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Le Communisme Libertaire
La lutte des classes à laquelle nous nous référons, loin d’être revendiquée, voire utilisée à des fins politiques, étatiques ou tout simplement partisane, ne peut s’envisager sous l’angle de l’instauration d’une quelconque dictature. Il ne s’agit pas plus de remplacer par ce biais, un gouvernement par un autre, mais il s’agit pour nous de contribuer à la création d’un cadre militant et social en vue de l’abolition de TOUS les privilèges : exploitations, classes etc., en luttant pour l’avènement de la société sans classes, sans pouvoir, vers la société anarchiste... Pour la grande majorité des individus, le mot « communisme » est totalement déprécié, discrédité, chargé d’odieuses réminiscences, il n’en demeure pas moins qu’il qualifie toujours au plus prés notre conception juridique des droits de l’individu dans la société. Pour nous la société qui écrase l’individu, doit être combattue. Comme, au point de vue économique, chaque individu devra bénéficier autant que l’ensemble, des biens dont disposera la collectivité, les anarchistes considèrent le communisme libertaire comme le moyen et le principe les plus sûrs pour atteindre ce but.
C’est précisément parce que nous sommes anarchistes, que nous sommes communistes. Loin de s’opposer, les deux notions se complètent. L’organisation sociale future s’articulera tout naturellement autour de la propriété commune des moyens de production et l’utilisation commune des produits du travail collectif. Le projet politique anarchiste se traduit par la fédération des unions libres des communes indépendantes et des associations de producteurs.
Comme l’écrit E. Malatesta, « Le vrai communisme n’est possible que dans l’anarchie. Le communisme est un idéal, il deviendra un régime, un mode de vie sociale dans lequel la production est organisée dans l’intérêt de tous, dans la manière d’utiliser au mieux le travail humain pour donner à tous le maximum de bien-être et liberté possible et dans lequel tous les rapports Sociaux sont conçus en vue de garantir à chacun le maximum de satisfaction de développement possible matériel, moral et intellectuel. Mais une société communiste n’est possible que dans la mesure ou elle surgit spontanément du libre accord et par la volonté variable déterminée par les circonstances extérieures et les désirs de chacun. » (« ancora su communismo ed anarchia » in Humanita Nova - Milan, 5 septembre 1920)
C’est donc par la résolution communiste du problème économique - c’est à dire par la suppression simultanée de l’exploitation et de l’aliénation - que l’on rend possible la coincidence parfaite des fins particulières de l’individu et des fins génrales de la collectivité. Il est possible d’affirmer que cette organisation communiste de l’économie n’est possible que dans l’Anarchie, de même qu’il est loisible de penser que l’avènement total de l’anarchie n’est possible que sur une base économique communiste. Dans un régime autoritaire, régime d‘économie dirigée en l’absence des libertés, une classe ou une caste dirigeante se reconstitue fatalement avec ses privilèges et avec l’oppression comme conséquence. Il n’est donc pas juste ni pertinent de confondre l’émancipation du prolétariat avec l’avènement des regimes autoritaires. Quelle que soit leur origine ! Comme le souligne R. Rocker, « le rôle du socialisme consiste à faire disparaître le pouvoir dans la vie sociale et non à le conquérir, s’il ne veut pas s’anéantir »... Pour autant, la transformation du régime de propriété n’est pas suffisante pour définir tout le concept anarchiste de Révolution. Cette transformation de l’infrastructure est une condition nécessaire, sine qua non, de la transformation éthique, morale, culturelle de ce qu’implique, pour un(e) anarchiste, l’idée de la Révolution totale, mais elle peut n’être pas suffisante.
Le marxisme a posé comme postulat, qu’à partir de la révolution économique tout devait s’enchaîner nécessairement. L’anarchisme, en revanche, prétend que c’est seulement par l’abolition de l’Etat, par la conquête de la liberté entière de l’individu, par la libre entente, l’association et la fédération totalement libres, que nous parviendrons au communisme libre, à la possession commune de tout l’héritage social et à la production et au partage, en commun, de toutes les richesses... Il est aisé de constater que la référence au Communisme libertaire incluse dans nos principes, ne recouvre pas une forme exclusive de regroupement militant, un choix tendanciel excluant toute autre conception, toute autre approche libertaire de la lutte sociale organisée. Cette référence se veut, en revanche, la définition la plus précise du type de société auquel nous aspirons et pour lequel nous luttons.