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Les morts reconnaissants. (video)

par L’iena rabbioso

Publie le dimanche 19 avril 2020 par L’iena rabbioso - Open-Publishing

Un jour, vous ferez moins les malins, gamins.

Vous ne connaissez pas le groupe « Gratefull Deads » ?

Alors voilà un exemple de musique que nos pères (ou grand pères) pouvaient écouter.

(désolé pour les pubs)

J’ai pris pour une plaisanterie le nom du groupe, alors que dans ces années là, les groupes de Rock alternatifs étaient très sérieux.

Le nom du groupe fait référence à une tradition disparue avec notre culture contemporaine :

Le lien entre morts et vivants.

Cet article fait référence à des liens disponibles à la fin du texte.

Une acceptation d’une génération suivante est normalement une tautologie.

Or, depuis plusieurs décennies, on s’aperçoit que des vieillards restent au pouvoir, et qu’ils n’ont qu’un mot d’ordre : Aller plus vite, innover, changer.

Cela est normalement le propre de la jeunesse, mais il semble qu’une génération française a refusé de mourir.

c’est pas vraiment de leurs fautes.
A nôtre époque, vieux est devenu une infamie.

Mais alors pourquoi notre culture est-elle devenue si terriblement hostile au vieillissement, pourquoi tant de septuagénaires décolorés en blonds ?

D’après ce que j’ai pu lire au sujet de situation concrète de la mort, une peur ancestrale semble être commune à l’humanité.

La peur de ne pas être inhumé selon le rite social.

Ou plus exactement, la loi tacite selon laquelle le corps d’un défunt doit être récupéré et « transformé » selon le rite.

Et il y avait des cas où certaines personnes étaient privées de ce droit.

Par exemple, dans l’antiquité :
Les endettés méritent la mort sans sépulture.

Et un conte :

Des gens de bien, attristés par le sort de ces morts, mettent toutes leurs économie pour qu’enfin une sépulture digne lui soit réservée.

Il y a, dans toutes les cultures, du nord de l’Europe jusqu’au moyen orient, le même thème : Alors que la foule livrait la dépouille à la vermine, un héro solitaire intervenait, et seul contre tous, il obtenait le minimum pour un être humain:le droit d’être un mort parmi ses semblables.

la règle fondamentale que l’on résumera en ces termes : le rite dû au mort et sa stricte observance sont choses sacrées.

Et ici j’insiste sur ce point.
Cela ne concerne pas le mort.
Par exemple, peu m’importe ce qu’il adviendra de mon corps une fois trépassé.
Mais la société, elle, prend cela très au sérieux.

Enfin, la société, la civilisation en temps normal.
Vous sentez comme moi que notre société est devenue inapte en ce qui concerne notre rapport à la mort, car les morts, actuellement, c’est 15003, puis 17801, etc.

Des civilisations disparues ont dues sans aucun doute avoir un comportement très différents de nous et nos cimetières désolés.

Et puis il y a la mythologie grecque :
Hector qui implore Achille que son corps soit ramené « à la maison ».

Et ceux qui ne connaissent pas Antigone (Tragédie de Sophocle) ne peuvent pas comprendre que de nos jours encore, des Rois Créons refusent par pur opportunisme le respect minimal dû au vaincus.
Il y aura toujours une Antigone pour se sacrifier afin qu’un minimum de dignité soit rendue au mort.

La différence entre Tragédie et Drame, c’est que dans une tragédie on connaît la fin dès le début.
Ainsi Antigone savait qu’elle allait mourir pour son obsession de sauver Polynice d’une décomposition animale.
Créon, lui, ne pensait qu’à son trône.
Pour l’union sacrée d’Athènes, il fallait un acte symbolique et violent.
Créon n’était pas l’assassin, il n’était pour rien dans le combat de pouvoir entre les deux frères Polynice et Eteocle.
Mais pour le bien commun, pour la paix, il a décidé ce qu’Antigone ne pouvait pas accepter.

Mais le concept existe aussi dans la culture Arabe : un conte fait référence à deux voleurs qui dérobent le trésor d’un sultan.
Mais l’un d’eux se fait prendre, prisonnier d’un piège, et donne tout ce qu’il a pu dérober.
Puis il demande à son frère de lui couper la tête afin qu’on ne puisse pas le reconnaître dans son piège.
Mais la mère du voleur va implorer le sultan, qui avait récupéré la tête tranchée, de lui rendre le corps sans tête de son fils.
Le sultan accepta cette demande.

Mais le poète Arabe qui a écrit ce conte a du être témoin d’événements moins humanistes.

On s’aperçoit aussi que dans la plupart de ces contes, c’est la mère qui s’oppose coûte que coûte à une autorité mâle supérieure.

Mais qu’en est-il de la reconnaissance du mort ?

Elle prend des formes mystérieuses, comme une épouse jeune inespérée, un compagnon qui va vous protéger tout le restant de votre vie, ou simplement une voix qui, à chaque fois que vous ressentirez de la souffrance, saura vous consoler.

Il y a un point commun à tous ces récits antiques :

la croyance que la mort n’est jamais sans lendemain. C’est pourquoi la privation de sépulture constitue le plus cruel des châtiments puisqu’il interdit l’accès à l’au-delà.

On peut aussi en venir aux morts glorieux, ceux qui auront le privilège d’être préservé de l’éloignement de la cité, et qui auront, en tant que tombe, or, diamants et autres parures.

Mais il n’y a que de ceux là dont ont trouve la trace dans la littérature.

La question actuelle devrait nous interpeller : Que deviennent les morts anonymes ?

EHPAD : un acronyme pour signifier mouroir.

Une dernière étape avant la disparition totale de la mémoire du défunt.

Un soulagement sans aucun doute pour les familles qui ne savaient plus quoi faire de la Mamy qui ne savait plus quel jour on est.

Mais au delà des religions, notre comportement face à la mort des vieux nous renvoie notre image : glacée.

Et heureusement que nous n’attendons plus de reconnaissance de nos morts.

Sinon on leur dit quoi, aux cadavres incinérés en catimini ?


Sources :

https://www.cairn.info/revue-diogene-2004-1-page-122.htm

https://www.books.openedition.org/editionsmsh/7745?lang=fr