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Malte face à la colère des sans-papiers
Publie le samedi 1er juillet 2006 par Open-Publishing1 commentaire
L’Humanité 30/6/06
Malte face à la colère des sans-papiers
Droits de l’homme . Alors que l’île est confrontée à un flux inédit
d’immigration depuis son entrée dans l’UE, les clandestins se
révoltent contre des conditions d’accueil inhumaines.
Malte, paradis méditerranéen pour touristes, mais prison pour les
immigrants. Une émeute d’un genre nouveau a secoué l’île cette
semaine : environ 200 clandestins ont tenté, mardi, de manifester
devant les bureaux du premier ministre pour dénoncer leurs conditions
d’accueil et la durée de détention qui leur est imposée. À une
dizaine de kilomètres de la capitale, La Valette, des policiers mais
aussi des soldats les ont interceptés et ramenés manu militari vers
leur centre de détention dont ils s’étaient échappés quelques heures
auparavant. La presse maltaise a largement diffusé les images des
affrontements qui ont émaillé l’épisode et fait officiellement «
plusieurs blessés » dont cinq membres des forces de l’ordre. Le Times
de La Valette décrit lui « une situation de tension extrême » et de
véritables scènes de combats entre la police et certains immigrants
munis de barre de fer ou de morceaux de bois.
Longtemps terre de pauvreté et d’émigration, le minuscule État
maltais - 400 000 habitants sur un territoire de 27 kilomètres de
long, 15 de large - découvre depuis une décennie la question de
l’immigration clandestine et de l’asile. L’adhésion à l’UE en mai
2004, a accéléré d’un coup le phénomène en faisant de l’île le point
d’entrée en Europe le plus proche de la Libye, tout proche aussi de
la Tunisie et de l’archipel sicilien de Lampedusa qui reste la cible
préférée des embarcations de clandestins. En 2005, un peu plus de 1
800 clandestins sont arrivés à Malte ; pour le premier semestre 2006,
ce chiffre est de 866 personnes. Mercredi encore, un bateau de 266
clandestins, surtout des Marocains et des Égyptiens, a débarqué à La
Valette après avoir été repéré par l’armée : sa destination était
Lampedusa, mais son moteur avait cassé.
D’autres candidats à l’émigration choisissent Malte parce qu’ils
croient qu’il sera plus facile d’y débarquer qu’en Italie ou en
Espagne, où les garde-frontières sont plus nombreux et mieux équipés.
À La Valette, les autorités publiques n’ont visiblement pas su
prévoir ces flux et encore moins l’accueil des clandestins. Interrogé
par l’hebdomadaire The Malta Independent, le ministre Tony Abela
assure que la situation est aujourd’hui « sous contrôle » mais admet
que « les arrivées récentes occupent un espace précieux qui était
destiné à recevoir sur le long terme des demandeurs d’asile ». L’état
d’exiguïté et d’insalubrité des structures d’accueil maltaises est,
depuis plusieurs années, un sujet d’inquiétude pour le commissaire
européen aux Droits de l’homme. Après un premier rapport
catastrophique fin 2003, Alvaro Gil-Roblès a dressé en 2006 un état
des lieux toujours inquiétant. Il y pointe la « surpopulation » et
l’insalubrité » qui règnent dans la plupart des centres de détention,
certains clandestins vivant dans des tentes et n’ayant pas un accès
correct aux sanitaires.
Mais le point le plus inquiétant concerne la situation juridique des
migrants. Jusqu’en 2003, la règle était « la mise en détention
illimitée de tous les migrants irréguliers - y compris les familles
avec enfants, qu’ils soient ou non demandeurs d’asile », notait alors
le commissaire aux Droits de l’homme. Depuis, de légers progrès ont
été enregistrés mais la nouvelle norme administrative fixe à douze
mois ce délai de détention pour les demandeurs d’asile, et dix-huit
pour les clandestins. Une période toujours considérée comme «
excessive et inappropriée » par Alvaro Gil-Roblès. « Les demandeurs
d’asile ou les étrangers irréguliers n’ont commis aucun crime et
n’ont été jugés par aucun tribunal », insistait en début d’année le
commissaire aux Droits de l’homme.
Paul Falzon
Messages
1. > Malte face à la colère des sans-papiers, 1er juillet 2006, 10:48
Quand on a faim on va vers des pâturages verdoyants, délaissant les terres stériles. Qui pourrait les en blâmer ? Personne. Par contre, nous pouvons blâmer le FMI et l’occident qui ont créé cette situation, au nom du libéralisme. On voit bien que ce système trouve ses limites.