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Les enseignants sur le chemin de la remobilisation
Publie le samedi 13 mars 2004 par Open-PublishingLes personnels de l’Education sont de retour dans la rue, neuf mois après l’échec du mouvement social du printemps 2003. Vendredi, ils ont répondu par dizaines de milliers à travers toute la France, au mot d’ordre de leurs fédérations qui avaient appelé à une journée nationale de grève, et à des manifestations dans tout le pays.
Le ministère de l’Intérieur a ainsi recensé 68.000 manifestants à travers toute la France. A Paris, le défilé a rassemblé 11.000 personnes selon la police, 15.000 selon les syndicats à l’origine du mouvement (FSU, SGEN-CFDT, UNSA-Education, FERC-CGT). Les manifestants étaient 7.000 à Toulouse selon la police, ou encore 10.000 à Marseille selon les syndicats.
Les fédérations de l’Education, qui dénoncent les suppressions de postes prévues à la rentrée prochaine, les restrictions budgétaires, ou encore le transfert des personnels non-enseignants (ATOSS) aux régions dans le cadre de la décentralisation, parlent de "succès" et ont prévu de se revoir le 22 mars pour décider des suites à donner au mouvement.
Les syndicats de chercheurs et le collectif "Sauvons la recherche" avaient appelé à
se joindre au mouvement au nom de la "défense du service public de recherche et d’éducation", mais ce sont bien les personnels des écoles, collèges, et lycées qui constituaient le gros des cortèges.
Cette journée d’action a donné lieu à la traditionnelle querelle de chiffres entre le ministère de l’Education et les syndicats sur le taux de grévistes.
Le ministère a ainsi recensé 18,86% d’enseignants en grève dans le premier degré, 24% dans les collèges, 18,74% dans les lycées d’enseignement professionnel, 20,22% dans les lycées d’enseignement général, et 12,03% de grévistes parmi les personnels ATOSS tous niveaux confondus.
Les syndicats, de leur côté, ont fait état d’une moyenne nationale de 40% à 50% de grévistes dans le premier comme dans le second degré.
En régions, les manifestants étaient 4.000 à Rennes selon la police, 6.000 à Lyon selon les organisateurs, entre 2.800 et 4.000 à Bordeaux selon les différentes sources, entre 2.000 et 5.000 à Montpellier, 3.000 à Nantes selon les syndicats, 2.000 à 3.000 à Clermont-Ferrand, 2.000 à Grenoble et 1.800 à Besançon selon la police, 1.000 à Strasbourg, 500 à Metz et Nancy, ou encore 300 à Epinal et Périgueux.
A Paris, malgré une pluie continue, 15.000 personnes selon les syndicats, 11.000 selon la police, ont défilé dans le calme entre les abords du métro Sèvres-Babylone et la faculté de Jussieu derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire "Sauvons la recherche et l’université".
"Ferry, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue !", "Chirac, t’es foutu, on sera bientôt tous dans la rue !", ou encore "La jeunesse c’est l’avenir, Ferry faut atterrir !", scandaient les protestataires, enseignants, chefs d’établissements, personnels ATOSS, ou encore lycéens également présents. Quelques centaines de jeunes chercheurs ouvraient la marche.
"Nous sommes agréablement surpris par cette mobilisation, et globalement, concernant la grève, nous avons des chiffres supérieurs à ce que nous avions prévu", s’est félicité le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU, première fédération de l’éducation), Gérard Aschieri.
"Je crois qu’il y a une vraie prise de conscience des problèmes sur le terrain. Mais c’est vrai que le contexte, avec la fronde des chercheurs, a contribué à la mobilisation", a-t-il déclaré à l’Associated Press. "C’est un nouveau départ. On a reconstitué une base de mobilisation qui permet d’envisager une suite".
"Le gouvernement continuera-t-il de faire la sourde oreille ?", s’est de son côté interrogée l’Union nationale des syndicats autonomes-Education (UNSA-Education) dans un communiqué en fin d’après-midi.
"Les suppressions massives de postes d’enseignants, les réductions de postes aux concours, les non-créations de postes d’ATOSS -alors que plus de 70 établissements sont créés- sont la traduction en actes des choix budgétaires pour la rentrée 2004", a affirmé l’UNSA-Education, qui a aussi dénoncé, comme les autres fédérations, les transferts de personnels aux régions dans le cadre de la décentralisation.
Pour l’UNSA, le gouvernement "doit s’expliquer sur sa politique éducative et de recherche, sur ses intentions pour l’avenir des jeunes. Il doit cesser de dégrader par touches successives un système éducatif qui doit avoir les moyens de la réussite pour tous". PARIS (AP)