Les intermittents du spectacle protestent...

Les intermittents du spectacle protestent contre l’accord signé

LE MONDE.FR | 29.06.03 | 17h48

L’accord signé par le Medef et trois syndicats minoritaires suscite l’ire
des intermittents du spectacle. Le gouvernement dispose d’un mois pour
l’avaliser.
Le Théâtre de la Ville, l’une des principales salles de spectacles de Paris,
était occupé, dimanche 29 juin, par les intermittents du spectacle,
personnels techniques et artistiques précaires. Par ailleurs, plusieurs
festivals risquent d’être annulés à cause de ce mouvement national.

80 intermittents du spectacle se sont retranchés dans la salle du Théâtre de
la Ville dimanche après-midi où la chorégraphe allemande Pina Bausch devait
donner dans la soirée un spectacle intitulé "Pour les enfants d’hier,
d’aujourd’hui et de demain". Le Théâtre du Châtelet, situé en face du
Théâtre de la Ville, s’est mis en grève à la demande des intermittents qui y
ont pénétré.

Ces intermittents du spectacle protestent depuis deux jours contre un accord
sur un nouveau régime d’assurance-chômage signé par l’organisation du
patronat (Medef) et trois syndicats minoritaires, alors que le syndicat CGT,
majoritaire, a refusé de le parapher. Depuis vendredi, ces personnels
multiplient les actions dans les lieux culturels de la capitale et de
province et ils menacent d’empêcher le déroulement des festivals nombreux
durant l’été dans toute la France.

Le ministre de la culture et de la communication Jean-Jacques Aillagon a
"déploré profondément", dimanche, les conséquences du mouvement des
intermittents du spectacle qui menace de nombreux festivals de l’été. "S’il
reconnaît bien entendu à chacun le droit d’exprimer, y compris par l’usage
du droit de grève, sa réprobation à l’encontre de cet accord entre
partenaires sociaux représentatifs, Jean-Jacques Aillagon déplore
profondément les conséquences de ces mouvements", déclare le ministère dans
un communiqué. "Le gouvernement souhaite disposer de quelques jours pour
analyser l’accord signé vendredi par les partenaires sociaux, auquel il
doit, dans un délai d’un mois, donner son agrément", précise-t-il.

Jean-Jacques Aillagon, toujours selon le ministère, a constaté "de
véritables avancées" dans un accord qui, selon lui, "présente notamment
l’avantage de préserver le principe d’un système spécifique d’indemnisation
du chômage des artistes et des techniciens du spectacle et de
l’audiovisuel". Evoquant les perturbations de nombreux festivals, le
ministre estime que "les victimes en sont d’abord les publics, souvent venus
de loin pour assister à ces spectacles" et relève que "ces mouvements
affectent également l’économie et le tourisme locaux".

MENACES D’ANNULATION DE FESTIVALS

Dimanche matin, le directeur du Festival international d’art lyrique
d’Aix-en-Provence, Stéphane Lissner, a annoncé la suspension de l’ouverture
de la 55e édition, prévue les 4, 5 et 6 juillet, en raison du mouvement de
grève des techniciens intermittents du spectacle. Le festival devait
s’ouvrir le 4 juillet par "Wozzeck" d’Alban Berg, mis en scène par Stéphane
Braunschweig, avec 98 musiciens du Mahler Chamber Orchestra dans la fosse de
l’Archevêché.

La 57ème édition du Festival de théâtre d’Avignon, prévue du 8 au 28
juillet, est également menacée par la grève reconductible décidée samedi
soir par une soixantaine de techniciens employés par ce festival.

Enfin, l’édition 2003 de Montpellier-Danse, festival de danse contemporaine,
dont le déroulement est perturbé depuis son ouverture jeudi par les
intermittents du spectacle grévistes, a été complètement annulée, a annoncé
dimanche son directeur Jean-Paul Montanari. Les spectateurs sont invités à
renvoyer leurs billets en vue de leur remboursement. Dès sa soirée
d’ouverture jeudi, le festival, qui devait durer jusqu’au 5 juillet, avait
été très perturbé par des intermittents grévistes.