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M. Delanoë : "L’extrême gauche conduit à l’impuissance"

Publie le dimanche 31 août 2003 par Open-Publishing

Le maire de Paris était l’invité d’Arnaud Montebourg, qui appelle "toutes les gauches" à se parler.

Frangy-en-bresse (saône-et-loire) de notre envoyé spécial

Arnaud Montebourg aime les performances. "En tout, le chef a préparé 22 kg de lentilles, 150 m de saucisses et 40 kg de tomates", a-t-il fièrement annoncé, à l’heure du déjeuner, pour attester le succès de la 31e édition de la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse, dimanche 24 août.

L’"affluence record"- 600 personnes - a été portée par le chef de file du Nouveau Parti socialiste (NPS) au crédit de l’invité du jour, Bertrand Delanoë. "Les autres années, disait-il, quand nos militants faisaient le tour des villages, les gens leur demandaient qui était l’invité et ils donnaient 10 francs ou 1 euro. Cette fois, en plus, ils sont venus."

Le maire de Paris a vérifié cet intérêt quand une participante lui a remis un bouquet de roses en s’enquérant de son état de santé. "Si je suis là, c’est que je vais bien", a-t-il répondu, avant d’offrir discrètement ses fleurs à une autre femme. M. Delanoë a aussi tenu à rassurer ceux qui s’inquiétaient du "feu vert" qu’il avait sollicité auprès de François Hollande avant de faire le déplacement. "Je prends toujours les conseils de François quand je pense qu’une de mes décisions peut être mal interprétée, a-t-il précisé. J’ai répondu à l’invitation d’Arnaud de façon amicale, naturelle et enthousiaste. Et comme François m’a dit que c’était une très bonne idée, je suis venu avec encore plus d’enthousiasme !"

Le maire de Paris savait aussi retrouver sur place un homme qu’il "admire" et pour lequel il éprouve "beaucoup d’affection" : l’ancien ministre Pierre Joxe, membre du Conseil constitutionnel et fondateur de la fête de Frangy.

"DÉSUNION MORTELLE"

Contrairement à l’année précédente, quand il préparait son offensive au congrès de Dijon, M. Montebourg n’a pas critiqué, à la tribune, la direction du PS. "Les socialistes discutent entre eux, ils ne se déchirent pas, a-t-il assuré. (...) La désunion serait mortelle car nous avons besoin d’un parti fort et puissant." M. Delanoë a approuvé : "Le PS doit respecter chacune et chacun de ses membres" - mais pas au détriment du "collectif". Il a souligné qu’à Dijon "une ligne politique et un dirigeant, François Hollande, ont été choisis" ;"Ce choix doit être respecté", a-t-il affirmé, même s’il faut "que vivent la démocratie, les différences et les idées".

M. Montebourg, lui, persiste à souhaiter un marquage plus à gauche face à une droite "dont la baisse des impôts des plus favorisés constitue le seul programme" et à un premier ministre qu’il accuse d’avoir fait sienne la devise de Mazarin : "Farde ton cœur comme tu fardes ton visage" et s’affiche en chef d’un "gouvernement de l’esquive et du mensonge". Aussi le député du cru appelle-t-il "toutes les gauches -à- travailler ensemble et -à- construire un projet réaliste, fiable mais ambitieux". Et de préciser : "Il faudra aller parler avec José Bové, discuter avec les altermondialistes, avec tous ceux qui ne veulent pas se résigner à la fatalité de ce monde. Et il faudra que le Parti socialiste mette du vin dans son eau et que les autres mettent de l’eau dans leur vin."

Sur ce point, M. Delanoë ne cultive guère d’illusions. "Je n’ai rien contre les intentions des militants et de certains des dirigeants de l’extrême gauche, a-t-il expliqué. Mais il se trouve que, dans l’histoire, l’extrême gauche n’a conduit qu’à l’impuissance ou au totalitarisme." L’alternative à une droite qui, selon lui, "réussit à démolir tout ce qu’il y avait comme acquis sociaux", le maire de Paris ne la conçoit qu’avec le PS aux commandes.

Quant à la lutte contre une mondialisation "injuste" qu’il assure vivre "avec souffrance et tristesse en cette rentrée marquée par les attentats de Bagdad, de Jérusalem et les représailles contre les Palestiniens", c’est l’Europe qui, à ses yeux, est la mieux armée pour la conduire. Le Forum social européen, dont les travaux se tiendront à la mi-novembre à Paris et en Seine-Saint-Denis, sera pour lui l’exemple de ces "contre-pouvoirs"qu’il appelle de ses vœux.

Jean-Pierre Tenoux
ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 26.08.03