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Les "victimes" oubliées de l’affaire Clearstream
Publie le lundi 28 septembre 2009 par Open-Publishing1 commentaire
28.09.09 | 18h10
Par Thierry Lévêque
PARIS (Reuters) - Plusieurs personnalités mentionnées sur les faux listings de la société Clearstream, au coeur d’une manipulation politique opposant Nicolas Sarkozy à Dominique de Villepin, ont regretté devant le tribunal de Paris que l’enquête se soit focalisée sur le chef de l’Etat.
A la quatrième audience du procès, elles ont mis en doute la version de l’accusation et des deux juges d’instruction, selon lesquels l’utilisation de faux documents en 2004 était dirigée contre Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, dans un climat de rivalité avec Dominique de Villepin en vue de l’élection présidentielle de 2007.
Figuraient en fait sur ces listes, remises par le vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin à la justice, des centaines de noms.
On y trouvait des industriels de l’armement, des hommes politiques de droite et de gauche, des policiers, des magistrats, des avocats, et même le mannequin Laetitia Casta, la chanteuse Alizée Jacotey et le journaliste Edwy Plenel.
Certains ne sont pas venus au procès et ne sont pas même représentés par des avocats, comme l’actuel patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn.
Une quarantaine de personnalités se sont en revanche constituées parties civiles.
Alain Gomez, ancien patron de la société d’armement Thomson, a expliqué à la barre qu’il n’avait jamais été entendu par les juges d’instruction, alors qu’il avait déposé plainte un an avant Nicolas Sarkozy, fin 2004.
Il a précisé n’avoir aucun litige avec Dominique de Villepin mais a désigné Jean-Louis Gergorin comme l’auteur de la manipulation, dont il pense avoir été la cible principale. "Depuis 1994, je suis suivi par ses persécutions", a-t-il dit.
"UNE SALOPERIE"
Les listes envoyées par son rival au magistrat Renaud Van Ruymbeke en 2004 s’accompagnaient en effet de courriers qui le disaient complice du crime organisé russe, dont les noms de certains membres réels ou supposés étaient aussi sur les listes, a-t-il souligné.
Alain Gomez a relaté la vive rivalité qui l’opposait à Jean-Louis Gergorin, dans le contexte plus général d’une âpre concurrence entre deux sociétés d’armement, Thomson et Matra, remontant au début des années 1990.
Après un contrat de frégates signé entre Thomson et Taïwan en 1991, aux dépens du groupe adverse, un affrontement avec plaintes croisées entre les deux groupes a ensuite éclaté avec un premier procès en 2006, a dit le tribunal.
Le journaliste Edwy Plenel, aujourd’hui dirigeant du site internet Mediapart, a critiqué aussi l’instruction, menée selon lui exclusivement au service de Nicolas Sarkozy.
"Il y a ici une hyper partie civile, comme il y a un hyper président (...). Cette instruction a été menée de façon univoque, nous ne rentrions pas dans le cadre", a déclaré le journaliste.
L’ancien directeur de la rédaction du journal Le Monde a dit ne pas savoir pourquoi il avait été ciblé par la manipulation, mais, a-t-il remarqué, Jean-Louis Gergorin aurait pu être déçu qu’il ne donne pas suite à des "informations" qu’il lui avait fournies en 2003.
Jean-Louis Gergorin lui avait alors affirmé que son mentor, Jean-Luc Lagardère, mort de maladie en 2003, avait en fait été assassiné par des mafieux russes avec la complicité d’Alain Gomez, un récit non publié car "sans aucune substance", a raconté le journaliste.
Pierre-Philippe Pasqua, fils de l’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pasqua, a déclaré de son côté qu’à ses yeux, c’était son père qu’on visait à travers lui.
"C’était une saloperie", a-t-il dit. Il en voit l’origine dans "le combat politique féroce engagé en 1994", lorsque son père avait abandonné Jacques Chirac pour soutenir son rival Edouard Balladur.
Quant à Allain Guilloux, avocat qui fut jugé dans le procès des ventes d’armes présumées illégales à l’Angola, il impute sa présence sur les listes à l’ancien patron des Renseignements généraux Yves Bertrand, proche de Jacques Chirac.
Le procès se poursuit mardi.
Edité par Sophie Louet





Messages
1. Les "victimes" oubliées de l’affaire Clearstream, 28 septembre 2009, 18:47, par momo11
Ce qui est sur dans ce marigot politicard,c’est que les pasqua sont innocents,comme toujours......momo11