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Manifestation le 3 février contre le projet sur la prévention de la délinquance

Publie le jeudi 20 janvier 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

Depuis plus d’un an, un projet de loi sur la prévention de la délinquance est annoncé. L’avant-projet de Sarkozy, parmi toute une série de mesures, exaltant les valeurs patriotiques projetait tout simplement de considérer comme potentiellement délinquante toute « personne présentant des difficultés sociales, éducatives, ou matérielles » En conséquence, il fallait la signaler à la police via le maire intronisé pilote de la prévention, et cette injonction s’étendait à tout professionnel de l’action sociale, au mépris du droit des usagers en matière de secret professionnel.

La jeunesse, notamment celle issue de l’immigration, se trouvait également montrée du doigt, et l’absentéiste devenait un délinquant potentiel, lui aussi à signaler au maire ou au procureur. Une approche sécuritaire, répressive et stigmatisante tendait ainsi à se substituer à une approche éducative ou sociale des difficultés de la population.

Par milliers, le 17 mars 2004, les travailleurs sociaux (notamment) ont marqué leur refus de voir ainsi leurs missions instrumentalisées. Depuis juin 2004, VILLEPIN annonce un projet de loi, dont il parle beaucoup, mais qu’il refuse de montrer.

Le gouvernement, relayé par des administrations et certaines collectivités locales, met en place, tous les jours, sous prétexte d’expérimentations, des dispositifs qui constituent, tous, des atteintes aux libertés publiques et des remises en cause des fondements du travail social, éducatif et médico-social. (Fichage nominatif des populations, organisation de la délation...)

Enseignants, éducateurs, tous derrière...le commissaire ! La lutte contre l’échec scolaire n’existe désormais plus, tout étant vu à travers le prisme de la délinquance potentielle : récemment, après avoir supprimé les surveillants et réduit les effectifs d’aides éducateurs, le protocole « police ­ éducation nationale » a instauré, pour chaque établissement, un « correspondant ­ police. »

La mise en oeuvre de ce protocole, sous la forme d’une opération nationale largement médiatisée, de fouille de milliers de jeunes, aux abords de dizaines d’établissements scolaires, témoigne du projet de VILLEPIN.

Le récent rapport BENISTI remis à VILLEPIN dans le cadre du travail ministériel autour de ce projet de prévention, confirme toutes les craintes que nous pouvions avoir et la nécessité de s’y opposer : Un seul exemple de la « philosophie » de cette logique sécuritaire : un graphique pseudo scientifique illustre l’idée que si l’on n’intervient pas sur certains facteurs, un déterminisme écarte inexorablement du « droit chemin » et entraîne par un « parcours déviant » vers la délinquance. La mère non francophone d’un enfant de 2 ans se trouve désignée comme facteur de risque, qu’il faut corriger en... interdisant à cette mère de parler son « patois » (sic)... ! ? !

Le maire doit, bien sur, être au courant de tout cela, et il faut donc développer « une culture du secret partagé. ».. avec la police ! Évidemment, la déviance, si elle persiste, mène tout droit à la case internat ou centre fermé, avec cours de (ré-)éducation civique intensif...

Ces propositions sont toujours inacceptables : il faut continuer à les combattre, ainsi que le modèle de société qu’elles induisent : une société basée sur l’exclusion et la criminalisation de la misère.

MANIFESTATION LE 03 FEVRIER 2005 RDV 13h métro Goncourt devant l’IRTS Parmentier

Le Collectif National Unitaire : CGT ­ FSU ­ SUD ­ Syndicat de la Magistrature ­ SNMPMI (Syndicat National des Médecins de PMI) ­ Union Syndicale G10 Solidaires ­ CNT ­ Union syndicale de la Psychiatrie ­ Coordination des Etudiants en Travail Social ­ Collectif de Prévention spécialisée- AC ! ­ Ligue des Droits de l’Homme- APEIS- CFDT Cheminots ­ Collectif pour les droits des citoyens face à l’informatisation de l’action sociale ­ Collectif des formateurs en travail social -

Messages

  • ce gouvernement est résolument déprimant... Etre aussi bête, c’est pas pensable...
    Marianne

    • non Marianne, pas bête : pervers, ça oui !

      C’est le retour de l’ordre moral, une valeur bien de droite, le pétainisme tranquille.

      A force d’enlever aux chom’du leurs moyens de vivre dignement, de désespérer leurs enfants, de les priver d’avenir, après la quête sans fin de la subsistance quotidienne, l’abandon du sous-prolétariat devenu la "classe dangereuse", il ne restait plus que le contrôle social à mettre en place (pour les prisons, c’est aussi en cours).

      et là, les socialistes avaient bien commencé le sale boulot ; pour s’en convaincre, lire De Chevènement à Sarkozy

      Et lire aussi les déclarations hallucinantes de Malek Bouthi, ex président de Sos-Racisme, secrétaire national du PS.

      Les professionnels "sociaux", qui "mettaient le couvercle sur la marmite", ceux qui se faisaient encore quelques illusions sur ce qu’on leur demande, c’est à dire en finalité, le contrôle social, prennnent enfin la mesure de ce qui se met en place :

      la guerre aux pauvres, pour ceux qui ne l’auraient pas compris.

      .

      Je ne suis néanmoins pas persuadé qu’une majorité soit sortie du rôle qu’on attend d’eux : culpabiliser le pauvre, lui faire comprendre qu’il est "responsable" de sa misère, lui faire accepter avec reconnaissance les miettes du festin qu’on consent à lui donner, et surtout, le rendre coupable des déviances sociales de sa progéniture.

      Alors, on a du boulot ! Il faudrait s’y atteler, sérieusement, expliquer le b a ba : la lutte des classes ! ( ceux qui ne l’ont jamais abandonnée, ce sont les capitalistes).

      Relire aussi un excellent roman de Jack London "Le Talon de Fer" !

      RESISTANCE !

      Patrice Bardet, délégué Ufict-CGT

      patrice_bardet@yahoo.fr

  • Cet appel se trouve sur le site du collectif national unitaire, résistance à la délation

    antidélation

    car il n’y a pas qu’à Paris que les travailleurs sociaux luttent contre le projet de délation. Ne les mettez pas tous dans le même panier, nous autres, dans l’Isère, nous avons obtenu que le Conseil Général refuse le RMA. Dame, ça coûtait trop cher, il vallait mieux payer les RMIstes (17 % de plus en 2004, alors que l’Etat a reversé un montant basé qur les chiffres 2003) Certes, il a des assistantes sociales qui apprennent aux "bénéficiaires" du RMI qu’on peut même faire des économies en sachant bien gérer son budget ! Mais dans l’ensemble, je n’ai eu à faire, dans le cadre des partenariats avec la mission locale dans laquelle je travaille, qu’à des personnes dévouées, donnant un max de coups de pouce, prenant du temps sur les cas difficiles (et il y en a de + en +) pour trouver les solutions.

    De toute façon, tout ce que nous pouvons entreprendre dans le cadre de notre travail n’est que du palliatif. La situation économique est tellement catastrophique que la vraie question qui se pose est : le gouvernement et le patronat tirant tellement sur l’élastique pour enserrer le plus de monde possible dans la france d’en bas, quel est le point de rupture et comment cet élastique reviendra dans la figure de ceux qui nous gouvernent ?

    Pour l’instant, les travailleurs sociaux essayent de mettre du liant. Le gouv n’a pas pris toute la mesure des conséquences s’il leur retire ce rôle. Peut être faudra-t-il en arriver là, si j’en crois les paroles d’un chant qui devrait revenir à la mode : "c’est la lutte finale qui commence, c’est la révolte de tous les morts de faim..."

    caro

    • Je viens d’apprendre par Le Canard comment était calculé le reversement du RMI :
      "Pour assurer le versement du RMI et du RMA, les départements reçoivent une compensation égale à 12,36 € par hectolitre de super sans plomb vendu en france et à 8,21 € par hectolitre de gazole. La somme inscrite dans le budget de l’état a été calculée, au centime près, pour couvrir le coût de ces minimas sociaux, au moment de leur transfert en 2004. Mais si, à l’avenir, comme cela s’est produit l’année dernière, le nombre de bénéficiaires du RMI coît plus vite (+ 10 %) que la consommatioin de carburant (+ 2 %), les départements devront augmenter les impôts locaux ou serrer la ceinture aux RMIstes"...

      Là je viens de faire de la délation, ou je ne m’y connais pas :-DD C’est comme ça que je la comprends, faire paraître toutes les magouilles des grands, au lieu de s’acharner sur tous ceux qui les subissent !

      caro

  • > « Redéfinir la notion de secret professionnel »Créer une culture du secret partagé, » entre les travailleurs sociaux, les enseignats, la police et le maire...Tel est l’axe de la loi de prévention de la délinquance
    comment remettre dans le « droit chemin » tel est le but du rappoert Benisti

    En tant que professionnelle du social, ce qui m’insurge c’est l’abandon du questionnement sur les causalités de la déviance, qui nous le savons sont multifactorielles.

    Nous travailleurs sociaux, thérapeutes, sociologues, nous étions longuement interrogés sur ces causalités de la délinquance pour sortir du linéaire, nous avons croisé nos regards pour mieux aider les personnes que nous suivons. Lorsque nous avons atteint les limites de la compréhension de la thérapie individuelle, nous avons cherché à comprendre le fonctionnement du système familial dans sa circularité gràce à l’outil systémique. La sociologie de Marx, puis de Bourdieu, nous ont fait approcher les causalités de la misère sociale, et ses effets.

    Michel Foucault au travers de son "Histoire de la folie" nous a fait connaitre les limites et les ravages des politiques d’enfermement. Ces influences diversifiées, si elles ne nous ont jamais apporté de certitudes, nous ont aidé à construire une déontologie.

    Au travers de ces questionnements multi-disciplinaires, nous avons tenté de comprendre, soutenir, établir une relation de confiance, voire de solidarité avec les publics que nous rencontrons dans notre champ professionnel.

    Le questionnement a été notre carburant. Nos réponses ont été des tentatives, que nous avions voulues sincères, car nous savions que l’être humain ne correspond pas à une "science exacte".

    Notre parcours dans le social nous a appris la modestie et la remise en question. En effet nul ne peut prévoir à quel moment se produira "le déclic" qui permettra à la personne que nous suivons d’avancer, notre connaissance des causes nous a aidé à provoqué ce déclic.

    Le rapport Benisti nie l’être humain dans sa singularité et sa difficulté. Il s’agit de "formater".
    Il s’abrite derrière une grossière justification pseudo- scientifique, avec une courbe ahurissante censée représenter la norme et la déviance des l’âge de 2 ans !

    Il est donc question d’éradiquer toute référence aux causes sociales de la délinquance, et par là même tout questionnement pouvant conduire à une critique du capitalisme. De la même manière que les politiques sécuritaires s’inspirent de la tolérance zéro en vogue aux Etats Unis, les "thérapies brèves" empruntées au comportementalisme deviennent peu à peu le crédo des politiques sociales. Les electrochocs des années 50, font un retour en force sous le terme "d’electro-narcose"

    Il est question à présent de creer une rupture entre le médical et le social, de mettre chaque individu ayant recours au soin, dans une petite case, honni soient les incasables...En route pour "Le meilleur des mondes"

    Quelles compétences seront donc requises pour ce formatage ? Certainement pas celles de nos professions sociales, dites "canoniques", encore empreintes de déontologie et de valeurs solidaristes.

    Il faudra bien gommer cette culture du social,issue du questionnement du front populaire, et formater en même temps que ceux dont ils surveillent les courbes ceux qui seront chargés d’assurer ce contrôle social sans précédent.

    Une seule solution la résistance

    Au travers de ce constat, nous devons élargir notre champ de résitance. Nous devons trouver un dénominateur commun de lutte entre les enseignants qui s’opposent à l’application des politiques sécuritaires au sein de leurs établissements, les travailleurs sociaux qui luttent contre la constitution de fichiers et la délation, les syndicats et organisations impliqués dans la lutte contre le projet de loi de prévention de la délinquance et enfin les services sociaux et de PMI qui risquent d’être en priorité instrumentalisés si le rapport Bénisti était mis en application.

    Grâce à la mise en place de ce front commun de résistance, nous pourrions instaurer un rapport de force.
    C’est la raison pour laquelle les collectifs régionaux ont répondu à l’appel à la grêve du 3 février et à la manifestation nationale à Paris.
    Le tollé ne finira qu’avec le retrait pur et simple du projet de loi de prévention de la délinquance et du rapport Bénisti
    Sophie.L une éducatrice spécialisée.