Accueil > Ligue algérienne de défense des droits de l’homme : l’état d’urgence a (...)

Ligue algérienne de défense des droits de l’homme : l’état d’urgence a permis le plébiscite

Publie le mardi 13 avril 2004 par Open-Publishing

La seule constante de la pratique politique algérienne, depuis l’époque
coloniale, est la fraude électorale. Les échéances électorales se succèdent
et se ressembles, et les pratiques qui faussent le scrutin, le libre choix
des électeurs, pervertissent et détournent le suffrage universel, sont
permanentes.

Le président candidat a cédé à la tentation de se faire élire avec un taux
de 83,49% de suffrages exprimés, en contrôlant les élections, en réduisant
les votes des citoyens à des approbations unanimes qui consacrent son
triomphe sans surprise et sans gloire. Cela rappelle étrangement la
procédure de prédilection du colonialisme français, qui est le truquage des
urnes.

Les élections d’avril 1948 pour élire 120 délégués à l’assemblée algérienne,
organisées par le gouverneur général Edmond Naegelene, qui s’était rendu
célèbre par ses opérations de fraude électorale, tournèrent au ridicule et à
la mascarade.

Guy Mollet secrétaire général de la section française de l’internationale
socialiste (SFIO) a déclaré : « si les élections avaient été débarrassées de
la tutelle administrative, Messali auraient recueilli 80% des voix. Il a
recueilli à peine plus de 15% ».

L’étrange coïncidence, les cinq concurrent du président candidat ont
recueilli à peine plus de 15% des voix. L’histoire avance à reculons. Le
pouvoir est revenu à la cécité politique des colons. Le droit du peuple
algérien à disposer de lui-même, est devenu le droit de l’état à disposer de
son peuple. La question de la sincérité électorale n’a jamais été résolue.

Le pouvoir se prend et se garde en Algérie, par un coup d’Etat militaire, ou
par un coup d’état par les urnes.

La fraude électorale a commencé bien avant l’ouverture de la compagne
électorale par l’asservissement de l’administration, l’instrumentalisation
de la justice, la monopolisation des medias lourds, et l’utilisation des
moyens de l’Etat.

L’implication de l’administration qui s’est octroyée le droit régalien d’
être à la fois juge et partie, dans la compagne électorale, a fait surgir le
spectre de la fraude.

La majorité des algériens n’a pas cru à des élections libres et
transparentes supervisées par un gouvernement qui s’est transformé en comité
de soutien au président candidat, et dont le chef a truqué à 100% les
élections locales du 23 octobre 1997, ce qui relève du hold up électoral et
du gangstérisme politique.

Le président candidat a voulu prouver que la classe politique est sans
encrage dans la société.

Le boycott, l’abstention ou le bulletin blanc ont exprimé le scepticisme
quand aux vertus du bulletin de vote. L’hiver politique rigoureux n’a pas
laissé place au printemps démocratique.

L’attentisme, dans lequel se sont prudemment cantonnés les décideurs de l’
armée, dont l’éloge maintes fois répété par le président candidat avait un
avant goût d’oraison funèbre, a favorisé les partisans d’un système
politique désuet qui est en phase finale, en fin de règne. Pour ce système l
’homme est un sujet, les disparus des morts sans sépulture, ou des vivants
sans existence.

Il y a deux catégories de dirigeants, ceux qui ont sacrifié leur carrière à
l’Algérie,et ceux qui ont sacrifié l’Algérie à leur carrière, assimilant les
intérêts supérieurs du pays à ceux des féodalités politiques promises sur
les seuls critères de la courtisanerie et de l’affairisme.

La confusion entre la politique et les affaires, porte atteinte à l’autorité
de l’état et le discrédite.

Le recours au conseil constitutionnel, frappé de discrédit pour sa
partialité et le non respect de ses obligations constitutionnelles, est
inutile.

La publication d’un livre noir dans les meilleurs délais avec des témoins
qui parlent et agissent pour faire la lumière sur les mécanismes de la
fraude est hautement souhaitable.

La LADDH interpelle les acteurs de la société politique et de la société
civile pour rejoindre sa compagne pour la levée immédiate de l’état d’
urgence.

Alger le 12 avril 2004

Maître Ali Yahia Abdennour.

Président de la LADDH