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Le 1er février 1954

par Robert GIL

Publie le samedi 1er février 2014 par Robert GIL - Open-Publishing
4 commentaires

Le lundi 1er février 1954, Henri Grouès, dit l’Abbé Pierre, lance sur Radio-Luxembourg un appel qui fera date. Durant 4 minutes, le fondateur d’Emmaüs exhorte les Français à « l’insurrection de la bonté », déclenchant une pluie de dons pour les sans-abri. Le 4 octobre 1993, l’abbé Pierre prononce à nouveau son appel … et force est de constater que cet appel a été un coup d’épée dans l’eau ; entre 1954 et aujourd’hui la pauvreté est toujours présente, et elle ne cesse même de progresser. Depuis on a fait également "les restos du coeur" qui sont un véritable succés vu le nombre grandissant de bénéficiaires… La preuve que ces appels de l’abbé Pierre et de Coluche, même s’ils partaient , on ne peut en douter, d’un bon sentiment n’ont finalement rien changé à la situation des plus démunis.

La charité ne fait qu’entériner l’existence de la souffrance et renonce à en corriger la cause. Il est plus facile de mobiliser l’émotion que remettre en cause une politique. Au contraire cela sert souvent à la justifier. Chacun se donne bonne conscience en participant à ces grands shows médiatiques, et passe sous silence le pourquoi de la situation. Quelqu’un a dit « quand je fais l’aumône aux pauvres, on dit que je suis un saint. Quand j’explique pourquoi ils sont pauvres on dit que je suis communiste ».

Combien de pauvres, combien d’exclus qui bénéficient de charité ou qui vont manger aux restos du cœur, ne vont pas voter, ou pire, votent pour ceux qui les ont plongés dans la misère. C’est pourquoi distribuer de l’aide sans expliquer aux individus les raisons de leur situation ne sert à rien. Pire, cela conforte le système, car ils pensent que c’est grâce au système qu’ils reçoivent de l’aide. Comme sur l’alcool, ou les paquets de cigarettes il est inscrit une mise en garde, sur chaque paquet de pâtes, d’huile ou de conserve distribué, il faudrait mettre une étiquette : « le capitalisme vous a baisé ».

Toutes les associations qui aident les pauvres et les laissés pour compte feraient bien de revendiquer l’abolition de la misère, plutôt que de l’accompagner Maintenir les pauvres dans leur sort par une charité institutionnalisée via le RSA, le RMI ou les diverses aides sociales, permet de passer sous silence les véritables flots d’argent que l’on distribue aux plus riches : le paquet fiscal ou les remboursements d’impôts n’en sont qu’une partie ! Et ce sont les contribuables qui payent l’addition !

La redistribution ne doit pas se faire sous forme de charité spectacle ou charité business, la redistribution doit se faire par un partage équitable des richesses. De l’argent il y en a, il y en a même beaucoup, et en allant le prendre là où il se trouve on pourra sans difficulté subvenir aux besoins de l’ensemble de la population. Ce n’est pas un choix économique, c’est seulement un choix politique !

Retrouvez d’autre dates historiques sur :

http://2ccr.wordpress.com/category/cetait-le/

Messages

  • "Au lieu de cela, les lois sociales ont fourni à l’intrigue, à l’astuce et à la souplesse les moyens de s’emparer adroitement des propriétés communes... Mais ce n’est point là où s’est borné le mal, ces travaux sont devenus enfin une ressource absolument insuffisante pour chaque individu tout ayant concouru à ce que les petites fortunes s’engouffrent dans les grandes. Non seulement il en est résulté que les salaires ont pu être diminué de plus belle, mais qu’une très grande quantité de citoyens s’est vue dans l’impossibilité de trouver à s’occuper, même moyennant la faible rétribution fixée par la tyrannique et impitoyable opulence."

    Gracchus Babeuf

  • C’est pourquoi distribuer de l’aide sans expliquer aux individus les raisons de leur situation ne sert à rien.

    un peu rapide non ?
    Et un peu de méconnaissance de l’engagement militant explique certainement cette phrase choquante :

    Pire, cela conforte le système, car ils pensent que c’est grâce au système qu’ils reçoivent de l’aide.

    Citer l’évêque brésilien CAMARA est une bonne chose, encore faut il donner l’exacte citation

    « Je nourris un pauvre et l’on me dit que je suis un saint. Je demande pourquoi le pauvre n’a pas de quoi se nourrir et l’on me traite de communiste. »

    Un vécu :
    Dans ma boite,avec la CGT -et en ralliant la CFDT majoritaire. ;- nous avions décidé que chaque jour, en lien avec le Secours populaire, nous accueillerions 10 de ces pauvres au restaurant d’entreprise

    C’est la solidarité du coeur : qu’on dise qu’elle "ne sert à rien" me dérange..

    Parce que j’ai vécu cette expérience qui vaut cinquante discours sur les"injustices".., parce que je fréquente des femmes et des hommes qui cachent leur pauvreté, qui sautent plus d’un repas pour que leurs gosses se nourrissent..

    Notre solidarité était elle contradictoire avec le faitque dans ce restau, bravant les Directions, la cellule du PCF distribuait ses tracts , vendait l’Huma etc etc ?

    Cett façon de dire que " secourir le pauvre" sans lui donnerdes arguments de classe ; cela ne "sert à rien" , c’est stigmatiser l’organisation caritative et culpabiliser le "pauvre"..

    Qui ne serait qu’un assisté..même pas capable , me dit on, de ne plus voter !

     :)
    Comme moi d’ailleurs, moins pauvre que des plus pauvres !!
    - Surtout quand certains qui clament"L’humain d’abord" passent le plus clair(?)de leur temps a me gonfler avec la Révolution fiscale et citoyenne, en cherchant comment s’attabler dans les "RESTOS ROSES" des municipalités, départements , régions...Tous complices des pacsés Hollande-Gattaz tous responsables de cette désertion des urnes et/oudes choix de bulletins qui puent la "Marine"..

    Puisqu’on parle de l’Abbé PIERRE, et donc d’un religieux qui tenta , avec ses armes(il n’était pas communiste..mais certainement plus proche de"nous" que certains bouffeurs de curés socialistes), redonnons la parole à Mgr CAMARA

    « Il y a trois sortes de violence.
     La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
     La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

     La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

    Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître,

    Parenthèse :

    Cette approche explique pourquoi , selon moi, l’EGLISE, qui condamna les prêtres ouvriers, aie choisi, en 2013 un FRANCOIS...silencieux durant la dictature argentine en 2014..mais se soit bien gardé fin 78 de préférer CAMARA aux deux Jean Paul élus cette année là...!

    Un aveu : je n’ ai pas toujours "parlé " ainsi :

    J’ai même eu des hésitations de"choix" quand, dans le PARTI, est venu en discussion interne la façon dont"nous" devions nous positionner dans les municipalités à direction communiste, par rapport à Coluche...

    conclusion :

    Tout ce qui apparaitrait comme"condescendance" , dédain, vis à vis de milliers (de personnes(dont beaucoup de jeunes) qui se dévouent pour"soulager la misère" serait un drôle de handicap si l’on veut "fortifier" leur dévouement, leur humanisme, de nos idées et propositions révolutionnaires.

    Pour gagner aussi ceux qu’on secourt, à l’idée qu’il leur faut lutter avec nous.

    Selon moi

    A.C