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Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka
par Gaston Lefranc
Publie le jeudi 9 juillet 2015 par Gaston Lefranc - Open-Publishing8 commentaires
Après la fête de la victoire dimanche soir, les lendemains sont difficiles. Très difficiles. Les choses s’accélèrent et laissent pour l’instant penser qu’on se dirige vers un accord dimanche 12 juillet lors du sommet des chefs d’État européens.
Lundi, Tsipras a viré son ministre de l’économie Varoufakis dont la tête était depuis longtemps réclamée par les créanciers. Son intervention virulente dimanche soir, en contradiction avec le discours apaisant et de concorde nationale de Tsipras, a sans doute précipité la décision de Tsipras. Ce même lundi, une déclaration commune signée par les partis gouvernementaux (Syriza et Anel) et les partisans du OUI (Nouvelle Démocratie, Pasok, Potami) s’est permise d’interpréter le sens du vote des grecs : ils se seraient exprimés pour la poursuite des négociations avec la Troïka ! Par cette déclaration, Tsipras tourne la page du référendum pour afficher une convergence de vue avec les partisans du OUI.
Malgré les signes d’ouverture de Tsipras, la Troïka est restée ferme et n’a fait aucune concession. Hollande et Merkel ont demandé à la Grèce de rédiger une nouvelle copie. La BCE a encore durci davantage les conditions de financement des banques grecques. Conséquence : les banques resteront fermées au moins jusqu’à lundi prochain et les retraits aux guichets automatiques sont toujours limités à 60 euros par jour. En étranglant l’économie grecque, la Troïka montre qu’elle est prête à tout pour arriver à ses fins, c’est-à-dire la conclusion d’un accord odieux avec le gouvernement grec.
Mardi, alors qu’un rapport du FMI indique que la dette devra être restructurée (ce qui n’est pas un scoop !), et qu’environ 30% de la dette devra être effacée pour que la Grèce puisse continuer à payer, le gouvernement allemand maintient sa position : on pourra « parler de la possibilité de réduire la dette seulement quand le gouvernement grec montrera qu’il met en œuvre les réformes », a précisé Sigmar Gabriel, ministre SPD de l’économie. Pas question donc d’accorder à Tsipras une restructuration de la dette en contrepartie d’un nouveau mémorandum. Autrement dit, l’Allemagne ne veut même pas accorder à Tsipras ce qu’elle avait accordé à Samaras. L’Eurogroupe de l’après midi tourne court : le gouvernement grec ne fait aucune nouvelle proposition, mais indique qu’elle fera une proposition le lendemain. En fin de soirée, les dirigeants de la zone euro fixent un ultimatum à Tsipras : ils lui donnent jusqu’à jeudi soir pour déposer une demande pour un « troisième programme d’aide » (le second a expiré fin juin) auprès du Mécanisme européen de stabilité (MES) accompagnée d’un plan complet de réformes à moyen terme, soit au moins deux ans. Si ce plan est jugé insuffisant, il est clairement indiqué que la Grèce devra sortir de l’euro.
Mercredi matin, le nouveau ministre de l’économie grec, Tsakalotos, a écrit une lettre au MES pour un programme d’assistance financière sur trois ans. Pour l’obtenir, il propose de mettre en œuvre dès le début de la semaine prochaine des mesures sur les retraites et les taxes ; il propose de rembourser tous les créanciers et d’utiliser les nouveaux prêts... pour rembourser les prêts actuels, et il fait allégeance aux institutions européennes en s’engageant à respecter les règles de bonne conduite. Pas un mot sur l’exigence de restructuration de la dette. Le gouvernement grec doit ensuite formuler ce jeudi des propositions précises. Malgré la victoire du NON, le rapport de forces est tel que des journalistes indiquent que Tsipras devra faire de nouvelles concessions pour parvenir à un accord. Autrement dit, proposer un plan plus dur que celui qui a été rejeté par les grecs le 5 juillet...
Jeudi matin, selon le quotidien grec « Kathimerini », on apprenait que le gouvernement grec projettait un plan d’austérité de 12 milliards d’euros sur 2 ans contre 8 milliards dans sa proposition précédente.
Il reste désormais 3 jours pour éviter le pire, à savoir un accord, forcément odieux, avec la Troïka. Tsipras s’engage clairement dans cette voie. Le principal dirigeant de la plateforme de gauche de Syriza, Lafazanis, est sorti de son silence et a fait savoir qu’il s’opposait à un accord avec la Troïka et préférait une sortie de l’euro à un accord odieux. Si la gauche de Syriza refuse un accord (ce qui est probable), la déclaration commune de lundi avec les partisans du OUI pourrait alors prendre tout son sens politique et préfigurer d’un nouveau bloc majoritaire. Mais nous n’en sommes pas encore là. Antarsya, la coalition de la gauche anticapitaliste indépendante de Syriza, appelle à la mobilisation pour la rupture des négociations et le refus de tout accord avec la Troïka. C’est en effet la question clé des prochains jours. La victoire du NON au référendum ne suffit pas ; il faut que la mobilisation, en Grèce et ailleurs, se poursuive pour empêcher tout accord.
Rupture immédiate des négociations avec la Troïka ! Non à tout accord avec la Troïka !
Réquisition immédiate de la Banque centrale grecque ! Emission d’une nouvelle monnaie inconvertible ! Contrôle des échanges extérieurs par les travailleurs/ses !
Rupture anticapitaliste avec l’UE !
Nationalisation sous contrôle des travailleur/se-s des banques et des entreprises stratégiques !
Annulation de la dette publique !
Gaston Lefranc, jeudi 9 juillet 16h
Source : http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=775
Messages
1. Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka, 9 juillet 2015, 20:21, par JO
Allons un peu d’objectivité ! Après cette consultation du Peuple grec : Austérité ? Non plus jamais ça ! Je ne vois pas comment Tsipras pourrait renier ce choix populaire qu’il a lui-même sollicité ! C’est pas sérieux à part de penser comme les politiciens de chez nous qui retournent leur veste toujours du bon côté du régime capitaliste ! Quant à "la chleu" elle ferait mieux de regarder dans ses bottes . Tsipras a très bien répondu, elle ne paiera jamais les drames humains les calamités laissés partout où les hordes nazies sont passées !
2. Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka, 9 juillet 2015, 23:10
Nouvelle "monnaie de singe" oui, qui vaudra quoi ?
1. Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka, 10 juillet 2015, 00:06, par nOCTURNE
Quant à "la chleu" elle ferait mieux de regarder dans ses bottes {}
J’ai a plusieurs reprise apprécié tes interventions.
Mais le terme "chleu " n’a rien de très Marxiste.En tant qu’internationaliste, je
n’apprécie pas ces termes xénophobes.
2. Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka, 10 juillet 2015, 09:48, par Liebknecht
oui ! on ne va pas loin en humiliant de la sorte un adversaire !
3. Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka, 10 juillet 2015, 11:57, par JO
Eh bien ! je pense on peut être internationaliste et se laisser aller à l’invective douce exceptionnellement ! Voilà une personne qui a grandit en RDA. et qui s’est trouvée comblée et fort aise avec un fauteuil privilégié du capitalisme . Elle y est très bien, la pauvreté, la misère c’est plus pour elle, même si le Peuple Allemand en partie en tout cas est toujours touché ! Les "chleus" expression qui courait partout pendant la guerre, n’a rien de péjoratif, sinon à laisser entendre de parler d’occupants dont on ne pensait pas le plus grand bien ! Certes Mme. Merkel ne représente plus chez nous des occupants, mais l’impérialisme Allemand ! Vous me concéderez, qu’il apparaît à nous, internationalistes, comme maître de l’Europe puisque qu’il en impose suffisamment à toute l’U.E.! Pouvoir économique dont il use copieusement et qui s’est bien relevé sur nos décombres ! Si c’est une bavure de ma part, je ne regrette rien !
3. Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka, 10 juillet 2015, 02:06
Cet article intéressant et assez lucide de "Tendance Claire" vient d’être repris sur TML, avec un commentaire faisant le point par rapport au KKE, qui n’a jamais cru à la fiabilité de Syriza et de Tsipras :
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/07/09/la-grece-a-lheure-du-choix-capitulation-reformiste-ou-socialisme/
4. Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka, 10 juillet 2015, 09:46, par Ife
A ben quand dans une époque qui a intégralement substitué le subjectivisme nationaliste (ou religieux, ou identitaire) à la critique de l’économie politique, on peut, et même on doit, faire une grosse colère, multicolore... et après manger son chapeau comme les autres (ou dominer comme les autres si jamais on fait partie des zones où il y a encore un peu d’accumulation), dans la dignité retrouvée (comment on appela déjà les ceusses qui, en mars 39, "négocièrent" au nom de la république avec Franco, ah oui, "la paix dans l’honneur", ils avaient même une aile ou une galerie a eux, un mois plus tard, dans une prison madrilène)...
1. Malgré la large victoire du NON au référendum, Tsipras prépare un accord odieux avec la Troïka, 10 juillet 2015, 09:50, par Ife
La dignité, c’est depuis des décennies la baudruche du naufrage de l’économie, donc des bases du politique citoyen ; la "valeur" en monnaie de singe ; "mais si vous êtes des humains comme les autres - ah, non, pas touche à ce petit pain vous n’êtes pas solvable". On aura fait un pas - de côté ? - quand on arrivera à se débarrasser de et à combattre ces fictions morales politiques qui nous étranglent "rainbow".