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Les actionnaires fossoyeurs de l’Encyclopaedia Universalis ?

Publie le dimanche 26 septembre 2004 par Open-Publishing
4 commentaires

Jeudi 23 septembre 2004
Communiqué de l’intersyndicale FO-CGT-SUD-Culture
NON À LA DESTRUCTION D’ENCYCLOPAEDIA UNIVERSALIS

Depuis plusieurs mois, le Club français du livre (CFL) et Encyclopaedia Britannica (EB), les deux actionnaires à 50-50 d’Encyclopaedia Universalis (EU), se déchirent.

Pendant plus de trente ans, la collection encyclopédique, son supplément annuel Universalia, augmentés dès 1995 de l’édition annuelle du CD-ROM, ont fait vivre les deux actionnaires-distributeurs exclusifs grâce à un système de prix de transfert conçu à leur avantage, réduisant l’entreprise au rôle de " vache à lait ", et lui interdisant tout développement autonome. Lorsque les affaires ont moins bien marché pour leur activité de distribution, les querelles ont commencé, paralysant les décisions, limitant la politique éditoriale à leurs seuls intérêts de distributeurs.

Fin 2003, la direction faisait passer en force un plan de diversification, rapatriait la trésorerie de EU gérée jusque-là par les deux actionnaires et imposait une modification des prix de transfert.

EB a aussitôt demandé la mise sous administration provisoire d’Encyclopaedia Universalis et a fini par l’obtenir le 16 juin 2004.

Le 28 mai 2004, le CFL avait répliqué en demandant... la dissolution de la société EU ! La deuxième chambre du tribunal de commerce de Paris doit examiner cette assignation en dissolution le 28 septembre 2004, à 14 h.

Largement syndiqués et unitaires, la soixantaine de salariés d’Encyclopaedia Universalis ne comprennent pas ce gâchis. Le comité d’entreprise a engagé une procédure d’alerte le 22 juillet dernier. L’intersyndicale FO-CGT-SUD-Culture et l’ensemble des salariés sont déterminés à s’opposer à la destruction absurde d’une entreprise disposant des moyens économiques de fonctionner hors des groupes qui standardisent la diffusion de la culture.

Il est malheureusement devenu habituel que des actionnaires privilégient leurs bénéfices et sacrifient l’emploi. Il est plus rare que des actionnaires irresponsables préfèrent risquer de tuer leur entreprise plutôt que de tenter de résoudre leurs divergences.

Messages

  • Mais enfin, qui a le pouvoir dans une entreprise ? Les actionnaires. C’est le principe même du système. Je m’étonne que des gens, des salariés, en soient étonnés.

  • Dès qu’on est salarié, on se compromet dans la réalisation de quelque chose qui est en contradiction avec l’intérêt général, sur des aspects plus ou moins importants. Tant qu’on n’est pas dans une société organisée en démocratie directe, et j’en connais pas encore, mais je sais qu’il faut rêver.

    Bien qu’on connaisse tous les défauts de ce qu’on contribue à fabriquer, on ne peut pas ignorer que ça permet de vivre à un nombre "x" de personnes qui vendent leur force de travail. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas informer quand les capitalistes décident de supprimer ces contrats collectifs. C’est le boulot des syndicats, au minimum.

    On peut n’avoir aucune illusion sur quelque travail salarié que ce soit, le salariat aliène, c’est même la base du système, mais il est endigué par quelques règles collectives, pour un peu de temps encore, si on se bat pour...

    Les financiers s’en prennent au salariat dans l’édition, depuis un moment, et ça n’arrêtera pas. Leur rêve, c’est de ne plus voir de de salariés mais seulement des prestataires de services, des sous-traitants, des "intellos précaires", bref des gens payés à la tâche avec des contrats individuels - qui seront bien plus "aux ordres" et seront bien plus compromis que des salariés dans le produit merdique à vendre. Actuellement, les salariés de l’édition, de par leur statut, peuvent encore limiter les dégâts, même si c’est de plus en plus difficile et si pas mal de professionnels ont perdu leur emploi parce que trop peu collaborateurs. Cette destruction du salariat est un mouvement général, qui ne concerne pas que l’édition, je ne vous apprends rien. Mais elle va avoir de plus en plus d’impact sur les productions d’édition et de presse.

    Voilà pourquoi, en très résumé, je considère qu’il faut défendre le salariat partout, et dans l’édition. Pour éviter de ne publier que des textes à la gloire du néo-libéralisme...