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Le « dialogue franc », un nouvel avatar du patronat martiniquais

par CGT-Martinique

Publie le lundi 11 novembre 2013 par CGT-Martinique - Open-Publishing

« Dialogue » c’est ce fameux mot qui ne veut rien dire, mais qui vraisemblablement fait peur au patronat Martiniquais, car au seul constat de l’exercice qu’il en fait, c’est zéro pointé ! D’ailleurs, c’est aussi l’aveu qui est fait par le premier d’entre eux, Philippe Jock le président du MEDEF Martinique dans le cadre d’une interview publiée il y a peu.

Le président du MEDEF, sans doute pour justifier sa volonté de sortir de la politique de terre brulée jusque là pratiquée par le patronat local, a tenté dans cet échange de justifier l’injustifiable, en présentant de manière quasi anecdotique la posture dévastatrice du patronat local.

Il va donc tenter dans sa démonstration d’expliquer l’échec de la politique de « dialogue sociale » en évoquant la crise de 2009, : « la mauvaise qualité du dialogue social, dit-il, est l’une des causes des évènements de février 2009 ».
Le doux euphémisme de « mauvaise qualité », ne change rien à l’affaire puisque ce dialogue n’existait pas du tout.

Mais les questions que son lecteur est en droit de se poser, c’est qu’en est-il quatre ans après ? Les pendules ont-elles été mises à l’heure ?

Bien qu’il avoue que : « Je pense que l’amélioration de ce dialogue passe par les branches professionnelles qui à la Martinique sont malheureusement peu actives ces dernières années ». Ceci pour éviter de dire que ces branches ne se réunissent pas du tout !

C’est l’aveu que bien sur que NON, rien n’a été entrepris par le patronat pour cela !

Et l’explication de Philippe Jock qui suit dans l’interview ne manque pas de saveur quant il nous explique que : « tous les adhérents du MEDEF ne sont pas encore convaincus de la nécessité du dialogue au niveau de leur branche, mais j’ai bon espoir de les convaincre, une fois qu’ils auront été formés aux techniques de la négociation sociale ».

C’est donc pour l’année kanel ?

Voilà des gens mais qui sont de véritables experts sur : comment engranger les aides publiques, comment bénéficier de la défiscalisation, comment ne pas payer les cotisations sociales, comment amasser les subventions régionales, mais qui ignorent vraisemblablement tout du droit social !

Pourtant les questions à traiter ne manquent pas :

 les licenciements qui se font au rythme de 1000 salariés chaque année pour aller grossir les rangs de chômeurs de moins en moins indemnisés

 la question des revenus, car au cours des 5 dernières années sa progression a été établie autour de 2,7%, alors que les prix des produits de bases ont augmentés en moyenne de 5,45% rien qu’entre 2012 et 2013.

 la progression des salaires reste encore très faible seulement 56% des salariés en Martinique sont concernés par l’application d’une Convention Collective, contre 85% en France.

 le pouvoir d’achat constamment sur le recul avec 21% de salarié payé au smic contre seulement 14% en France

 la dégradation des conditions de travail, par l’explosion des risques psychosociaux, le développement des cancers professionnels, et les accidents du travail, qui gonfle chaque année la statistique de l’inaptitude au travail.

Alors sauf à ne pas vouloir entendre ni voir, il y a de quoi non seulement « dialoguer franchement », mais aussi négocier de bonne foi, et si monsieur le président du MEDEF veut convaincre les lecteurs de son interview, il va falloir qu’il en fasse la preuve.

D’ailleurs, Philippe Jock indiquait dans son interview qu’il avait été bien reçu par les organisations syndicales et que seule la CGTM avait refusé de le rencontrer, s’il dit vrai, il n’y qu’à que c’est sans doute parce que le chemin qui lui reste à parcourir est encore trop éloigné des préoccupations du monde du travail.

http://www.cgt-martinique.fr/Accueil%20textes%205.asp#I00038d24