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Macron, l’appel du vide

par Francois Cocq

Publie le samedi 8 avril 2017 par Francois Cocq - Open-Publishing

Invité de l’Emission politique sur France 2 ce jeudi 6 avril, M. Macron a été rattrapé par le doute qui s’est installé sur sa campagne. Incapable de répondre concrètement au moindre de ses interlocuteurs, M. Macron a été une caricature de lui-même, fuyant les questions auxquelles il ne souhaite pas répondre et brassant généralités et contradictions pour les autres. Le vide du candidat a rejoint la peur du vide qui gagne sa campagne.

La succession des interlocuteurs a fait apparaître la constance de M. Macron à fuir le débat : interrogé par des salariés sur le travail du dimanche, Macron leur a répondu dialogue social, niant les rapports de force dans l’entreprise et considérant que les salariés sont sur un pied d’égalité avec leur patron ; relancé sur le sujet par David Pujadas, M. Macron n’en a pas plus dit. Questionné par Léa Salamé sur sa présence perpétuelle dans certains journaux amis, M. Macron cherche à s’en tirer par une pirouette qui révèle malgré tout le retour du refoulé : « Je ne suis pas propriétaire de Paris-Match, je le regrette ». La professeure d’Histoire-géographie ou le maire Guyanais n’auront pas eu plus de réponse, M. Macron revendiquant le fait de ne pas prendre d’engagements comme une nouvelle façon de gouverner. Comprenne qui pourra. Quant à M. Retailleau, il a dû lui aussi convenir que M. Macron répondait à côté ou tombait dans l’invective dès qu’il était mis en difficulté.

Interpelé par François Ruffin sur Whirlpool, M. Macron a là encore préféré théoriser le silence considérant qu’il n’avait pas à se prononcer sur le dossier et laissant aller le laisser faire alors même que des centaines de salariés sont sur la sellette d’un patron voyou. Il faut dire que sur le sujet, M. Macron avait peu avant dans l’émission pris le parti des patrons, justifiant la mesure de baisse de la fiscalité sur les actions gratuites qu’il a mise en place en tant que ministre pour « attirer les talents » et « ne pas faire fuir les conseils d’administration ». Autrement dit pour éviter les délocalisations, M. Macron pense qu’il n’est pas utile de contraindre les entreprises ; il ne pense même pas qu’il faille s’intéresser à leur carnet de commande ; non, il considère qu’il faut donner toujours plus de gages sonnants et trébuchants aux patrons qui s’en mettent déjà plein les poches.

Le vide, c’est aussi celui de l’absence de certains mots dans son programme mise en exergue par François Ruffin : les termes « dividendes », « actionnaires », « banque », « spéculation », « pdg » n’y figurent ni de près ni de loin. Pas étonnant pour celui qui par contre « assume » être partisan de la baisse du coût du travail. Et quand Macron parle, c’est par lapalissades : « Un président préside ».

Face à un David Pujadas complaisant, M.Macron a pu tourner sur lui-même dans le vide pendant deux heures. Mais à force de flotter de la sorte, M. Macron est nécessairement soumis à une force gravitationnelle. Celle du peuple qui est de plus de poids que le panel des téléspectateurs du jouet pujadiste. Et plus dure sera la chute : impact le 23 avril.

https://cocq.wordpress.com/2017/04/06/macron-lappel-du-vide/

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