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Manifestation nationale des personnels de la prévention sociale mercredi 17 mars à Paris

Publie le mardi 16 mars 2004 par Open-Publishing
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Rassemblement à midi au carrefour des Gobelins,
puis défilé jusqu’au ministère du Travail et des Affaires sociales.

Les fédérations syndicales des travailleurs sociaux appellent à une journée de grève et à une manifestation nationale mercredi à Paris contre le projet de loi de prévention de la délinquance, accusé de transformer les personnels en "délateurs" et de stigmatiser les personnes en difficultés sociales.
Les manifestants se rassembleront à partir de midi, carrefour des Gobelins, puis défileront jusqu’au ministère du Travail et des Affaires sociales. Les syndicats attendent au moins 5.000 personnes dans les rues de la capitale, et prévoient également des défilés régionaux à Marseille, Toulouse, Bordeaux ou encore Lille.

C’est la première manifestation nationale organisée à Paris à l’appel d’une intersyndicale CGT-FSU-Sud des personnels chargés de la prévention et de l’assistance sociale, appel auquel se sont joints l’UNSA, le Syndicat de la magistrature, la Ligue des droits de l’Homme, ou encore l’Association nationale des assistants de service social (ANAS), après une première journée de mobilisation régionale le 4 février dernier.

Les syndicats s’alarment du projet de loi de prévention de la délinquance, "qui s’inscrit dans la droite ligne des lois Perben sur la justice, et Sarkozy sur la sécurité intérieure", selon eux.

Le texte de loi prévoit notamment que "tout professionnel qui intervient au bénéfice d’une personne présentant des difficultés sociales, éducatives ou matérielles, est tenue d’en informer le maire de la commune de résidence, ou la personne par lui désignée aux fins de le substituer".

"Avec ce texte, toute famille, tout jeune dont la famille est en difficulté, est potentiellement considéré comme facteur d’insécurité et doit être regardé de près", dénonce Claude Bezelin, secrétaire générale du Syndicat national des personnels de l’éducation surveillée-Protection judiciaire de la jeunesse (SNPES-PJJ, membre de la FSU).

"Ce projet de loi stigmatise des populations entières en liant automatiquement difficultés sociales, matérielles, et délinquance. Et on demande aux travailleurs sociaux de participer à ça, de devenir des vecteurs de dénonciation, de signalement de ces familles-là", a-t-elle expliqué mardi à l’Associated Press.
Les syndicats dénoncent une remise en cause de leur secret professionnel, qui risque de briser la relation de confiance entre les personnels du secteur social et les personnes en difficultés.

Pour Claude Bezelin, "les mesures de signalement, la prévention de la délinquance, ce sont des choses qui existent déjà. Ce texte n’a donc comme seul objet que d’instaurer un maillage, un contrôle social des populations en difficultés".
Les syndicats sont d’autant plus en colère que le projet de loi prévoit, selon eux, des sanctions disciplinaires à l’encontre des personnels qui refuseraient l’obligation de signalement, et que la liste des professions concernées est particulièrement floue. Seraient ainsi visés les assistants sociaux, les éducateurs de rue, les médecins et infirmières scolaires ou encore les conseillers d’orientation.

Lundi, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a reçu une délégation de l’ANAS pour tenter de calmer le jeu. Il a notamment assuré qu’"aucun article du projet ne prévoit une levée du secret professionnel" tout en précisant, selon l’ANAS, qu’il "ne faut pas que les professionnels confisquent les informations qu’ils traitent".

Le ministre s’est par ailleurs engagé à transmettre le projet de loi aux associations et a accepté "le principe de revoir certaines dispositions (...) à condition qu’elles ne remettent pas en cause la nécessité de coordination et de pilotage des actions auprès des usagers".

Si l’ANAS "prend acte de cette ouverture", elle estime toutefois que "le secret professionnel n’est pas à géométrie variable", ou encore que "la volonté du ministère de l’Intérieur d’agir, tant au niveau de la répression qu’au niveau de la prévention, interroge fortement la conception même du travail de terrain et la place laissée aux travailleurs sociaux dans la conduite des actions". PARIS (AP)

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