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Les excès du marketing politique : III. La qualité des déclarations

par Alain Astouric

Publie le lundi 13 mai 2013 par Alain Astouric - Open-Publishing

Extraits de La tyrannie du marketing :

En un troisième temps, c’est-à-dire après La connaissance de l’électorat et Le choix d’un thème central, le marketing politique préconise de soigner les relations avec la presse et celles avec le petit écran. Ces deux fantastiques courroies de transmission entre le candidat (ou l’élu) d’une part et les électeurs (ou l’opinion) d’autre part.

La tyrannie du marketing
Editions é®e

Dans cette optique le marketing conseille à la femme ou à l’homme politique de ciseler ses déclarations au format des télévisions et des radios au prix, si nécessaire, de l’appauvrissement à la fois du vocabulaire et des références : mots simples, langage courant, phrases courtes, expressions populaires. Il préconise aussi de ne pas hésiter à faire le gros dos lorsque cela peut éviter la polémique, surtout avec les médias […] et conseille même d’avaler quelques couleuvres si besoin est […].

Un peu comme si la politique c’était devenu avant tout « l’art de passer dans les médias » et même plus, celui de s’en servir […]. Quitte pour cela à tenter de concilier l’inconciliables, comme : s’engager à baisser les impôts, tout en annonçant de nouvelles mesures qui augmenteront les dépenses, mais en promettant de ne pas creuser le déficit. Ou encore, promettre de lutter contre l’immigration clandestine et simultanément proposer la régularisation générale et sans critères des sans-papiers […]. Et aussi, promettre de relancer l’économie mais sans prévoir de forme sérieuse d’augmentation du pouvoir d’achat ; prétendre que l’on améliorera significativement le service public par la seule meilleure gestion tout en diminuant les coûts, c’est-à-dire les moyens.

L’idée […] de chaque candidat étant d’accroître sa propre notoriété par l’usage maîtrisé des médias, le marketing les incite en conséquence à ne pas hésiter à faire des promesses importantes aux yeux des électeurs, mais sans trop s’encombrer de leur réalisme ou pas. La moindre intervention médiatique est alors dictée par ce que souhaite entendre la majorité à séduire : le plus souvent un rouleau compresseur de plates certitudes […]. Tout semble ainsi maîtrisé et calculé par le leader politique devenu objet de consommation […].

Enfin, point d’orgue, le marketing conseille à chaque candidat des discours et des déclarations allant systématiquement ou presque dans le sens qu’attend son électorat potentiel. C’est très précisément en ce quatrième temps que le marketing politique bascule dans la manipulation en recourant au ciblage pudiquement rebaptisé pour l’occasion, positionnement.

Extraits de La tyrannie du marketing

… à suivre, Les excès du marketing politique : IV. Le ciblage.

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