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Le SpiiL : moderne ou réac ?
par Le SNJ
Publie le vendredi 15 novembre 2013 par Le SNJ - Open-PublishingQui pouvait s’attendre à voir le petit dernier des syndicats patronaux de la presse rejoindre, par des propositions réactionnaires et liberticides, les positions patronales les plus rétrogrades ? Avec la publication il y a un an de son "manifeste", le Syndicat de la Presse d’Information Indépendante en ligne (SpiiL) se posait en agitateur de l’espace public.
Un an plus tard, alors que le SpiiL organise ce vendredi sa quatrième journée de la presse en ligne, qu’en est-il de cette posture ? Le syndicat patronal, qui mène une campagne acharnée pour que les pure-players bénéficient des avantages de la presse "traditionnelle", ne semble pas vouloir en assumer les contreparties, c’est-à-dire s’inscrire dans les acquis de la profession. Il faudrait assouplir les critères d’attribution de la carte de presse, et dans le même temps, mettre à bas la convention collective ! Les discussions informelles engagées entre le SNJ et le SpiiL, pour la création d’une grille de rémunération et de qualifications spécifique à la presse en ligne, et l’établissement d’un barème de piges, qui semblaient des objectifs atteignables à moyen terme, ne semblent plus d’actualité.
Si ce n’est un jusqu’au-boutisme d’un autre âge, que reste-t-il des propositions du SpiiL, concernant les rapports employeurs/journalistes ? Toutes proportions gardées, pour les journalistes, ces projets rappellent la déclaration liberticide de Denis Kessler appelant à jeter à bas les principes humanistes du Conseil National de la Résistance (CNR). Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, dénonce cette volonté de détruire le statut conventionnel et fiscal des journalistes.
Derrière un vernis de modernité qui n’abuse plus personne, le SpiiL ne vise rien moins que la disparition de la Convention Collective qui régit les rapports professionnels des journalistes avec leurs employeurs depuis plus de cinquante ans. Le SpiiL entend prouver que, bien que "légitime" (c’est encore heureux !), cette convention collective servirait à conforter les positions de "professionnels bien installés au détriment du recrutement et de la formation de jeunes journalistes, plus familiers des nouvelles technologies" (sic). C’est indigne de vouloir dresser des générations les unes contre les autres pour mieux duper les plus jeunes. C’est honteux de chercher à opposer entre eux des consœurs et confrères au motif qu’ils/elles travailleraient dans des formes de presse différentes.
Et ce n’est pas tout ! Les employeurs du SpiiL, pas gênés d’empocher l’argent public des aides à la presse, et qui revendiquent légitimement le même taux de TVA que leurs congénères patrons des autres formes de presse, entendent même faire supprimer l’allocation pour frais d’emploi des journalistes, disposition fiscale qui permet aux journalistes de défalquer annuellement 7650 euros de leurs revenus. Cette somme forfaitaire, qui n’a pas augmenté depuis 40 ans, est une bouffée d’air vitale pour tous les précaires, les jeunes journalistes entrant dans la profession, et les très nombreux confrères travaillant dans des formes de presse où les revenus sont très bas. Et la presse en ligne en fait partie !
Le SNJ invite vivement les employeurs de la presse en ligne à ne pas tourner le dos à la profession.