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Le Louvre fait sa com’ en pratiquant l’intox’

Publie le lundi 6 décembre 2004 par Open-Publishing
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Décryptage d’une dépêche AFP
ou pourquoi le communiqué du Louvre n’évoque-t-il pas les 130 000 salariés de TOTAL.

PARIS, 3 déc 2004 (AFP)
Gratuité : le Louvre veut mettre les points sur les "i"

 Le Louvre, confronté au mécontentement d’un certain nombre d’artistes après la suppression de l’accès gratuit au musée, a fait une mise au point vendredi sur sa politique de gratuité envers "les publics prioritaires, ceux qui sont plus fragiles socialement".

Notre commentaire : Les âmes sensibles sont invitées à ne pas lire ce qui va suivre, c’est trop poignant.

 Interrogé par l’AFP, l’Etablissement public précise dans un communiqué que "plus de deux millions de visiteurs auront ainsi été exonérés en 2004 sur les six millions accueillis (contre 1,9 millions en 2003)".

Notre commentaire : Comment ils savent ça ? Vous avez déjà fait l’objet d’un décompte à l’entrée du Louvre ? Nous ? Jamais. L’hôtesse, charmante, jette un oeil sur notre carte Maison des Artistes et vous passez.

 La suppression, début septembre, de la traditionnelle gratuité aux adhérents de la Maison des artistes a suscité un mécontentement dans le milieu, suivi d’une pétition sur le web et de plusieurs articles. Les enseignants avaient eux aussi protesté contre la suppression de l’accès gratuit au Louvre, remplacé par une gratuité conditionnelle. Dans un communiqué, mercredi, Anne Hidalgo, Secrétaire nationale à la culture et aux médias au parti socialiste, s’est dite "inquiète de cette dérive qui rompt avec la politique en faveur des publics menée par le musée dans le cadre de sa mission de service public".

Notre commentaire : Attention, c’est maintenant que ça devient poignant...

 Le Louvre rappelle qu’il a résolument réorienté sa politique en 2003 vers les publics considérés comme prioritaires : "ceux qui sont plus fragiles socialement, qui n’ont pas accès à la culture ou ceux pour lesquels les tarifs peuvent constituer une barrière véritable".

Notre commentaire : Il faut tout de même rappeler - puisque le communiqué ne le fait pas - qu’en février 2004, le droit d’entrée a augmenté de 13%, passant de 7,5 à 8,5 euros. Est également payant au Louvre la réservation (30 euros), en sus du prix d’entrée, pour une visite en groupe sans conférencier du musée, ce qui, dans ce cas, coûte bien plus cher (100 euros), contrairement à la majorité des musées nationaux qui proposent ce service gratuitement. Les familles ne sont pas mieux loties car le Louvre n’accorde aucune réduction aux titulaires de la carte famille nombreuse contrairement encore une fois à la majorité des musées nationaux.

 "Les catégories sociales défavorisées (chômeurs, RMIstes, bénéficiaires de l’aide sociale...) en bénéficient naturellement, ainsi que les personnes handicapées et leurs accompagnateurs. La gratuité est également appliquée aux enfants et jeunes de moins de 18 ans y compris pour les expositions temporaires".

Notre commentaire : Les bénéficiaires de la gratuité cités ici l’ont toujours été.
Il n’y a rien de nouveau si ce n’est peut-être la gratuité pour les moins de 18 ans aux expositions temporaires et encore, c’est même pas sûr.

 "Outre la traditionnelle gratuité du premier dimanche du mois, le Louvre a également étendu la gratuité à tous les jeunes de moins de 26 ans pour les nocturnes du vendredi, poursuit le communiqué.

Notre commentaire : A notre connaissance, c’est la seule nouveauté, une soirée par semaine, ça fait maigre comme politique sociale tarifaire. A préciser quant au public converné : les jeunes de moins de 26 ans et de plus de 18 ans puisque les moins de 18 ans ont déjà la gratuité acquise, ça restreint encore plus la grande mansuétude du Louvre. Enfin curieux choix que le dernier jour de la semaine où, à priori, les jeunes vont plutôt dans les bars, les fêtes ou les boîtes.

 Les étudiants en Arts, toutes disciplines confondues, bénéficient aussi de la gratuité d’entrée aux collections permanentes du musée".

Notre commentaire : Le communiqué du Louvre omet de préciser deux choses importantes :

1. la suppresion de la gratuité pour les étudiants en Arts de l’étranger qui bénéficiaient avant le 1er septembre de la gratuité sur la simple présentation de leur carte d’étudiant comme c’est toujours le cas dans tous les musées nationaux. Un vague parfum de préférence nationale...

2. dans la nouvelle grille tarifaire, les étudiants des écoles d’art en France de plus de 26 ans ne bénéficient pas de la gratuité accordé aux mêmes de moins de 26 ans ! Mesquin, non ?

 Le musée souligne que "cette politique n’est pas sans résultat, puisque au Louvre, la part du public jeune a fortement augmenté : elle représente aujourd’hui environ 46% de la fréquentation.

 "Pour les artistes -il s’agit en fait des adhérents à la Maison des artistes- n’entrant pas dans les catégories précitées (faibles revenus, jeunes...), ils bénéficient désormais d’une carte d’adhésion à tarif réduit (30 € par an)".

Notre commentaire : Deux lignes pour évacuer la question des artistes, qui a obligé le Louvre a sortir de son silence. Rien sur la symbolique d’exclure les artistes de l’accès libre au Musée d’art par excellence de France. Rien non plus sur le lien qui a toujours uni les artistes et ce musée. Si ça, c’est pas du mépris ! Enfin, et certainement le plus grotesque, pour le Louvre un artiste ne peut être ni jeune, ni pauvre ! En auraient donc été exclus, en leur temps, nombre d’artistes, de Van Gogh à Utrillo en passant par Picasso jeune, crevant la dalle au Bateau Lavoir.

 Quant aux enseignants, la gratuité est devenue "incitative". "Elle est acquise pour un an renouvelable dès lors qu’ils planifie la visite d’une classe au musée du Louvre".

Notre commentaire : A peine une ligne pour les enseignants. Au-delà du mépris pour leur mission d’éducation et d’éveil à la culture de leurs élèves.

 Enfin, le musée rappelle que l’installation annoncée lundi par le Premier ministre d’une antenne du Louvre à Lens (Pas-de-Calais), territoire fortement marqué par la crise économique et sociale, témoigne également de la volonté d’ouvrir résolument le Louvre à de nouveaux publics, ceux dont le capital social ou culturel est le moins favorisé et qui sont la véritable priorité du musée".

Notre commentaire : Argument démagogique qui fait passer les gens du Nord pour des sous-développés et des crétins. Ils apprécieront.

En conclusion, rien de bien nouveau dans cette prétendue politique tarifaire en direction des publics dits défavorisés, du vent, rien que du vent pour éviter de répondre aux vraies questions.

La vérité ? La suppression de la gratuité pour ces différentes populations est le signe que le Louvre tourne résoluement le dos à sa mission de service public pour foncer droit dans l’ère de la marchandisation et de la privatisation.

La communication extérieure adoptée par le Louvre en est une preuve flagrante.

A ce sujet, nous n’aurons qu’une seule question pour le service com’ du Louvre : les heureux 130 000 salariés de l’entreprise privée TOTAL qui vont bénéficier de la gratuité pendant 10 ans au Musée du Louvre parce que leur entreprise a fait oeuvre de mécénat à hauteur de 4,5 millions d’euros font-ils partie des populations à faible "capital social ou culturel" ?

En tous les cas, le communiqué du Louvre n’en parle pas. Fâcheux oubli.

http://louvrepourtous.site.voila.fr/
Pétition, modèle de lettre de protestation, réactions, infos, articles...

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