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MADAGACAR - PAYS D’AVENIR OU D’INFORTUNE
par Allain GRAUX
Publie le jeudi 9 février 2017 par Allain GRAUX - Open-PublishingJe viens de publier un article sur la situation à Madagascar . Si cela vous intéresse :
Un pays d’avenir ou d’infortune ?
Avant l’arrivée des Français, malgré une timide apparition des épices, du café, de la vanille, du clou de girofle, les agriculteurs Betsimisarakas en étaient restés au tavy, à la culture sur brûlis, les éleveurs Baras et Sakalavas à l’élevage contemplatif tandis que les paysans Merina et Betsileo maîtrisaient parfaitement la culture du meilleur riz du monde.
L’industrie était inexistante en dehors de l’expérience de Jean Laborde[1] à Mantasoa. Le pays vivait en autosubsistance, avec peu d’échanges. Car les souverains s’étaient toujours opposés à la construction de routes. Le portage s’effectuait à dos d’hommes.
Après 90 ans de colonialisme français et 30 ans d’indépendance totale, on pourrait considérer au premier abord que les choses n’ont guère évolué et même régressé pour un peuple qui semble se contenter de peu et qui préfère vivre du souvenir illustré par la cérémonie du « famadihana », le retournement des morts. Madagascar a pourtant de nombreux atouts, une corne d’abondance placée dans son berceau. Par son relief, sa situation géographique, elle bénéficie d’une grande diversité de climats, rarement malsains, qui rend possible la pratique de toutes les cultures. A celles traditionnelles du riz, de la canne, de la vanille, du café, des fruits exotiques, s’ajoutent le blé, la pomme de terre, le coton, le soja, le maïs, le tabac, le thé et la vigne. Les terres sont généralement fertiles et bien arrosées dans de multiples bassins et vallées. L’eau est abondante dans une grande partie de l’île, sauf à l’extrême sud. Mais il faudrait en finir avec les brûlis, développer de nouvelles cultures et de nouveaux élevages. Les collines dénudées pourraient être plantées reboisées (comme cela a commencé à se faire, hélas avec des eucalyptus[2]), afin d’éviter l’érosion qui ravage les terres arables[3]. Par ailleurs, l’une des causes des émeutes à Madagascar en 2008, fut la location, pour une période de 99 ans, par Daewoo Logistics (société coréenne) de plus d’1,3 million d’hectares situés sur les plateaux, pour produire de l’huile de palme et du maïs. Une surface représentant la moitié des surfaces cultivables du pays.[4] Cela provoqua le renversement et le départ du Président Ravalomanana en 2009.
Le développement passe par la possibilité de consommation des populations paysannes. L’agriculture fait vivre quatre habitants sur cinq. Il faut créer les infrastructures routières et de transports qui permettront le développement économique des campagnes et les échanges commerciaux.
Il existe des gisements de chrome, de bauxite, de nickel, de fer, d’uranium, de charbon, de quartz, de l’or sans oublier les pierres précieuses. On cherche du pétrole dans le nord-ouest, vers Majunga.
Alors pourquoi, comment expliquer la déshérence économique et humaine dans laquelle se trouve Madagascar, un si beau pays, pourvu de multiples atouts et habité par un peuple si attachant ?
Le rejet du colonisateur français à partir de 1972, la coupure brutale par la France, avec l’arrivée au pouvoir de l’amiral rouge Didier Ratsiraka en 1975, ne permit pas de poursuivre l’industrialisation faute de moyens financiers. Aussi par manque des compétences humaines nécessaires, d’insuffisance de la scolarisation et de la formation de cadres locaux.
[1] Jean Laborde, né le 16/10/1808 à Auch-décédé le 27/12/1878 à Tananarive, fut nommé premier consul le 12/04/1862 et utilisé par Napoléon III pour étendre l’influence de la France à Madagascar, face aux ambitions anglaises. Après de multiples aventures, il s’installe à Mantasoa, à 6 km d’Antananarivo où il crée une cité quasi industrielle. On peut toujours voir sa maison à Tana dans la vieille ville, près du palais.
[2] Depuis juillet 2008, Goodplanet a développé un projet de lutte contre la déforestation. Financé par la France, il avait pour but, d’ici à 2011, de restaurer 515 000 ha de forêts. La plantation d’eucalyptus a pour intérêt une croissance rapide, mais le comportement de cette espèce a de fortes conséquences négatives pour les eaux souterraines, entrainant un appauvrissement des nappes phréatiques superficielles. Cette forte consommation d’eau due à une forte évapotranspiration produit un humus tout à fait infertile. L’eucalyptus entraine aussi la disparition des oiseaux.
[3] Madagascar possède au total 36 millions d’hectares de terre cultivable, mais seulement 3 millions d’hectares sont exploités. Les agriculteurs malgaches qui représentent 80% de la population, cultivent environ 1,4 ha de terrain par ménage.
Les données de l’INSTAT montrent que 70% des agriculteurs fonctionnent sur de petites surfaces, 23% travaillent entre 1,5 et 4 ha et seulement 4,8% ont une terre de plus de 4 ha. Madagascar consacre 40% de ses cultures industrielles et 55% de ses cultures vivrières, à savoir le riz, le manioc, le maïs et les patates douces à l’autoconsommation. Sont exportées 90% de ses cultures de rente comme le café, le girofle et la vanille, 25% de ses cultures vivrières, 45% de ses cultures industrielles.(Source : Afriquinfos – 28.09.2011)
[4] Tlaxcala –Vololona R.- 3./12/2008 : » Daewoo plantera du maïs sur 1 million d’hectares dans la zone Ouest et du palmier à huile à l’Est sur 300 000 hectares. Les semences de palmiers seront importées d’Indonésie et du Costa Rica, celle de maïs des Etats-Unis (Le Monde du 20 novembre 2008). La récolte brute sera envoyée en Corée du Sud.
– Les termes du contrat ressembleraient plutôt à ceux d’un projet d’extraction puisque l’accord ne prévoit pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements dans les infrastructures nécessaires à la mise en place du projet tiendraient lieu de ‘prix de location’.
– Daewoo Logistics utiliserait essentiellement de la main d’œuvre sud-africaine selon le Financial Times cité par l’AFP. »
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