Accueil > Les musées ne sont pas à vendre

Les musées ne sont pas à vendre

Publie le mercredi 17 janvier 2007 par Open-Publishing
8 commentaires

Les musées sont des biens collectifs et j’estime que nous avons notre mot à dire au sujet de leur gestion.
Le marché veut tout, il envahi tous les domaines d’activité, il bouffera tout si nous ne réagissons pas.

C’est la raison pour laquelle je vous fais suivre cette pétition .
Francesca

http://www.latribunedelart.com/

Le Monde d’hier, daté du 13 décembre 2006, a publié un texte, Les musées ne sont pas à vendre, signé par Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht, dénonçant les récentes dérives des musées français, et du Louvre en particulier.

Les auteurs y parlent de l’opération du Louvre à Atlanta en soulignant que « sur le plan moral, l’utilisation commerciale et médiatique des chefs-d’œuvre du patrimoine national, fondements de l’histoire de notre culture et que la République se doit de montrer et de préserver pour les générations futures, ne peut que choquer ». Ils s’inquiètent surtout du projet d’Abou Dhabi : « Ce sont nos responsables politiques qui sont allés offrir ce cadeau royal et diplomatique. Contre près de 1 milliard d’euros... N’est-ce pas cela "vendre son âme" ? ».Ils soulignent – et ils sont bien placés pour le savoir – que « s’y opposent la plupart des conservateurs français, contraints à un devoir de réserve contestable sur des sujets qui sont pourtant l’essence de leur métier », ce que je n’ai cessé d’écrire. Ils concluent enfin : « Que l’on puisse rêver d’un monde où circuleraient librement les hommes et les biens de consommation est légitime. Mais les objets du patrimoine ne sont pas des biens de consommation, et préserver leur avenir, c’est garantir, pour demain, leur valeur universelle. »

De nombreux lecteurs m’ont écrit, depuis des mois, pour demander à La Tribune de l’Art de lancer une pétition pour protester contre les projets actuels de délocalisation des collections, que ce soit à Lens, à Atlanta, à Abu Dhabi, à Shangaï (Centre Pompidou) ou à Salvador de Bahia (Musée Rodin). Or, une pétition ne peut fonctionner que si elle s’appuie sur un nombre suffisant de signatures. Les conditions n’étaient pas réunies pour obtenir celles des conservateurs et autres fonctionnaires du Ministère de la Culture.
Aujourd’hui, chacun peut se retrouver autour de cette prise de position due à trois historiens d’art prestigieux. Tous ont eu la responsabilité de grands musées et Françoise Cachin était encore récemment Directrice des Musées de France.

Je lance donc un appel à tous les lecteurs de La Tribune de l’Art d’accord avec ce texte de s’y associer et de demander à nos responsables politiques que l’on cesse de prendre les musées français, et le Louvre en particulier, pour un réservoir d’œuvres qu’on pourrait utiliser pour des raisons politiques, diplomatiques ou financières.

Merci d’envoyer un mail à l’adresse petition.musees@laposte.net. contenant le texte suivant (vous pouvez faire un copier-coller) :

« Je partage entièrement les opinions émises par Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht dans l’article intitulé : « Les musées ne sont pas à vendre » paru dans Le Monde daté du 13 décembre 2006 et je souhaite que l’on maintienne l’intégrité des collections des musées français. »

et signé la manière suivante (qui rend la pétition plus facile à traiter) :

Nom prénom, Qualités, Ville

Vous pouvez préciser votre adresse. Seuls votre nom, prénom, votre ville et vos qualités apparaîtront sur la pétition.

Didier Rykner
(mis en ligne le 14 décembre 2006)

La pétition peut également être diffusée sur papier (voir le document à imprimer).

P.S Le Journal des Arts paru vendredi 15 décembre publie un article très documenté et très inquiétant, sur le même sujet, sous la plume de Daphné Bétard et Sophie Flouquet (Vend musées contre pétrodollars). Elles signalent également la publication d’un rapport terrifiant dû à Maurice Levy, P.D.G de Publicis et Jean-Pierre Jouyet, chef du service de l’inspection générale des finances, où ces personnes préconisent sans vergogne la fin de l’inaliénabilité des œuvres des musées.
Vous pouvez lire ce rapport à cette adresse (pages 122 et 123). Il est, décidément, temps de réagir.

P.S. (bis) A lire également, sur le site paris-art.com (dédié à l’art contemporain), un excellent éditorial sur le même sujet.

Lire notre éditorial du 7 janvier 2007.

Messages

  • J’ai suffisamment pesté contre certains propos de Francesca pour ne pas hésiter à la suivre sur cette campagne. Voici le texte complet paru dans Le Monde daté 13.12.06 :

    Les musées ne sont pas à vendre

    par Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht

    Jusqu’à présent, le monde des musées français était envié pour l’exceptionnel soutien dont il bénéficie de la part de l’Etat et des municipalités. Il l’était par exemple aux Etats-Unis, où un seul musée est national, celui de Washington. Tous les autres dépendent majoritairement de l’argent privé.

    Bien sûr les musées français savaient obtenir occasionnellement une aide provenant du mécénat privé, en particulier pour les expositions plus prestigieuses ; et il faut saluer cette nouvelle loi qui propose de fortes exemptions fiscales aux entreprises et personnes privées qui donnent des oeuvres d’art importantes, ou de l’argent pour les acquérir. Nous avons aussi souvent, en échange de mécénat, organisé pour le Japon ou Taïwan, pays pauvres en art occidental, des expositions à caractère scientifique, conçues par les conservateurs français.

    Pourtant, hormis le Musée Guggenheim de New York, qui fut le désastreux pionnier de l’exportation payante de ses collections dans le monde entier, et se vante d’être un "entertainment business", l’éthique des musées outre-Atlantique et du reste de l’Europe demeure jusqu’à présent irréprochable, mettant au premier plan les devoirs concernant les collections, la recherche, leur enrichissement, le travail scientifique des conservateurs, le rôle éducatif de l’institution, le respect du public, bref, les codes déontologiques des musées publiés par l’ICOM (Conseil international des musées).

    Philippe de Montebello, directeur du Metropolitan Museum de New York, avait déjà, en septembre 2003, lancé un avertissement sévère sur la commercialisation effrénée du patrimoine public, en particulier par le système des "loan fees" (prêts payants) d’oeuvres et la tendance de certains musées à s’orienter vers les "marchés culturels" et les "parcs de loisirs". Ils risquent, avait-il ajouté, "d’y perdre leur âme".

    Aujourd’hui, avec l’exemple de l’opération du Louvre à Atlanta, où des tableaux qui comptent parmi les plus grands chefs-d’oeuvre des collections comme le Et in Arcadia Ego de Poussin, le Baldassare Castiglione de Raphaël ou Le Jeune Mendiant de Murillo, ont été déposés dans la riche cité du Coca-Cola, pour un an ou trois mois, selon les oeuvres, en échange de 13 millions d’euros.

    Nous ne méprisons ni l’argent, ni le mécénat, ni l’Amérique, comme l’on risque très rapidement de nous en accuser ! Mais tout cela peut nous entraîner dans une déviance que nul ne pourra bientôt plus limiter. Sur le plan moral, l’utilisation commerciale et médiatique des chefs-d’oeuvre du patrimoine national, fondements de l’histoire de notre culture et que la République se doit de montrer et de préserver pour les générations futures, ne peut que choquer. Et puis pourquoi les sept millions de visiteurs annuels du Louvre, payants pour la grande majorité, devraient-ils être privés de ces oeuvres si longtemps ? Il est facile et injuste de mépriser un public à cause de son engouement monomaniaque pour La Joconde. Nombreux, fort heureusement, sont ceux qui vont découvrir autre chose.

    La permanence de certains chefs-d’oeuvre qui forment les collections d’un musée est une exigence que peut avoir tout visiteur. La quête de manne financière à laquelle pousse le nouveau statut des grands musées français peut expliquer certaines dérives, mais, fort heureusement, tous n’y cèdent pas.

    Le pire est encore à venir.

    L’exemple actuel d’Abou Dhabi est alarmant. Ce pays d’à peine 700 000 habitants se propose de construire, dans un site touristique et balnéaire afin d’en augmenter l’attractivité, quatre musées, dont un inévitable Guggenheim, et un "français", portant la griffe "Louvre", mais obligeant à des prêts à long terme tous nos grands musées, dont les responsables n’auront plus leur mot à dire. Ce sont nos responsables politiques qui sont allés offrir ce cadeau royal et diplomatique. Contre près de 1 milliard d’euros... N’est-ce pas cela "vendre son âme" ?

    Et qu’en est-il des intérêts réciproques avec la Chine ou l’Inde ? Une annexe du Musée national d’art moderne à Shanghaï semble être envisagée, alors que l’espace actuel du musée dans Beaubourg interdit de déployer ses collections, pour la plupart en réserve, qui feraient de lui, s’il y avait à Paris l’espace qu’elles méritent, l’un des deux plus beaux et des plus grands musées d’art moderne du monde, avec le MOMA de New York.

    L’ensemble des grands musées français et européens ont résisté à ces expansions ou locations commerciales et médiatiques et les désapprouvent. Tout comme s’y opposent la plupart des conservateurs français, contraints à un devoir de réserve contestable sur des sujets qui sont pourtant l’essence de leur métier. Bien sûr, il faut prêter des oeuvres d’art si leur état le permet et si leur sécurité est garantie, mais gratuitement, et dans le cadre de manifestations qui apportent une contribution à la connaissance et à l’histoire de l’art. C’était, jusqu’à présent, un impératif moral et scientifique.

    Selon quel principe, soucieux de la conservation et de la mise en valeur des collections patrimoniales, devrait-on utiliser les oeuvres d’art comme des monnaies d’échange ? Les enjeux politiques et diplomatiques doivent-ils primer sur toute autre considération et entraîner des dépôts payants d’oeuvres essentielles au patrimoine d’un pays ? Serions-nous le seul pays d’Europe à l’envisager ?

    Et imiter les locations de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg à Las Vegas par exemple, pour pouvoir payer ses employés ?

    Qu’avons-nous en France de mieux à offrir que nos trésors d’art, qui attirent chaque année une grande partie des 76 millions de touristes, les plus nombreux du monde ? Que l’on puisse rêver d’un monde où circuleraient librement les hommes et les biens de consommation est légitime. Mais les objets du patrimoine ne sont pas des biens de consommation, et préserver leur avenir, c’est garantir, pour demain, leur valeur universelle.

    Françoise Cachin est directeur honoraire des Musées de France ;
    Jean Clair est conservateur général honoraire et écrivain ;
    Roland Recht est professeur au Collège de France.


    En ce qui concerne la pétition, il suffit de cliquer sur l’adresse ci-desous :

    Les musées ne sont pas à vendre

    pour y "copier-coller" le texte suivant :

    « Je partage entièrement les opinions émises par Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht dans l’article intitulé : « Les musées ne sont pas à vendre » paru dans Le Monde daté du 13 décembre 2006 et je souhaite que l’on maintienne l’intégrité des collections des musées français. »

    signé de la manière suivante : Nom, Prénom, Qualités, Ville


    Ayant à nouveau accès au site (comme quoi, il ne faut jamais hésiter à protester), je suggère au collectif Bellaciao de constituer un dossier invitant non seulement à signer la pétition mais à débattre de ce qui oppose cette nouvelle marchandisation du patrimoine aux échanges et coopérations. Pourquoi ne pas opposer à cette opération financière avec un état richissime l’exigence d’une politique d’éducation populaire et de coopération avec les institutions culturelles des pays pauvres ?

    gib

    • Tu ne manques pas de culot toi ! (et l’amour propre ?)

      tu craches sur bellaciao sur d’autres sites, et tu viens te pavaner ici !!

      http://communistesunitaires.over-blog.com/article-5258476.html

    • Sois patient, mon ami :

      1- j’ai effectivement protesté parce que j’étais interdit de publication,
      2- ne recevant pas de réponse, je l’ai fait savoir,
      3- la suite viendra cet après-midi parce que j’ai quelques occupations professionnelles.
      4- entre l’urgence de signer la pétition mise en exergue par Francesca et la nécessité d’indiquer que Bellaciao a corrigé son attitude, j’ai choisi l’urgence.

      Comme l’a dit, Marie-George, occupons nous plutôt des luttes que de notre pomme !

      Je ne sais mettre les émotikons qu’utilisent les mômes sinon j’y aurai ajouté un clin d’oeil.

      @+

      gib

  • Merci Francesca d’alerter les lecteurs de Bellaciao sur une dépossession en cours.

    En effet, les conservateurs des musées se sont mis en grève, parce que le gouvernement français a décidé de prêter nos oeuvres du LOUVRE aux américains pour une "DUREE ILLIMITEE" (en quelque sorte un CDI, les veinardes !), contre des finances ? Pourquoi ce prêt ??? Que font-ils de nos impôts ??? Où ont-ils mis notre argent ???

    Après avoir bradé au capital nos acquis sociaux, voilà que maintenant, cette droite la plus nulle du monde (je suis polie), nous brade notre culture. A quand la chemise et la petite culotte, pour que nous soyons tout à fait à poil ??? J.

  • C’est peut-être l’occasion de rappeler que c’est sous le ministère de Madame C. Tasca, du gouvernement de L. Jospin, qu’a été votée une nouvelle loi sur les Musées de France,

    Cette loi a mis fin à l’inaliénabilité des collections nationales, par un amendement d’un élu alsacien de droite, amendement que les élus PS et la ministre ont laissé passer à l’Assemblée nationale, puis au Sénat...

    Comme il est d’usage, tout ce beau monde a juré que l’amendement serait sans effet.

    Et demain quand le libéralisme aura vendu tous les bijoux de famille, que les musées devront assainir leur gestion ("réduire l’endettement", "réduire l’Etat" réclament les libéraux), et qu’il faudra réparer la toiture, ON leur suggérera de vendre des oeuvres.

    De la fiction ?

    Non. C’est ce que se propose de faire, en Allemagne, le musée de Krefeld.

    Dans le libéralisme, il n’y a pas de patrimoine ni de biens communs, il y a juste des marchandises.

    Jean-François

  • Salut,

    Je ne vois dans cette affaire des musées que le commencement d’une façon de gérer les affaires publiques en général et le budget de la culture en particulier... mais les autres suivront.
    C’est l’une des premières conséquences de ce que l’on appelle la LOLF (loi organique sur les lois de finances) : loi préparée par DSK, que Fabius à fait voter en 2001, et qui a été mise en place par les gouvernemants que l’on subit depuis (pour ce qui est du vote, les communistes se sont abstenus à l’AN, ont voté contre au Sénat ; le PS et l’UDF l’ont voté, le RPR s’étant abstenu je crois pour des raisons purement politique puisquil était d’accord avec le principe).
    Je ne suis pas opposé par principe aux locations de tableaux mais c’est l’arbre qui cache la forêt. La LOLF met en place un système où le fonctionnement se fait par agence comme pour l’agence régional de l’hospitalisation. Un budget global est fixé tant pour le fonctionnement que pour les investissements, après c’est chaque établissement publique qui doit gérer l’argent sous sa responsabilité propre.

    Si par exemple, il arrive à économiser sur le fonctionnement, il pourra faire des investissements. S’il économise sur les investissements, l’EPIC ou l’EPA pourra améliorer le fonctionnement. Mais ensuite il se démerde pour trouver de l’argent en plus : il en découle que les biens artistiques publics serviront logiquement à compléter , voir à remplacer le budget des musées ou autres, par leur location. Ce fonctionnement de nature "privé" est parfaitement assumé par JF Copé lors d’une conférence de presse sur la mise en place de la LOLF en juin 2006 ou 2005.
    Cela ne favorisera pas du tout l’emploi car il y a un fameux principe dit de la fongibilité asysmétriques des crédits : les emplois sont prévus au budget pour un montant d’équivalent temps plein. Si l’etablissement arrive a faire des économies sur les crédits de personnel, il peut investir ou améliorer le fonctionnement. Mais les économies faites sur les investissements ou le fonctionnement ne peuvent pas servir à payé un emploi...
    Le louvre,a mon avis, ne fait qu’appliquer ces principes sous couverts d’opération commerciale de prestige.

    Mathieu (34).

    • Et dire que ballader les oeuvres d’art, contribue à les fragiliser, les abîmer. Encore de l’argent en perspective à mobiliser pour les restaurer. C’est pas faire des économies.

      Pourquoi le PC s’est abstenu, au lieu de voter non ? (dans le 1er §)

    • Salut,

      Je ne connais pas le fin mot de l’histoire mais j’ai un petit avis sur le déroulement des évènements :

      En plein gouvernement de gauche plurielle où dans la quelle Lionel Jospin parlait au nom de tous... Le groupe (Hue m’a tuer !) a fait le minimum pour dire son desaccord, l’abstention. C’est une "tradition républicaine" : t’es pas d’accord avec ta majorité, tu vas pisser pendant le vote. Au Sénat, comme de toute façon, on est minoritaire... pas de problème pour voter contre.

      J’espère que dans la nouvelle législature cela va changer : s’il existe un non de gauche au TCE, il peut très bien exister un vote contre un projet de loi PS qui soit aussi de gauche... Ou alors j’en perd le peu de latin que j’aie. Bon ok, il faut tenir compte de l’opinion publique qui pourrait ne pas comprendre le vote contre mais quand même, c’est un des points sur lequel je serai prudent pendant la prochaine législature. Parce qu’il n’y a pas que les élections, il ya aussi les combats quotidiens quand la gauche est pouvoir ; C’est là que retrouve l’utilité d’un parti, pour faire passer les raisons du vote contre ou faire monter la pression....

      bonne journée.

      Mathieu (34).