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Les militants du Parti socialiste entre loyauté et désarroi
Publie le jeudi 16 janvier 2014 par Open-Publishing4 commentaires
En première ligne face à la colère populaire, les adhérents du PS s’interrogent sur le cap de François Hollande. De la méthode Coué aux rapports de forces internes, ils continuent de croire en la réussite de l’exécutif.
« Au plan national, la gauche ne va pas très bien, mais au niveau local la mobilisation militante ne faiblit pas et les gens continuent de nous ouvrir leur porte. On sait que les problèmes du pays ne vont pas se régler aujourd’hui et qu’il faut laisser du temps au temps, comme disait Mitterrand, même si certains militants se posent des questions. » À l’instar de Marwane, Marseillais de 33 ans, la majorité des militants socialistes veulent « continuer à y croire », malgré les doutes et les obstacles qui s’accumulent. En première ligne face à la colère populaire, ils sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur la politique économique et sociale menée par l’exécutif. À Béziers, François Salbego pratique aussi la méthode Coué : « On est derrière le gouvernement et le président de la République. Pour le pacte de responsabilité, il faut veiller à ce que le Medef respecte ses engagements. S’il y a baisse des cotisations sociales, il faut qu’il y ait vraiment des embauches à la clé. Si cette contrepartie n’est pas respectée, ça pourrait nous déplaire. Sur le sujet, nous savons que les citoyens sont méfiants et restent sur leurs gardes. Par exemple, à Béziers, l’idée plaît aux militants mais ils sont réservés car, par le passé, le Medef n’a pas respecté les accords. Sa logique est toujours la rente et le profit, jamais le social. Et on sait très bien que le désir du Medef n’est pas d’avoir le plein-emploi. On reste donc méfiant vis-à-vis de lui », explique ce responsable des Jeunes socialistes de l’Hérault.
"Tout le monde savait que Hollande ne venait pas de l’aile gauche"
Des contradictions d’autant plus difficiles à gérer que les militants sont souvent pris par surprise par les décisions du gouvernement. « Tout le monde savait que Hollande ne venait pas de l’aile gauche, rappelle Olivier Dedieu, militant à Lunel, dans l’Hérault. Mais on remarque tout de même qu’il n’y a pas de phase de transition avec l’ancienne majorité. L’impression générale, c’est qu’on se demande s’il y a une conversion idéologique ou un déficit d’idéologie. »
"Dans les sections, ça râle"
Car la rue de Solférino a beau multiplier les coachings progouvernementaux, les militants socialistes peinent à assurer le service après-vente du cap libéral de l’exécutif. Pas question de donner du crédit à la thèse du tournant libéral de François Hollande. « Je réfute cette analyse, explique Majid Ba. Le président fait des choix difficiles à cause de la crise financière. C’est vrai que, sur le terrain, on rencontre beaucoup de déçus. Cela fait débat dans nos assemblées générales », concède ce militant du 18e arrondissement de Paris. « Sur les questions d’immigration, sur lesquelles je travaille, il faut mesurer le chemin parcouru depuis les années Sarkozy : l’apaisement du discours, la fin du délit de solidarité, la gratuité de l’aide médicale d’État… J’essaie de mettre en avant toutes les choses positives. » Mais les adeptes de la prophétie autoréalisatrice doivent désormais convaincre dans leurs propres rangs. « Le tournant, François Hollande l’a fait dès ses premiers actes de président en acceptant le pacte européen. Cela continue avec des cadeaux sans contrepartie au patronat », analyse Jean-Paul Nail, retraité de l’éducation nationale. « Dans les sections, ça râle. Beaucoup de militants s’interrogent sur les conséquences de cette situation. Pendant la campagne de la primaire PS de Marseille, nous avons souvent été interpellés par le mécontentement populaire », explique le militant socialiste marseillais. Pas question pour lui de baisser les bras pour autant : « Je continue malgré tout de soutenir ce gouvernement pour qu’il réussisse car, sinon, on se retrouvera avec une alliance entre la droite et l’extrême droite. » Pour lui, la question d’aller voir ailleurs à gauche ne se pose pas : « Il faut changer d’orientation sociale et économique, c’est ce à quoi doit s’atteler la gauche du parti. Quand des camarades du Front de gauche m’interrogent sur ma place dans le PS, je leur réponds qu’on est beaucoup plus utile à l’intérieur du PS qu’à l’extérieur. »
La hausse de la TVA, un très mauvais signe envoyé au peuple de gauche
Loin des précautions de langage de ses camarades, Florent Voisin, 27 ans, fonctionnaire territorial à Toulouse, fustige les orientations de l’exécutif. « Sa politique tourne de plus en plus le dos aux aspirations des militants. Il assume un tournant social-libéral à l’allemande. J’attends maintenant sa conférence de presse mais sans illusion. La hausse de la TVA est un très mauvais signe envoyé au peuple de gauche. Ça floute le clivage gauche-droite. J’espère que cette politique portera ses fruits mais je suis sceptique, confie ce militant de Maintenant la gauche, le courant de Marie-Noëlle Lienemann. Il faut trouver les moyens pour infléchir cette politique. Or, le mouvement pour les retraites n’a pas eu une très forte portée. Il faut relancer une dynamique sociale. Le courant Maintenant la gauche doit y participer. Au PS, il n’y a pas de débat, les problèmes sont mis sous le tapis. » De là à le quitter… il n’y a qu’un pas, qu’Antoine, militant orléanais hésite à faire. « Ce virage à droite au niveau national me gêne, parce qu’il n’est pas de nature à clarifier la donne, notamment à la veille des municipales. Au lieu du pacte de compétitivité, j’aurais préféré une mesure clairement marquée à gauche, comme des annonces sur le logement ou des baisses de loyer. Je me demande d’ailleurs si le PS ne pense pas que son électorat est désormais au centre, ce qui expliquerait beaucoup de choses… »
Marc Bussone (à Marseille), Joseph Korda (à Orléans), Nicolas Séné (à Montpellier), Maud Vergnol (à Paris) et Bruno Vincens (à Toulouse)
http://www.humanite.fr/social-eco/les-militants-du-parti-socialiste-entre-loyaute-et-556863
Messages
1. Les militants du Parti socialiste entre loyauté et désarroi , 16 janvier 2014, 18:45, par le retraité
Ce serait bien qu’ils arrétent de nous prendre pour des pimpins, ils ont toujours été comme ça nos camarades socialistes.
– Le 10 juillet 1940 la majorité des élus socialistes votent oui à Vichy
– En 1948 le ministre socialiste Jules Moch fait appel à l’armée contre la grève des mineurs
– En 1956 le président du conseil Guy Mollet mobilise le contingent contre l’insurrection nationale algérienne
– En 1958 le PS se rallie au coup d’état gaulliste
– En 1982 F. Mitterrand prend le tournant de la rigueur budgétaire et adhère à l’Europe sous domination allemande
– En 1992 le gouvernement socialiste fait ratifier le traité de Maastricht
– En 2005 F. Hollande, 1er secrétaire, appelle à voter oui au référendum sur l’Europe
– Aujourd’hui F. Hollande gouverne au profit du grand patronat et se démarque des valeurs de solidarité, effaçant d’un coup toutes ses promesses de 2012.
Alors maintenant les socialiste peuvent pleurer
2. Les militants du Parti socialiste entre loyauté et désarroi , 16 janvier 2014, 20:02, par Gérard Gomez de Gracia
Bonsoir,
Utile pour les générations qui viennent :
naguère socialiste ou social-démocrate , de nos jours social-libéral ou néo-libéral, ces gens ont amplement mérité le qualificatif de social-traitre.
L’histoire est dotée d’une poubelle.
Et toujours, que vivent la Révolution et le Communisme.
Bien à vous.
3. Les militants du Parti socialiste entre loyauté et désarroi , 17 janvier 2014, 00:40, par cheminot 82
C’est un bon cri du cœur.
Mais l’histoire des 30 dernières années prouve que le PS n’est ni amendable,ni encrable à gauche de l’intérieur.
Fraternellement
1. Les militants du Parti socialiste entre loyauté et désarroi , 17 janvier 2014, 09:49
Pas seulement le PS. Ses alliés PCF aussi...