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Le chômage en hausse de 0,5 % au mois d’août

Publie le jeudi 30 septembre 2004 par Open-Publishing

Cette augmentation, associée à une croissance de 0,7 % du PIB et à une progression du moral des ménages, sème le doute chez les économistes qui s’interrogent sur la cohérence des chiffres et sur la fiabilité d’une perspective de croissance de 2,5 % pour cette année.

Le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 0,5 % au mois d’août en France, soit un gain de 12 000 personnes pour un total de 2 453 100, selon les données corrigées des variations saisonnières publiées, jeudi 30 septembre, par le ministère du travail.

Le taux de chômage au sens du BIT (Bureau international du travail) a grimpé de 0,1 % à 9,9 %.

Sur un an, le nombre des demandeurs d’emploi a augmenté de 2,2 % (1,8 % pour les hommes et 2,6 % pour les femmes). Toujours au sens du BIT, le nombre de chômeurs a augmenté sur un mois de 1,2 % en août à 2 707 000 personnes. En juillet, le chômage avait baissé de 0,5 %. Les chiffres sont calculés sur les chômeurs de catégorie 1, c’est-à-dire ceux inscrits à l’ANPE, déclarant être à la recherche d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée, qui n’ont pas exercé plus de 78 heures d’activité occasionnelle dans le mois.

Après une hausse de 0,8 % au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) français a augmenté, pour sa part, de 0,7 % au deuxième trimestre, a indiqué jeudi l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans ses résultats détaillés, révisant ainsi en légère baisse sa précédente estimation qui était de + 0,8 %.

Dans sa précédente estimation, l’Insee avait été un peu trop optimiste sur les dépenses de consommation des ménages, qui ont augmenté de 0,6 % et non de 0,7 %, et sur l’investissement, qui a progressé de 1,6 % et non de 1,8 %, l’ensemble de ses composantes (entreprises, ménages, administrations publiques) ayant été légèrement surévalué auparavant.

Au total, les contributions à la croissance du deuxième trimestre du commerce extérieur et des stocks restent inchangées à respectivement - 0,8 point et + 0,6 point. Celle de la demande intérieure hors stocks est de 0,9 point, au lieu d’un point évalué précédemment.

UN MORAL EN HAUSSE

Quant au moral des ménages français corrigé des variations saisonnières, il a connu une nette progression en septembre, passant de - 23 en juillet, son niveau depuis le mois de mai, à - 17, a indiqué l’institut.

Parmi les éléments composant l’indicateur, les ménages apparaissent beaucoup plus optimistes sur le niveau de vie en France, aussi bien pour le passé récent que pour le futur proche, a indiqué l’Insee. Le nombre de personnes envisageant de faire des achats interrogées par l’Insitut enregistre une légère progression. La manière dont les sondés considèrent l’évolution récente de la situation financière est légèrement en hausse. Ils se montrent particulièrement confiants dans l’évolution future de leur pouvoir d’achat.

Hors questionnaire composant l’indicateur, l’opinion sur les perspectives d’évolution du chômage gagne 16 points d’un coup depuis juillet (il n’y a pas eu d’enquête en août). La proportion des ménages qui estiment être en mesure de mettre de l’argent de côté au cours des mois à venir augmente également. Mais ils sont moins nombreux qu’auparavant à juger la période actuelle propice à l’épargne.

Enfin, les ménages sont beaucoup plus nombreux qu’auparavant à juger que les prix ont peu augmenté au cours des six derniers mois. De même, ils sont beaucoup plus nombreux à anticiper que les prix vont se stabiliser ou diminuer au cours des mois à venir.

"INCOHÉRENCE DES CHIFFRES" ?

L’acquis de croissance (ce que serait la croissance si le PIB n’évoluait plus jusqu’à la fin de l’année) est de 2 % à la fin juin, ce qui permet encore d’envisager une croissance de 2,5 % cette année, a estimé l’Insee.

Pour Olivier Ganier, économiste à la Société générale, "c’est très surprenant et j’ai beaucoup de mal à expliquer la cohérence de ces chiffres. D’un côté, il y a la révision en baisse de la croissance au deuxième trimestre avec pratiquement tous les postes de la demande intérieure qui sont revus en baisse. S’y ajoute l’augmentation du chômage, assez significative en août. Je ne suis pas certain dans ces conditions qu’une croissance de 2,5 % de l’économie française sur l’année pourra être atteinte. De l’autre côté, il y a cette augmentation surprenante de la confiance aussi bien des industriels que des ménages".

De son côté, Gaëtan Gorce, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée pour les questions sociales, a déclaré que le gouvernement était "responsable" de la hausse du chômage enregistrée au mois d’août. Cette hausse est "la conséquence d’une politique économique sans ligne directrice", a affirmé le député de la Nièvre, dans un communiqué.

M. Gorce a notamment dénoncé "la réduction spectaculaire des crédits consacrés aux emplois aidés en 2004", qui est selon lui "directement responsable de la suppression de 60 000 emplois au cours de cette année". Le ministre de l’emploi, Jean-Louis Borloo, "ne peut pas faire une bonne politique de l’emploi uniquement avec de bons sentiments", a-t-il ajouté, en rappelant que le groupe PS demandait la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la politique de l’emploi menée depuis 2002. Avec AFP et Reuters

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-381136,0.html