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Le NPA et les listes unitaires eux européennes

Publie le samedi 7 février 2009 par Open-Publishing
7 commentaires

AU SUJET DES ELECTIONS EUROPEENNES

On doit se prononcer sur des listes unitaires aux élections européennes. La première question à se poser n’est pas « avec qui ? », mais « pour qui » ferait-on ces listes ? Ce n’est pas pour le NPA, pour nos militants, ou pour le PG ou le PCF ou leurs militants, mais pour les millions de gens qui souffrent qui sont descendus dans la rue le 29 janvier, et pour les millions qui auraient voulu y descendre mais qui n’ont pas osé parce que leur patron les aurait harcelés, virés, mais qui ressentent tout autant cette colère. C’est pour eux que nous devrions construire ces listes unitaires. Et dans cette optique, nous avons une réelle fenêtre de tir, un boulevard laissé d’une part par la droite capitaliste car elle fait la preuve que ses propositions de milliards donnés aux banques et de bouclier fiscal ne résolvent rien, et d’autre part par le PS social-libéral qui, par sa division lors de son congrès, a montré qu’il n’était pas à même d’embrasser l’aspiration populaire et de lui donner un vrai débouché de rupture avec le capitalisme. Il faut tout mettre en œuvre pour faire en sorte de dépasser les sociaux-libéraux, dans la rue c’est déjà fait, mais aussi dans les urnes, pour donner un débouché politique, une visibilité à cette aspiration populaire qui est immense et qui se sentirait frustrée de ne pas avoir ce débouché-là.

On entend plusieurs arguments allant à l’encontre de telles listes unitaires :

• Un de ces arguments est que dépasser le PS dans les urnes serait illusoire, en vertu d’on ne sait quels sondages ou d’on ne sait quel déterminisme. Cette vision est celle de gens qui partent battus d’avance. Pourquoi partir battus d’avance ? Pourquoi ne pas avoir un peu de confiance en soi, un peu d’optimisme ? La gauche de transformation sociale et de rupture avec le capitalisme qui passe devant la gauche sociale-libérale en termes de voix, et donc d’appui populaire et d’audience dans la classe ouvrière, ça se produit déjà ! Ca existe déjà à Chypre, c’est en train de se produire en Islande, au Danemark, aux Pays-Bas, pourquoi pas en France ? Pourquoi serait-ce impossible en France ? Pourquoi la France ferait-elle exception ?

• Un autre argument, peut-être le plus courant, est celui de dire que de toutes façons, on sait déjà que le PG et le PCF iront en 2010 quémander quelques places aux régionales au PS. Comment peut-on le savoir ? Avec une boule de cristal ? Par notre expérience ? Mais la vie ne nous apporte-t-elle pas à chaque instant des surprises, de nouvelles expériences ? Peut-on vraiment savoir ce qui va se passer en 2010, en 2011, en 2012 ? Moi, je ne sais pas, je ne peux pas dire que je sais ce qui va se passer en 2010.

Maintenant, ce qu’on peut dire, c’est qu’une telle situation risque de se produire. Et quand il y a un risque, il faut le prévenir pour l’éviter. Pour éviter ce risque, que faire ? N’a-t-on pas suffisamment confiance en nous-mêmes pour appliquer la stratégie, pourtant trotskyste, du front unique qui consiste à proposer des cadres communs d’action dans les luttes et dans les urnes aux organisations qui tendent vers le réformisme, et dans ces cadres communs, à les travailler au corps, au jour le jour, par des actions communes sur le terrain, des tracts communs, des réunions communes, en un mot un travail politique commun de tous les instants sur la durée, et à faire en sorte que le fruit de ces actions communes soit qu’ils finissent par adopter nos thèses sur l’anticapitalisme et sur le rejet du réformisme ? N’a-t-on pas suffisamment confiance en nous-mêmes pour penser qu’à notre contact les militants des autres organisations, pendant cette campagne des européennes et après cette campagne dès le lendemain des élections, finiront par penser qu’il est possible de faire de la politique et d’avoir des résultats autrement qu’en étant sous domination sociale-libérale ?

Ne pensez-vous pas que les gens qui soutiennent ces organisations ne votent pour elles que par défaut d’avoir un autre débouché qui soit vraiment de gauche et qui ne soit pas soumis au social-libéralisme ? Ne pensez-vous pas que les communistes constituent des listes avec le PS que par dépit, en voulant représenter absolument l’idée communiste dans les institutions mais en ne pouvant le faire qu’en étant sous la houlette du PS ? Ne pensez-vous pas que s’ils s’apercevaient à notre contact que, par une bonne campagne, un grand élan populaire peut donner un bon score à une telle initiative, il se diraient à ce constat qu’il est possible d’avoir une action dans les institutions en parallèle de l’action dans les luttes sur des vraies bases de gauche et pas sur celles du social-libéralisme ?

Pourquoi ne pas envisager, après une telle campagne commune de tous les instants, de continuer cette action par des mobilisations et des actions communes en juillet, en août, en septembre, à la rentrée, et que par cette unité d’action de tous les instants, ils n’aient plus d’autre choix, vis-à-vis de leur base qui aura fait cette unité sur le terrain, que de se présenter de nouveau ensemble avec nous en 2010 ? On contribuerait ainsi ensemble, en ayant cette cohérence sur la durée, à discréditer le social-libéralisme, puisque celui-ci, voulant être réformiste de gauche mais en accompagnant le capitalisme, ne manquera sans doute pas de renforcer ses propres contradictions.

A partir de là, la question de la participation à des exécutifs avec le PS se posera en d’autres termes : si nous sommes devant lui en score électoral, donc en soutien populaire, nous aurons alors toute légitimité pour lui imposer des conditions, un programme, des mesures d’urgence qu’il devra accepter sous peine de se voir dénoncé devant les travailleurs comme celui qui n’a pas permis que la gauche et que l’aspiration populaire se traduise dans les institutions, donc dans leur vie de tous les jours. Deviendraient alors possibles des majorités de gauche, avec une gauche radicale anticapitaliste en tête qui dicterait ses propositions, et une gauche d’accompagnement sociale-libérale qui elle-même par la suite, à notre contact, pourra être attirée par la rupture avec le capitalisme, c’est là tout l’intérêt de la stratégie du front unique, ne l’oublions pas.

• On entend aussi souvent qu’on ne voudrait pas se contenter de faire un « bon coup » aux européennes sans que ce soit suivi d’effets. Bien sûr. Mais déjà, faire un « bon coup » aux européennes, serait-ce totalement une honte ? Faire un bon score pour traduire l’élan populaire et asseoir sa réalité, et éventuellement avoir des eurodéputés qui, même dans un parlement bourgeois et réactionnaire, Lénine nous l’enseignait déjà en 1920, seraient un relais et une excellente démonstration de la nécessité de démanteler cette institution bourgeoise, serait-ce honteux ? Bien sûr qu’après ce bon coup il faudrait une suite, une vraie unité d’action dans la durée, mais ça ce sera à nous de la construire après avoir fait ce premier pas dans l’unité.

• Enfin, une dernière critique que l’on entend, c’est qu’une telle alliance se ferait sur des bases a minima, c’est-à-dire pas sur les bases exactes du programme du NPA. Et alors ? Bien entendu, puisque c’est un accord électoral de plusieurs partis qui n’ont pas exactement le même programme, mais il doit être possible de s’entendre sur l’essentiel, notamment sur l’Europe où l’unité d’action s’est déjà pratiquée avec succès. Pour les millions de gens qui souffrent et qui ne voient pas fondamentalement la différence programmatique entre les différents partis qui constitueraient cette alliance, ce serait un comble que de se présenter devant eux en rangs dispersés alors qu’on appelait ensemble à la journée du 29 janvier et qu’on y battait le pavé ensemble, et cela pourrait être ressenti comme une trahison pour certains qui, par dépit, se retourneraient vers les réformistes sociaux-libéraux. C’est pourquoi il faut accepter de faire des compromis.

Ainsi, aux gauchistes allemands qui préconisaient de « repousser de la façon la plus résolue tout compromis avec les autres partis, toute politique de louvoiement et d’entente », Lénine répondait, dans « la maladie infantile du communisme : le gauchisme », que « toute l’histoire du bolchévisme, avant et après la Révolution d’Octobre, abonde en exemples de louvoiements, d’ententes et de compromis avec les autres partis, y compris les partis bourgeois ; que lutter pour le renversement de la bourgeoisie internationale, et renoncer d’avance à louvoyer, à exploiter les contradictions d’intérêts (fussent-elles momentanées) qui divisent nos ennemis, à passer des accords et des compromis avec des alliés éventuels (fussent-ils temporaires, peu sûrs, chancelants, conditionnels), n’est-ce pas d’un ridicule achevé ? »

Face à certains qui en son sein font aujourd’hui de semblables préconisations, le NPA fera-t-il le choix du gauchisme, ou au contraire tiendra-t-il parole lorsqu’il proclame tirer le meilleur des traditions dont il hérite, au nombre desquelles se trouvent le léninisme et le trotskysme ?

C’est à nous d’en décider.

Messages

  • tous ces unitaires qui croient le PC ou le PG sincères lorsqu’ils réclament l’unité à tout va imaginent-ils un seul instant :
    Le Pc avec 6 à 8 % de pronostic aux européennens serai-t-il aussi prompt à l’unité.
    N’entendrait-on pas le discours du PC y allant seul pour peser sur le PS et se positionner pour les régionales pour y négocier des places sur les listes.
    Alors s’il vous plâit, unité oui, sur une base politique durable de positionnement définitif pour une marche de la gauche de la gauche vers une transformation durable de la société et l’abolition de l’explotation....
    Pas pour négocier avec les réformistes qui ne cherchent que le pouvoir pour en faire ce qu’on a déjà vécu !
    Le NPA sectaire ? non ces militants ont le mérite d’avoir une démarche claire ! arrêtez de leur demander de se renier au nom de l’unité ...des places....
    Donner autant d’importance aux européennes alors que des milliers de gens
    luttent pour leur survie, c’est ne pas être au coeur de la vraie politique.
    aux luttes camarades ! et pas aux urnes ....

    • alors que des milliers de gens luttent pour leur survie, c’est ne pas être au coeur de la vraie politique. aux luttes camarades ! et pas aux urnes ....

      C’est vrai et formidable, mais j’ai cru comprendre aussi qu’ils aspirent à vivre mieux et ne plus subir.
      Donc contrecarrer la politique libérale européenne.
      Donc avoir aussi des porte parole dans les assemblées qui luttent avec eux.
      Donc les urnes aussi : au fait si ce ne sont pas les urnes, le pouvoir est au bout de quoi ?

  • Bonjour,
    L’auteur de l’article explique "Moi, je ne sais pas, je ne peux pas dire que je sais ce qui va se passer en 2010".... et de conclure à la nécessaire unité. Déjà, faire l’unité ne veut pas dire obligatoirement un bon score électoral : voir l’exemple de l’accord LO-LCR il y a quelques années avec un potentiel en étant séparé de 10 %, résultat 5 ou 6 %. Attention aux simplifications de bon sens.
    D’autre part, le fond de l’affaire est autre. Le rôle d’un militant est de prévoir, d’estimer les probabilités d’évolution des uns et des autres, d’avoir conscience des rapports de forces, etc... qui peut croire que le PCF, par exemple, change de ligne politique et ses alliances électorales avec le PS ?
    Moi, je regarde les expériences passées, actuelles et les probables trajectoires politiques.... et surtout les luttes, la conscience des salariés,...
    Un souvenir de quelques mois, la trajectoire de Bové...et pourtant.
    Après, je choisis .
    Daniel Dauphiné.

  • Le NPA ne refuse pas l’unité, pas plus que le PG ou le PCF : il suffit que PCF et PG disent clairement qu’un programme anticapitaliste n’est pas compatible avec celui du PS, et l’unité est réalisable très vite !

    Ce que demande en fait PCF et PG au NPA, c’est de renier ce qu’il pense et de se rallier à leur stratégie d’alliance avec le PS (avec l’espoir, illusoire selon moi, de tirer le PS à gauche grâce au rapport de force).

    Si les 2 stratégies en présence sont incompatibles, alors il est tout à fait légitime qu’il y ait 2 listes, que ces 2 options soient proposées au débat. Les électeurs pourront ainsi se prononcer. Au nom de quoi le NPA devrait-il sacrifier ses options ?!

    Chico

  • Veulent-ils vraiment rompre avec le PS, ou surfent-ils sur la popularité de la gauche de la gauche incarnée par O Besancenot et le NPA pour mieux la détourner ?
    Là est la question, et le débat sur le front de gauche doit être pour nous l’occasion de clarifier ces questions, et de porter avec ces camarades le débat sur l’indépendance vis à vis du PS et la création d’une alternative durable au social libéralisme.
    Ni sectarisme, ni angélisme, si le PG veut faire un coup politique ponctuel et retourner dans le giron du PS une fois les élections passées, ce sera sans nous !
    Mais s’ils sont sincères et se montrent disposés à travailler avec nous à la construction d’une gauche anticapitaliste, lutte de classes et indépendante, ce sera avec nous, dans la joie et l’enthousiasme !

  • Quant à l’argumentation qui consiste à dire, in fine : "Unité oui, quand vous serez sur nos positions",

    Mais c’est exactement ce que disent PCF et PG ! Pourquoi l’unité devrait se faire sur la position du PG (qui revendique son réformisme) et pas celle du NPA ?

    Pourquoi ce serait toujours aux plus radicaux de se ranger à la stratégie des plus modérés ? On a vu où ça mène ! (cf PS/PCF depuis les années 80)

    Pourquoi une partie des électeurs ne pourraient-ils pas avoir la possibilité de voter pour leurs idées : un anticapitalisme qui se veut conséquent en excluant une alliance avec un PS social-libéral ?

    Moi j’ai envie que cette campagne, en particulier dans ce contexte de crise, serve à diffuser l’idée que le système capitaliste est à renverser et que ce ne sont pas les urnes et les institutions qui suffiront à le faire. Que d’autres n’aient pas la même vision, ok, qu’ils se présentent et défendent leur stratégie, mais sans tenter de neutraliser ceux qui ne voient pas les choses comme eux.

    Chico

    PS : depuis la naissance du PG, on ne parle quasiment plus que d’élections...

  • Les unitaristes de façade qui font toujours partie, dans certaines régions et villes, d’alliances réelles, et actuelles , d’alliances politiques avec le PS , sur des politiques de droites, privatisatrices, et limites maffieuses, n’aident pas , mais alors pas du tout à l’unité nécessaire à gauche contre la bourgeoisie (PS compris, sauf rares exceptions à noter quand même) , en soutien aux luttes sociales.

    Le NPA a mis beaucoup d’eau dans son vin, s’est battu pour l’unité en soutien aux luttes sociales, dernièrement encore, deux fois , un arc de forces politiques en soutien à ces mouvements de résistance au capitalisme s’est fait à l’initiative du NPA.
    Ces contenus de ces plate-formes d’engagement n’étaient pas ce qu’aurait souhaité le NPA mais permettait de soutenir le mouvement social, le renforcer, lui donner des raisons supplémentaires de se battre.

    La question n’est donc pas du tout une question de sectarisme, la preuves est faite puisque le NPA était à l’initiative des deux appels. Mais une question de divergences politiques , d’alliance, de contenus et de pratiques concrètes.

    Le NPA ne demande pas aux autres d’être révolutionnaire mais d’assurer le service politique minimum qui veuille qu’on ne se commette pas dans des pratiques pro-capitalistes comme cela se fait encore, cela s’est fait.

    Arrêtez de demander aux autres, au NPA, de se renier !

    Faites un effort !

    Il y a des alliances actuelles et concrètes, politiques (discipline politique) qu’il s’agit de rompre.

    Alors, la question de la suspicion ....

    Mais elle est normale ! une partie de ceux qui ont influence significative dans le PdG ont eu des politiques au concret social-libérales, le PCF , pour sa majorité du moins a eu des politiqeus douteuses et pro-libérales jusqu’en 2002, cela ne remonte quand même pas à la nuit des temps !

    Dans le sillage des présidentielles, dans les municipales, les cantonales, on a vu des choses incroyables, non admissibles (d’ailleurs beaucoup de communistes ne les ont pas acceptées) et toujours non admissibles.

    Il est normal que quand un phénomène a eu lieu, qu’il continue de se reproduire, on s’interroge !

    Comprenez-vous cela ?

    Comprenez-vous que ce n’est pas le NPA là qui s’interroge ? Mais une large partie des travailleurs et du peuple !

    Le NPA là n’étant que le livreur de cette préoccupation, heu, pardon, le facteur amenant la lettre recommandée à la gauche tiède...

    Je pense que cette unité est à portée de main, mais il faut que PdG et PCF fassent un effort minimal et que cessent les faux procès visant à traiter de sectaires les autres à partir du moment où ils ne rejoignent pas son programme.

    Et n’essayez pas de faire croire autre chose sur des Européennes : Avoir quelques élus, au travers d’un processus anti-démocratique, dans un parlement sans pouvoir n’est pas et ne peut être un objectif important.

    L’enjeu de ces élections est donc tout autre, une démonstration de force sur un contenu politique clair, des engagements clairs non contre-dit par les faits, en engagement à se servir de ces élections pour renforcer un processus qui est en dehors du cadre électoral : la mobilisation populaire contre Sarko et ses amis bourgeois.

    Et pas une magouille électoraliste momentanée , déchirée le lendemain.

    Oui à l’unité !