comme toute opération de communication, celle-ci était parfaitement préparée : Pour commencer, Lucette n’était pas une habitante lambda choisie à l’aveugle. Elle se déclare « proche du maire socialiste » de la ville, Stéphane Hablot, qui a lui-même tout organisé pour que la venue du président soit parfaite : envoi préalable d’une femme de ménage, achat de chaises et d’un gros bouquet de fleur, bien mis en évidence, et même les cafés offerts ! Il est sympa aussi, ce maire.

Un entretien minuté et censuré

Qu’une rencontre soit préparée à l’avance dans de telles circonstances, n’a en soi rien de vraiment dérangeant. Ce qui interpelle le plus, c’est l’organisation minutieuse de la conversation entre Lucette et Hollande. Lucette déclare : « Le mardi [27 octobre], des gens de l’Élysée sont venus pour me poser des questions […] pour savoir ce que je devais dire… et ne pas dire ». En effet, toutes les questions que le Président a posées à Lucette ont d’abord été testées par « ces gens de l’Élysée ». La conversation, au final, n’était donc qu’une mauvaise pièce de théâtre.

Mais, comme elle le signale, Lucette a également été soumise à de la censure. En effet, l’infirmière à la retraite en avait gros sur le cœur car il y a « des clochards qui meurent […] dans la rue » pendant que Hollande « s’occupe beaucoup d’immigrés ». Des propos qui flirtent avec le discours anti-migrants/immigrés du FN, qui dit défendre les « SDF » mais seulement de « souche ». François Hollande et ses communicants n’ont pas hésité à censurer une Lucette, pas si libre dans ses propos quand il s’agit de faire l’apologie du FN.

Cela n’est pas sans rappeler, dans un registre légèrement différent mais toujours dans l’optique d’être « proche des français », la réunion totalement organisée par le Front National, Marine Le Pen en tête, en octobre 2013. Au cours de cette réunion, ils avaient proposé à plusieurs françaises et français de venir à une table ronde pour poser des questions à la présidente du FN. Le petit journal avait démasqué, images à l’appui, l’immense mascarade : les questions et les réponses étaient déjà toutes écrites sur les feuilles disposées sur la table et où Marine Le Pen feignait de ne pas connaître certaines personnes, qui étaient pourtant des militants FN.

Un échec de plus dans l’opération « reconquête »

Pour François Hollande, déjà frappé d’une impopularité monstre, il s’agit en somme d’un couac de plus dans sa stratégie d’hyper communication en vue de l’opération « reconquête » des régionales. Tout déplacement peut désormais s’avérer sujet à des débordements. La réponse du gouvernement consiste en une hyper-préparation qui, comme on le voit ici, peut aussi amener à des revers...

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