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Les excès du marketing politique : V. Marketing politique et propagande
par Alain Astouric
Publie le mercredi 15 mai 2013 par Alain Astouric - Open-PublishingExtraits de La tyrannie du marketing :
Le marketing politique est prioritairement utilisé par les candidats et partis qui en ont les moyens : les élections se gagnent de plus en plus par la capacité à avoir de l’argent à dépenser.

(Articles précédents : I. Séduire plutôt que convaincre ; II. Choisir un thème central ; III. La qualité des déclarations ; IV. Le ciblage)
Il arrive aussi à un gouvernement ou un autre, d’utiliser le marketing pour se sortir d’une situation politique délicate. Dans une telle circonstance tous font plus ou moins appel aux sondages mais, jusqu’à présent, ce sont surtout les présidents américains qui, en plus des sondages, se sont appuyés sur la technique du focus group […]. L’affaire consiste alors à développer des stratégies visant à ce que les mesures envisagées, quelle qu’en soit la nature, apparaissent sous un angle séduisant. Dans la pratique, le focus group fonctionne généralement en deux temps :
– D’abord une étude est menée par un groupe d’experts […] sur les aspects qualitatifs de la communication à engager ;
– Puis le même groupe ou un autre, teste sur un échantillon représentatif de l’opinion l’acceptation des mesures envisagées […].
Disons-le tout net, l’objectif du focus group est de contourner les consciences sans que l’opinion s’en inquiète trop […]. Jusqu’à présent seul le caractère plus ou moins épisodique de l’appel à la technique du coup d’éclat médiatico-politique […] distingue vraiment le marketing politique de la propagande inscrite, elle, dans la continuité et la profondeur […]. Une différence capitale puisque c’est l’inscription dans la durée qui fait que la propagande finit par imposer sa doctrine, ses certitudes, la foi en une cause et l’hostilité envers l’adversaire ou ce qu’il symbolise. Espérons que cette différence perdurera […] faute de quoi le risque de basculement, précisément vers la propagande, deviendrait sérieux, puisque les trois autres caractéristiques de celle-ci sont déjà présentes :
– D’abord le nivellement de la pensée ramenée à quelques idées plutôt simplistes, on appelle ça une doctrine et ses certitudes ;
– Ensuite, la mobilisation de moyens important pour la recherche effrénée du pouvoir et ses attributs ;
– Enfin, la diffusion de convictions très affirmées et, en corollaire, une lutte farouche contre celles de l’adversaire.
Dans ces conditions, la question qui se pose devient : Où sont passées la morale, l’éthique et l’égalité, fondement de cette entreprise a priori éminemment humaine qu’est la politique ?
Extraits de La tyrannie du marketing
… à suivre, Les excès du marketing politique : VI. Conclusion