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Lettre ouvertes aux spécistes (videos)
par Dominique Joron
Publie le samedi 25 janvier 2014 par Dominique Joron - Open-Publishing7 commentaires
Lettre ouverte aux spécistes
(Amateurs de viande, produits laitiers, œuf, cuir, fourrure, laine, spectacles avec animaux, pro-vivisection)
Mon but n’est pas de vous importuner mais il me paraît très important d’accorder une attention toute particulière à la condition animale : condition de vies effroyables de milliards d’êtres sentients chaque année.
Le mot "sentience" existe en anglais mais il n’a pas de correspondance dans la langue de Molière, ce qui n’est sans doute pas un hasard, hélas !..
La souffrance physique d’un animal est en principe collectivement admise mais sa souffrance psychologique, bien souvent, ne l’est pas encore. C’est un peu cela que l’on peut appeler la sentience, cette capacité à ressentir la souffrance morale et toutes sortes d’autres sentiments du plus agréable au plus intolérable, à l’instar des humains.
Ainsi, les animaux souffrent terriblement de leur privation de liberté, de leur emprisonnement (y compris quand ils sont nés en détention, les mouvements stéréotypés des animaux dans les cirques en sont une preuve parmi d’autres) ou de la séparation des uns avec les autres (comme par exemple les vaches folles de douleur pleurant leur petit veau qu’on leur a arraché, ce, pour lui voler son lait destiné par l’homme à l’homme alors qu’il revenait de droit au petit. Dans quel état mental les petits veaux séparés de leur mère sont-ils plongés alors, d’après vous ?..)
Les animaux ont donc des pensées, éprouvent des émotions et des sensations, peuvent avoir des projets (bien sûr à leur niveau), ont une représentation de soi et des autres, sont capables de stratégies pour vivre etc.
Tout ceci en fait donc des êtres sentients et qui souffrent psychologiquement quand leurs conditions de vie sont très difficiles, qui peuvent éprouver un stress intense quand ils savent qu’ils vont être confrontés à leur mort dans un abattoir sans omettre la souffrance physique) alors qu’ils n’ont pas plus envie de mourir que vous et moi !
Et puis, nous avons encore quantités de choses à découvrir sur les animaux et même la compassion dont on se vante tant alors que bien des humains en sont dépourvus et que des animaux, comme les rats et les singes (parce que des expériences ont été faites sur eux mais il y en a sans doute d’autres) sont capables de gestes compassionnels forts que peu d’entre nous auraient le courage d’avoir.
Il faut donc déjà savoir admettre que nous ne sommes pas les seuls sur cette planète et que les autres "terriens" sont capables d’éprouver les mêmes choses que nous, humains.
Après avoir intégré, la question de la sentience, qui va, comme vous le voyez, bien au-delà de la seule souffrance physique, on ne peut plus admettre comme éthiquement acceptable quelque élevage que ce soit, pas même les élevages traditionnels : les animaux élevés dans de tels élevages ressentent la frustration de ne pouvoir aller au-delà des enclos. Quant à leur fin dramatique, elle est bel et bien la même que celle des animaux d’élevages intensifs : terreur, angoisse, douleurs physiques indicibles. Alors, pourquoi persévérons-nous dans cette acceptation de l’exploitation, de l’esclavage et de la mise à mort des animaux ? La réponse est le mot SPECISME. Nous, humains, sommes spécistes.
Le spécisme est une discrimination comme le racisme, le sexisme, sont d’autres discriminations. Il y a un socle commun à toutes les discriminations car chaque fois qu’il y a discrimination un groupe d’individus se proclamant supérieur à un autre groupe d’individus s’autorise à le dominer, à l’exploiter et à ne pas lui reconnaître des droits pourtant élémentaires. Ainsi, l’esclavage des noirs s’est-il bâti sur le racisme, le noir n’étant pas considéré comme un humain à l’époque.
Le racisme et le sexisme sont des discriminations d’une certaine catégorie d’humains sur une autre catégorie d’humains (Blancs/Noirs, hommes/femmes)
Le spécisme, quant à lui, est une discrimination inter-espèces, c’est-à-dire qu’elle va au-delà des discriminations entre différents groupes ou communautés humaines. L’argument de la supériorité est infondée quand on évoque différents "genres" d’humains (les blancs, les noirs, les femmes, les hommes) mais il peut être réel si on évoque certaines qualités ou aptitudes de ces derniers comme l’intelligence, la créativité, que ce soit dans le domaine pratique ou artistique.
Pourtant, décidons-nous d’exploiter, enfermer, tuer, dépecer, découper et manger des êtres humains moins intelligents ? La réponse est bien évidemment : "NON !"
Par conséquent, l’argument selon lequel nous pouvons disposer comme bon nous semble des animaux non humains pour la simple raison qu’ils sont moins intelligents ou créatifs (ce qui reste à démontrer), cet argument tombe du même coup..
Et pourtant, c’est bien à partir de ce non-sens que notre monde fonctionne depuis longtemps et que nous exploitons sans vergogne les animaux. L’élevage industriel n’en est que la phase ultime, le sommet dont beaucoup de gens s’accordent à en dénoncer "l’inhumanité" alors qu’il est l’œuvre aboutie de l’humanité telle qu’elle est conçue aujourd’hui et hier avec ses valeurs comme la cupidité, la compétition, l’égocentrisme.
Notre préoccupation concernant le calvaire que nous faisons endurer à des milliards d’animaux innocents est nulle face à nos intérêts égoïstes fussent-ils très secondaires.
Ainsi, songeons devant chaque escalope, chaque steak. à mettre en balance la vie misérable, de l’être sentient confiné à vie, que l’on a fait mourir dans des conditions probablement insoutenables alors que celui-ci n’a pas encore atteint l’état d’adulte pour ce plaisir furtif de manger, de nous régaler de sa chair... ! Un intérêt si minime quand on le met en balance avec la vie, oui la vie, des animaux ! On ne le ferait évidemment pas avec un humain et on le fait sans réfléchir avec un animal parce que c’est un animal. Oui mais pourquoi se le permettre parce que c’est un animal ?
Bien sûr, on n’y pense pas quand on se régale de morceaux de cadavres d’animaux D’ailleurs, combien de fois nous, militants pour la cause animale avons-nous entendu lors d’actions : "oui mais c’est si bon !" L’être humain est donc prêt à emprisonner sciemment, à tuer (ou faire tuer) sciemment un animal simplement parce que sa chair est bonne à manger ! La gourmandise peut-elle excuser qu’on sacrifie cette multitude d’êtres qui voulaient tant continuer de vivre ???
On pourrait aussi évoquer bien d’autres exemples, comme celui des "animaux de cirques" dont l’emprisonnement à vie et les mauvais traitements nous laissent indifférents pourvu que ces animaux émerveillent les enfants ! Pourtant ne serait-il pas plus intéressant d’apprendre aux petits qu’il n’est pas bien d’aller au cirque parce que ce sont des lieux où on y voit des animaux très malheureux à cause de l’homme ? Ne vaudrait-il pas mieux apprendre aux enfants le respect, l’amour et la compassion pour tout être sentient ???
Prenons encore le cas de cet animal qui aura eu la chance de vivre libre mais dont on interrompra brutalement l’existence d’une balle comme ça pour le plaisir, le plaisir de tuer, le simple mais horrible plaisir de tuer que peu de personnes remettent en question parce que les victimes sont des animaux, "ne sont que des animaux !"comme elles le disent : là encore, c’est l’idéologie SPECISTE qui justifie ces actes meurtriers, cette réflexion commune !.
Il y a donc un travail considérable pour déconstruire les mécanismes du spécisme enfouis en chacun de nous depuis certainement la nuit des temps et qui nous donne une perception déformée de la réalité, rendant le martyre animal normal à nos yeux. Nos cultures, nos modes de pensées et d’actions, ce regard que nous portons sur l’animal sont profondément spécistes. Le spécisme déforme la réalité et rend acceptable à nos yeux le fait d’exploiter des êtres tels de simples objets.
Et pourtant les antispécistes, dont je suis, souhaitent que les droits élémentaires des animaux comme de vivre libres, ne pas souffrir (par nous) et ne pas être tué (par nous / sauf cas de légitime défense bien sûr) soient respectés. Nous avons su, de par notre évolution, créer une communauté humaine avec des femmes et des hommes qui ont des droits identiques, une reconnaissance d’être humain quel que soit nos origines, la couleur de notre peau. Alors, pourquoi ne pas élargir notre communauté à celle de TOUS les Terriens puisque nous sommes tous des habitants de cette Terre, TOUS SENTIENTS ?! Cette communauté serait basée sur l’égalité entre tous les Terriens !
"Terriens", c’est d’ailleurs le titre français d’un film que je vous invite à découvrir. Il va dans le sens de ce que j’ai écrit précédemment mais il fait aussi un état des lieux de la si grande misère animale, que dis-je de ce que l’homme est capable de faire subir aux animaux et cela tous les jours, à chaque instant, chaque seconde et ce depuis des millénaires.
Ce qui fait penser à certains que nous ne sommes pas dans l’urgence et pourtant si nous étions à la place de tous ces martyres, nous n’en pourrions plus d’attendre le moment de notre libération car il y a urgence depuis bien longtemps, urgence qui perdure à chaque seconde qui passe où que ce soit sur notre planète.
Attention, les images sont très dures et dépassent parfois les scénarios les plus violents des films d’horreur !
Enfin, je vous invite à écouter Mélanie Joy, professeure universitaire de sociologie et de psychologie qui aborde la question sous un angle légèrement différent. Elle parle de carnisme au lieu de spécisme mais les mécanismes et les fondements sont identiques.
Si vous pouviez, à l’occasion, me faire savoir ce que vous pensez de tout cela, j’en serais heureux. Une profonde réflexion sur ce sujet vous aura-t-elle conduit(e) à changer considérablement votre comportement envers les autres êtres sentients, les animaux autres que les animaux humains ? Il n’est pas dans mes objectifs de vous culpabiliser ayant passé moi-même la majeure partie de ma vie à être spéciste, carniste et à participer sans trop savoir ni pourquoi ni comment au massacre animal, non, je souhaite seulement vous aider à vous interroger et je l’espère à changer pour nous rejoindre dans l’heureux monde des antispécistes, des Végans.
Dominique Joron
Messages
1. Lettre ouvertes aux spécistes, 25 janvier 2014, 12:25, par Roberto Ferrario
C’est un film très dur et important... mais Dominique nous on la propose le 25 février 2007 ;-) et est resté en premier page tout ce temps sur notre site...
Rient enlève a ton article intéressant et que pose des questions sérieuses même sur notre prospective de nouvelle société socialiste (communiste), par rapport a toutes formes de racisme et à la violence... ;-)
Merci
ps : ici, EARTLINGS : Terriens (vidéo très difficile) http://bellaciao.org/fr/spip.php?article43583
1. Lettre ouvertes aux spécistes, 25 janvier 2014, 14:18, par Roberto Ferrario
A regarder cet video :
"L’incroyable geste de Wounda à Jane Goodall "
ici : http://www.youtube.com/watch?v=lf08i5vqIvQ
2. Lettre ouvertes aux spécistes, 25 janvier 2014, 14:23, par Roberto Ferrario
Et cet article :
"Japon : massacre de dauphins dans la baie de Taiji (video et livestream) "
ici : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article139432
3. Lettre ouvertes aux spécistes, 25 janvier 2014, 14:58
Le "poing" sur le graphisme c’est la version "animale" de celui de "CANVAS", alias "OTPOR" ???
Et Georges SOROS il joue quel rôle dans tout ce bazar ?
Il m’a semblé retrouver son coup de "griffe" ? ((- :
Intéressant et instructif !!!
G.L.
4. Lettre ouvertes aux spécistes, 26 janvier 2014, 10:51, par Dominique Joron
oui, c’est vrai, mais je l’ai envoyé aussi ailleurs
5. Lettre ouvertes aux spécistes, 26 janvier 2014, 10:53, par Dominique Joron
je ne sais pas trop quoi te répondre..Je l’ai "piqué" sur You Tube
2. la nature et la prédation, 26 janvier 2014, 12:05, par Dominique Joron
Faut-il interdire aux loups de manger de la viande....
– Perso, je me définis comme anti-nature et la prédation me pose problème mais c’est un autre sujet. Les animaux que tu cites sont plus ou moins carnivores et donc il est nécessaire qu’ils consomment des animaux. C’est toute la cruauté de la nature. L’homme n’a pas cette nécessité de consommer du cadavre, pour les uns il est omnivore pour d’autres de part son système digestif, sa dentition, ses machoires, l’orientation de ses yeux, son absence de griffe etc il serait même végétalien. Enfin, l’homme, ou du moins certains, ont la conscience que cela est mal, que ce n’est pas défendable éthiquement. Pour les animaux carnivores, comme le loup, nous ne le savons pas et si c’était le cas, ce serait très difficile pour eux, puisque au contraire de nous, il y a sans doute une nécessité de consommer des animaux !
A partir de quelles tailles doit on laisser fleurir notre empathie compassionnelle :
virus, bactéries, insectes, souris, poissons, mollusques ?
– On parle de sentience. Je n’ai pas de connaissance suffisante afin de savoir si les insectes sont des êtres sentients. Il semble quand même éprouver de la souffrance et à ce titre, je ne mangerais jamais un plat d’insectes. Idem pour les mollusques. Pour le poisson, la question de la sentience ne se pose plus ! Quant aux méchants virus et méchantes bactéries, il y là dans ta question comme une confusion. Avoir de l’empathie, de la compassion pour les animaux ne veut pas dire ne rien faire si l’on se fait agresser par l’un d’eux. Que ce soit par une bactérie ou par le chien du voisin ! Après peut-on dire que les virus, les bactéries, les microbes sont des êtres sentients ? Je ne pense pas !
Les plantes, elles mêmes, sont des organismes vivants dotés de capteurs subtils leur donnant une capacité de ressentir.
– Il semble que leur capacité à souffir soit, disons, moins développée et on ne sait pas exactement quelles actions peuvent ou ne peuvent pas les faire souffir ? On est encore beaucoup dans le doute alors qu’en ce qui concerne les animaux, on est dans la certitude. Au niveau de la sentience, nous sommes loin d’avoir prouvé que les plantes sont sentientes et même si certaines sont capables de prouesses pour se défendre (comme le fameux acaccias !), je ne pense pas que ce soit un acte réfléchi, prémédité mais une réaction "naturel" comme ta peau se reconstitue toute seule quand tu t’es blessé sans que tu n’y fasses rien ! Par ailleurs, tu prends un arbre ou n’importe quelle plante, tu mets autour de lui ou d’elle, un grillage, et bien il ou elle pourra s’épanouir, vivre tout à fait normalement alors que tu fais la même chose avec un animal et il sera malheureux, montrera à force des signes de folie et tu seras obligé de subvenir à ses besoins alors que l’arbre et la plante pourront se nourrir grâce à leurs racines ! Enfin, on peut dire qu’un carniste consomme des légumes, des céréales avec sa viande, que la viande provient d’un animal qui aura consommé de l’herbe alors qu’un vegan lui n’aura consommé que des fruits et des légumes, céréales donc il aura forcément moins participé aux massacres collectifs des plantes !
Le monde vivant est une vaste entité où l’équilibre nait de prédations emboités parfois réciproques.
– Effectivement, il semble qu’il y ait une certaine harmonie dans la nature et que chacun peut avoir sa chance. Ainsi pour les animaux, la proie a la capacité de fuir le prédateur et si elle coure plus vite, si elle est plus maligne que lui d’en réchapper. On peut même imaginer des prédateurs mourir de faim car pas assez "compétitifs" ! Or, cette équilibre n’existe pas pour les plantes et leur "immobilité" leur empêche toute fuite. Bien sûr, ce n’est pas une preuve de la non-souffrance des plantes mais on peut s’interroger quand même ?
Il n’empêche que l’attention portée aux conditions d’élevage et à la diminution de la consommation de viande sont des objectifs nécessaires et importants mais qui ne doivent pas nous faire oublier que la principale menace que nous représentons pour la géosphère est celle de notre démographie surabondante !
– Je suis bien d’accord avec la fin de ton analyse concernant la démographie surabondante qui est à mon sens le problème écologique n°1. Mais en l’occurence, je ne traite pas ici d’un sujet écologique mais d’un sujet éthique. Ce n’est pas tout à fait la même chose et l’on peut être interpellé par les deux. Enfin, prôner une réduction de viande prouve, malheureusement que l’on n’a pas vraiment compris le sujet. Je terminerais par une comparaison : un homme qui tapait naguère sa femme tous les jours, ne le fait plus qu’une fois par semaine. Il a réduit sa violence, sa femme est plus tranquille six jours sur sept...Est-ce pour autant acceptable ? Je ne le pense pas et quand on prend conscience de la sentience des animaux, leurs capacités à souffir tant physiquement que psychologiquement (contrairement aux plantes) on ne peut pas se contenter de diminer sa consommation de viande. Cela ne veut rien dire !