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MARX, Ô MARX, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ?

par Ernest London

Publie le jeudi 11 août 2016 par Ernest London - Open-Publishing
6 commentaires

Bernard Maris paye sa dette à Marx. Il le relit, le digère et livre un outil de réflexion.

Marx a découvert que derrière les prix il y a du travail. Les économistes libéraux le nie (tout en le sachant pertinemment) et défendent des prix fixés par l’offre et la demande. Ils nient également l’argent.

Avec sa « loi du mouvement naturel de la société » exposée en 1848 dans « Le Manifeste du parti communiste » il explique que le monde se paupérise car à mesure que l’humanité se rend maître de la nature, l’homme devient esclave de ses semblables. La Loi du capitalisme est de ruiner la terre et les hommes.

Le capital-argent des propriétaires ne peut être valorisé que par des travailleurs qui produisent marchandises, machines et aussi de nouveaux futurs travailleurs.

Le capitalisme instaure le règne de la propriété privée d’où naissent l’exploitation, la violence, le conflit et l’aliénation. L’homme ne produit que pour avoir.

Le capitalisme a fait naître une société commerçante, où les hommes ont transféré leurs valeurs vers les objets qu’ils possèdent. Les rapports marchands ont remplacé les rapports humains.

Si la propriété est l’exclusion de l’autre et le mimétisme, l’abolition de la propriété ne suscite que la cupidité. C’est pourquoi le socialisme réel n’a pas réussi à humaniser les besoins. Au contraire la société communiste définie par Marx propose une jouissance collective.
Le capitalisme soumet les hommes à la frustration perpétuelle de nouveaux besoins jamais inassouvis. La publicité fait acheter à celui qui n’en n’a pas les moyen ce dont il n’a pas besoin et la guerre permet de liquider les surplus.

Bernard Maris nous explique ensuite un certain nombre de notions plus ou moins complexes :
 Le profit est la différence entre le chiffre d’affaires et le coût de production.
 La plus-value est la différence entre la vente de ce qu’a produit l’ouvrier et ce qui sert à sa vie.
 Le salaire est la somme permettant aux travailleurs de se perpétuer.
 Le taux de profit est le rapport entre le profit et le capital.
 La baisse tendancielle du taux de profit est due à la concurrence et à la surproduction. Elle débouche sur une crise, sur la concentration du capital (darwinisme économique).
 L’innovation permet d’endiguer cette baisse en créant de nouveaux produits, de nouveaux marchés, de nouvelles méthodes de production, de nouveaux besoins.

L’ouvrier produit plus qu’il ne lui ait nécessaire pour survivre.
L’innovation permet de passer de crise en crise, suivant des cycles réguliers.

Puis Bernard Maris évoque le communisme qui résout la contradiction nécessité/abondance, abolit la division du travail et devait advenir inéluctablement, avec le développement des forces productives, la mondialisation, la paupérisation et la prolétarisation du monde.
Économiquement, tout ce qu’avait prévu Marx s’est réalisé mais le capitalisme n’a pas été détruit naturellement car l’exploitation et la souffrance n’engendrent pas la révolte mais l’asservissement. Le communisme n’est qu’un christianisme athée.

Enfin, après ces efforts pédagogiques, Bernard Maris utilise ces remarquables mais impuissantes théories pour analyser notre mondialisation. La crise qui secoue le monde depuis 2007 est un modèle du genre. Comme prévu par le schéma marxiste, les États prennent en charge les conséquences de la crise boursière. Ils diminuent la dette sociale (services publics, santé, éducation, allocations chômage,…) pour honorer les dettes privées. Le capital financier liquide l’État providence pour récupérer l’argent redistribué aux salariés. Les « forces productives » ont accouché d’une classe moyenne, sur-prolétaire ou sous-capitaliste, qui exploite aussi le travail pour grignoter quelques mois d’espérance de vie. Et le triomphe de la Chine est surtout celui du capitalisme.

Justesse de la théorie mais fausseté de la conclusion : les forces productives n’engendreront pas l’émancipation de l’humanité.

L’exposé est brillant, limpide, agrémenté de commentaires qui facilitent la compréhension. Les capitalistes veulent toujours plus d’argent, nous explique-t-il, parce qu’ils ne peuvent faire autrement, comme le cycliste sur son vélo, condamner à pédaler pour ne pas tomber. Donc le capitalisme tombera, conclu-t-il.

MARX, Ô MARX, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ?
Bernard Maris
152 pages – 17 euros
Éditions Les échappés – Paris – septembre 2010

http://bibliothequefahrenheit.blogspot.fr/2016/08/marx-o-marx-pourquoi-mas-tu-abandonne.html

Messages

  • Comme Piketty (qui n’a jamais rien lu de Marx !), Maris (qui l’avait lu rapidment) a abandonné Marx dès le début de sa carrière, au moment précis où il fallait l’abandonner, afin de faire carrière dans l’université et les médias.

    Les expressions comme "Le communisme n’est qu’un christianisme athée" (absurdité logique) ou "l’Etat-providence" (surtout utilisée par les ennemis de toute redistribution) démontrent que Maris est un économiste keynésien anticommuniste.

    • Entièrement d’accord.
      En plus ce n’est pas Marx qui est parti, c’est lui (Maris) qui s’est éloigné.
      Enfin, des livres comme celui-ci (de repentis), il y en a eu d’autres avant de la part de militants qui eux ont conservé le projet communiste (Tom Thomas par exemple). Alors pourquoi plus Maris qu’un autre qui lui est resté fidèle ?

    • ""Puis Bernard Maris évoque le communisme qui résout la contradiction nécessité/abondance, abolit la division du travail et devait advenir inéluctablement, avec le développement des forces productives, la mondialisation, la paupérisation et la prolétarisation du monde. Économiquement, tout ce qu’avait prévu Marx s’est réalisé mais le capitalisme n’a pas été détruit naturellement car l’exploitation et la souffrance n’engendrent pas la révolte mais l’asservissement. Le communisme n’est qu’un christianisme athée.""
      Je ne pense pas que la division de travail disparaitra avec le communisme,le travail sera choisi,le temps de travail plus court ,la part d’apprentissage augmenté dans une vie mais ,mais il existera toujours des tâches plus "intellectuelles" et d ’autres plus "pratiques"
      Dans le communisme choisir de faire chirurgien ou clown aussi nécéssaire dans la vie en sociéte,ce n ’est pas abolir la division du travail de faire en sorte que ces deux métiers soient valorisés au même niveau .
      la paupérisation dépend du pays et de la période ,ainsi entre 45 et 75 en France il n’y eut pas paupérisation.

      Tout ce que Marx a prévu éconoimiquement n’a helas pas été réalisé.
      Acune révolution dans un pays développé,aucune crise effondrant le capital et même la baisse du taux de profit eut des ratés,ainsi pendant 20ans en France c ’est une augmentation qui eut lieu entre 1980 et 2000.Et surtout quel est le taux à partir duquel le capital ne "fonctionne " plus,car faut bien tout de même qu’il existe ce seuil.
      C’est donc à une affination des concepts que les marxistes devraient s’atteler sans honte,sans a priori car apres 150 ans tout de même la réalite s’est bien éloihné de ce qui était "prévu".
      Quant au christianime athée que serait le communisme,quelle blague.

  • De nos jours il y a plus de candidats pour aller sur MARS , que chez MARX.
    toujours sans réponse :
    Pourquoi les pauvres votent à droite ?

    • ""toujours sans réponse :
      Pourquoi les pauvres votent à droite ?
      ""}

      D’abord et c ’est pas un détail ce ne sont pas "les" pauvres,mais des pauvres.
      et affirmer :toujours pas de réponse est totalement faux.
      C’est par millier que des réponses ont été données,sont données.
      Réponses d’ordre,politique,sociologique,psychologique,ethique,bref même si l’on est critique sur ces réponses,elles existent et depuis très très longtemps.
      Et pourquoi les ignards étendent leur ignorance à autrui ?