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Les excès du marketing politique : IV. Le ciblage
par Alain Astouric
Publie le mardi 14 mai 2013 par Alain Astouric - Open-PublishingExtraits de La tyrannie du marketing :
Le marketing politique après avoir incité le candidat à séduire plutôt que convaincre (I) puis lui avoir préconisé d’asséner son thème du moment (II) et de cultiver l’art de passer dans les médias (III)
lui recommande, en un quatrième temps, de s’adresser prioritairement à ses propres partisans pour leur dire (surtout !) ce qu’ils veulent entendre.

Cette façon de faire permet notamment à la femme ou à l’homme politique de réserver ses forces pour la séduction des hésitants. Une technique que l’on appelle, non sans délicatesse, le siphonage des indécis […].
À ceux qui lui reprocheraient alors de chercher à vendre des idées, pourtant déterminantes pour la société, comme on vendrait un quelconque produit […]. Plus exactement encore, comme on développerait une marque avec son logo, sa typographie, son slogan, son positionnement, ses valeurs le marketing politique rétorque qu’il ne fait par là que se placer en osmose avec l’opinion dont il respecte la souveraineté. Dans cette logique, dans « sa » logique, non seulement il conseille ouvertement de ne chercher qu’à plaire mais il prétend simultanément qu’il n’y a pas d’autre vérité que celle du citoyen lorsqu’elle est révélée par les sondages et autres analyses sociologiques.
En retenant cette perspective, le marketing politique a beau tenter de répondre à quelque picotement secret d’un reste de conscience, il oublie cependant de considérer une dimension capitale : en démocratie la recherche à tout crin du consensus a pour effet d’économiser la réflexion, de court-circuiter le débat d’idées pourtant si utile à la vie démocratique elle-même […]. Finalement, on le voit bien ici, le marketing politique ne fait qu’adapter un produit à un marché. C’est tout.
C’est tout et ce n’est pas très brillant. Car, de ce qui précède il peut en effet se dégager le constat troublant que lorsque les sondages ont force de loi, lorsque l’opinion remplace la citoyenneté et lorsque « le politique » ne cherche plus à proposer des programmes, des idées, un projet de société, mais s’applique seulement à dire plus ou moins ce que les gens ont envie d’entendre, il a déjà singulièrement versé dans le populisme […]. Pire, en répétant les mêmes slogans simplistes, il approche de près la propagande.
Extraits de La tyrannie du marketing
… à suive, Les excès du marketing politique : V. Marketing politique et propagande.