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Les retraites... et le mystere de la chambre jaune

Publie le vendredi 28 mai 2010 par Open-Publishing
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LE BON BOUT DE LA RAISON

Prenons Le Mystère de la chambre jaune : une tentative d’assassinat est perpétrée dans une chambre, jaune, hermétiquement close où l’assassin n’a pas pu pénétrer. D’où le “mystère”. Nul n’ignore que Rouletabille résout l’énigme en la prenant par “le bon bout de la raison” : si l’assassin n’a pas pu rentrer, c’est donc qu’il n’y était pas. A partir de ces prémisses, la solution va aller de soi : la tentative a bien eu lieu, mais à un autre moment, quand la chambre jaune n’était pas fermée. On connaît la suite.

Prenons de même le problème des caisses de retraites : elles se vident plus vite qu’elles ne se remplissent. On va donc tenter de résoudre le problème de leur vacuité en diminuant le nombre des retraités et leur pension. Ce faisant, on va créer de la misère qui contribuera à la récession. Ceci, en termes écono-miques. Car on se garde bien d’évoquer le problème en termes humains : quelle fin de vie pour des travailleurs fatigués — car à 60 ans, n’en déplaise à ceux qui le taisent, le corps est vieux — et dont la retraite est le seul patrimoine ? Les retraités du CAC 40 ne suffiront pas à dynamiser la consommation, même s’ils respirent les millions d’euros de leurs retraites accumulées.
Suivons donc Rouletabille et au lieu de nous acharner sur les travailleurs qui n’en peuvent plus, prenons le problème des retraites par le bon bout de la raison : puisqu’au sortir de la 2e guerre mondiale, le CNR (Conseil National de la Résistance), mû par un idéal social et solidaire, réussit à mettre en place le système des retraites et de la protection sociale dans un pays exsangue, et qu’aujourd’hui la production de richesses et des profits a augmenté dans des proportions importantes, si les caisses sont vides, ce n’est pas que les retraités vivent trop longtemps ou sont trop nombreux, c’est que l’augmentation des profits qu’ils génèrent par leur travail ne revient pas dans les caisses créées pour les aider et protéger leur vieillesse.

Pour trouver la solution, le bon bout de la raison consiste, non pas à dire que l’argent manque, mais à se demander où il passe. Et à diriger le flux des profits du travail vers les systèmes solidaires de ceux qui les produisent.L’assassin n’est donc pas du côté des retraités, présents ou futurs , ni du côté du temps de travail, mais du côté du détournement. Par exemple, des plus de 100 milliards d’euros par an qui ont dérivé vers les actionnaires…

A moins qu’on n’ait nullement l’intention de sauver le système solidaire : en ce cas, l’assassin est au coeur des caisses de retraites pour les assécher afin de faire couler le flux d’argent vers les assurances privées. Bizarre : jamais je n’ai reçu autant de propositions de ma banque pour m’assurer contre tout, culture de la peur aidant.

Les espèces vivantes le savent toutes, pourtant : seule l’entraide garantit la survie dans l’adversité. Relisez donc Kropotkine : L’entraide, un facteur de l’évolution.

M. M., Paris, 27 mai 2010 (reproduction libre)

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