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Le donc frauduleux

Publie le jeudi 4 septembre 2008 par Open-Publishing
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On lit « protection sociale coûteuse et inefficace », et juste après la conclusion « donc il faut qu’elle soit moins coûteuse, donc il faut réduire les coûts.
On lit « des soldats morts en Afghanistan », et juste après « donc, il faut en envoyer plus ».
On entend (depuis longtemps) « l’Iran veut développer des sources d’énergie nucléaires » donc « ils développeront des bombes et nous les enverront ».
Bon allez, on pourras sûrement trouver autant d’exemples que de phrases au cours d’une assemblée nationale.

Récemment on parlait de « Human Bombe », ce gars à Neuilly qui voulait se venger de Charles Pasqua, et quitte à mourir, avait prit en otage une école pendant plusieurs jours quand même. Juste avant l’ultimatum, au risque qu’il se fasse sauter en tuant les gamins, sachant quand même qu’il n’oserait pas le faire, mais ne sachant pas que la police oserait l’attaquer en connaissant ce risque, il a été abattu. Ensuite, Sarkozy est sorti avec un enfant dans ses bras, victorieux devant les caméras.

Exercice de logique : qui sont les pourris ?

Quand un kamikaze est poussé à bout, qu’il se lance dans le pire retranchement qu’est l’attaque suicide, dès cet instant les caméras sont dégainées, et les analystes nettoient la place, en disant « fanatiques, terroristes, c’est bien connu ».

Dans le Caucase, la Géorgie extermine gratuitement et sans prévenir un millier de civils (une dizaine d’après la télé) mais Moscou riposte, là-dessus les USA arrivent comme force humanitaire, offrant des jerricanes en plastique vides (dont l’arrivée par palettes entières en avion a été la seule image diffusée pour appuyer cette déclaration), quelques gâteaux de farine et de sucre, et de la nourriture lyophilisée fournie avec des couverts en plastique, fourchette, couteau, grande et petite cuillère, qu’il faudrait disposer soigneusement au carré autour de l’assiette en carton.

Exercice de logique : quel est le point commun avec la précédente affaire ?

En fait quoi qu’il arrive, que l’opération soit un succès ou un échec comme dans 95% des cas, grâce à la télévision et donc grâce à la rhétorique, il y a toujours moyen de faire tourner les événements à l’avantage de celui qui a la parole.

Même les interviews ne leur font pas peur, il suffit de pointer sur des questions-clefs et d’en faire le symbole de la mauvaise foi de l’interviewé, puis de le couper avant qu’il ne finisse sa dernière phrase l’air de dire « c’est bon on a compris, tu mens, tu mentiras tout le temps de toutes façons ».

Si par exemple un gars donne un flingue à un suicidaire en manque de crack, mais qu’on ne le voit pas, et qu’il n’y a personne d’autre pour expliquer la situation, logiquement, défiant l’évidence, son discours sera à peu près celui-ci : « je savais pas ! Il avait l’air tout à fait normal, je l’ai laissé rentrer chez moi et là il m’a volé mon gun, j’ai rien pu faire, je suis innocent ! ».

Admettons le même exemple à l’échelle au-dessus, le pays agresseur diffuse les news à la télévision, est-il pensable que le pays agresseur dise « nous, colonialistes sauvages qui voulons imposer par la force un mode de vie et une économie dont on sait qu’elles sont porteuses de mort et de malheur, devons faire face à la résistance armée des populations ». Évidemment, tout serait plus clair, un peu trop clair d’ailleurs.

Il y a toujours moyen de détourner l’attention de la vérité en étant parfaitement « honnêtes », honnête de décrire la position qui est la sienne, et partant du principe que c’est à l’auditeur de se faire son propre avis, donc en n’ayant aucune responsabilité sur ce qu’il croit ou non.

Cet exercice est celui des menteurs-nés, qui ne laissent transparaître aucun indice de la supercherie dans la mesure où ils croient sincèrement en leur version des faits. Ils sont prêts à jurer, cracher, et mettre leurs sourcils en diagonale.

C’est dans cet état d’esprit que se trouve l’occident aujourd’hui.

Ce qui se passe est que les analyses données sont en général pas trop mal, intelligentes, suffisantes au moins pour que l’auditeur se dise « ah ça, je n’y avais pas pensé » et ès lors, il arrête de critiquer, et pourtant dès cet instant, intervient la conclusion frauduleuse, le « donc » mensonger.

Le fait même de toujours savoir récupérer une situation à son avantage, quitte même à la provoquer de façon grossière et sans même avoir à se soucier des incohérences, comme pour le 9/11 où rien n’est logique, (et où pourtant il faut batailler pour le faire savoir sans que ce ne soit plus que la première étape d’une longue réflexion), tout ça rien à foutre, la méthode que j’ai décrite permet de récupérer n’importe quelle situation.

C’est comme si vous étiez payé pour faire un job, que vous n’en ayez absolument rien à foutre, que vous vous foutez en permanence de la gueule de tout le monde, et qu’au moment de rendre des compte vous n’aviez plus qu’à dire la stricte vérité sans laisser transpirer la moindre sueur, jusqu’à ce que l’interlocuteur finisse par arrêter de réfléchir, et dès ce moment-là, il suffit de balancer le « donc frauduleux », et à cet instant, tout devient logique, l’immunité est totale.

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