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Ma France à moi

par Pierre Perret

Publie le samedi 21 novembre 2015 par Pierre Perret - Open-Publishing
2 commentaires

C’est celle de 1789, une France qui se lève, celle qui conteste, qui refuse , la France qui proteste qui veut savoir, c’est la France joyeuse, curieuse et érudite, la France de Molière qui tant se battit contre l’hypocrisie, celle de La Fontaine celle de Stendhal, de Balzac, celle de Jaurès, celle de Victor Hugo et de Jules Vallès, la France de l’invention, des chercheurs, celle de Pasteur, celle de Denis Papin et de Pierre et Marie Curie, la France des lettres, celle de Chateaubriand, de Montaigne, la France de la Poésie, celle de Musset, d’Eluard, de Baudelaire, de Verlaine et celle d’ Aimé Césaire, la France qui combat tous les totalitarismes, tous les racismes, tous les intégrismes, l’obscurantisme et tout manichéisme, la France qui aime les mots, les mots doux, les mots d’amour, et aussi la liberté de dire des gros mots la France qui n’en finira jamais de détester le mot « soumission » et de choyer le mot révolte.

Oui ma France à moi c’est celle des poètes, des musiciens, celle d’Armstrong, celle de l’accordéon, celle des chansons douces, des chansons graves, des espiègles, des humoristiques, des moqueuses ou celles truffées de mots qui font rêver d’un amour que l’on n’osera jamais déclarer à celle qu’on aime.

Ma France à moi c’est celle de Picasso, de Cézanne et celle de Soulages, celle d’Ingres, celle de Rodin, la France des calembours, des « Bidochons », celle de la paillardise aussi bien que celle du « chant des partisans ».

Ma France c’est celle de Daumier, celle de l’ « Assiette au beurre », du « Sapeur Camembert », celle de Chaval, celle de Cabu, de Gottlieb, de Siné, celle du « Canard », de « Fluide Glacial » et de « Charlie », drôles, insolents, libres !

Ma France, c’est aussi celle des dictées de Pivot celle de Klarsfeld et celle de Léopold Sedar Senghor, la France des « Enfants du Paradis » et des « Enfants du Veld ’hiv », celle de la mode libre, celle de la danse, des flirts et des câlins, celle de la musique douce et des rock déjantés, celle de la gourmandise, ma France à moi c’est une France capable de renvoyer dos à dos la Bible et le Coran s’il lui prend l’envie d’être athée.

Eh oui ! Ma France est une France libre, fraternelle et éternellement insoumise aux dictats de la « bienpensance ».

Il n’est qu’en respectant toutes ces diversités qu’on arrive un jour à vivre la « douce France » de Trenet. Celle qui m’a toujours plu et que notre jeunesse lucide et combative fera perdurer par-delà les obscurantismes.
Figure révolutionnaire emblématique durant « La commune », le « Père Duchêne » écrivait au frontispice du journal qu’il publiait en 1793 : « La République ou la Mort ! » Son journal coûtait 1 sou… mais on en avait pour son argent.

http://pierreperret.fr/#/actualites/communique/ma-france-moi/

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Messages

  • La france petite propriétaire, prête à tuer ou à laisser mourir au nom du bas de laine, "méritocrate", sexiste, xénophobe, ressentimenteuse, bref, oui, la france de 1789. On ne s’en dépêtre pas, et on n’est d’ailleurs pas seuls à ne pas s’en dépêtrer, de cet idéal du capitalisme primal dont le naufrage fait les exterminations d’aujourd’hui. Il a beau crever et faire crever, il entend rester la seule "alternative" aux régressions qui reviennent à la roue lui faire concurrence. Si on reste coincés dans ce dualisme, notre sort est scellé.

    • ...La France des petits propriétaires de pas grand chose qui sert de rempart aux gros, permettant ainsi la fuite permanente des capitaux qui s’exonèrent ainsi de l’impôt dans les paradis fiscaux de l’UE, comme l’Irlande, la Suisse, le Luxembourg, la Belgique... La France des Blaireaux et des caves démunis que nous sommes, invitée aujourd’hui à garnir plus que jamais le portefeuille des maquereaux de ce Paris-Lumière, car le profit n’a pas de limites, invitée à la "résistance" par une consommation effrénée, fêtes de fin d’année obligent, avant la nouvelle purge de l’année prochaine placée sous le régime kaki... Vous avez raison Monsieur Perret , quoique vous ayiez oublié quelques poètes résistants, mais je ne vous en veux pas, vous n’étiez pas obligé. Mon Paris à moi, c’est celui plus coloré, le Paris des banlieues, celui qui a été chassé presque "naturellement" par le fric du centre de sa ville, c’est le Paris toujours stigmatisé, toujours vérifié toujours réprimé, toujours dissuadé de sortir faute de fric, faute de bonne couleur de peau... je me souviens parfaitement et malgré mon âge de toi Joël le Réunionnais quand nous allions au concert en 1978, c’est toujours toi qu’on fouillait dans le métro, comme le frère de Lili. Et toi Nadia toi aussi Réunionnaise, rentrant en métropole bien avant les attentats, jeune femme café au lait, fouillée, palpée, brutalement et en public pour la première fois de ta vie et sans excuses ainsi que ton bébé à l’aéroport Charles de Gaulle, tu m’as parlé de cette humiliation.
      Je me souviens aussi de cette lutte gagnée contre des propriétaires parisiens, qui refusaient de louer à des fonctionnaires antillais, parce qu’ils pourraient faire du bruit le soir.
      Tout est provisoire, tout se répète, le terrorisme et le fascisme profitent aux profiteurs.