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Manifestations contre la directive Bolkestein à Strasbourg Une manifestation alibi

Publie le mardi 14 février 2006 par Open-Publishing
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Manifestations contre la directive Bolkestein à Strasbourg
Une manifestation alibi

Deux manifestations simultanées contre la directive Bolkestein eurent lieu samedi dernier, l’une à Berlin et l’autre, rassemblant près de quinze mille personnes, à Strasbourg, siège du Parlement européen. De nombreuses délégations de manifestants étaient venues principalement de France, d’Allemagne et de Belgique mais aussi d’autres pays. Un grand nombre de manifestants faisaient partie d’organisations politiques telles Attac, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), le Parti communiste (PCF), le Parti marxiste léniniste d’Allemagne (MLPD) maoïste, tout comme diverses organisations syndicales.

Alors qu’à Berlin des membres de la direction syndicale et du gouvernement qualifièrent les aménagements minimes apportés au projet de la directive Bolkestein de succès se déclarant favorables au vote d’un projet de directive amendé, les orateurs de Strasbourg rejetèrent la version amendée du projet. Plusieurs orateurs exigèrent le retrait total du projet de la « directive sur les services dans le marché intérieur. »

Toutefois, aucun d’entre eux ne procéda à un examen sérieux et critique du rôle joué par les syndicats et les sociaux-démocrates. Personne n’osa mentionner le simple fait que la directive Bolkestein représente une partie essentielle de l’Union européenne et qu’il n’est possible de la combattre qu’au moyen d’une perspective socialiste ne s’opposant pas seulement aux aspects isolés de la politique communautaire mais mettant en cause son fondement capitaliste même.

Certes, le professeur de sciences politiques de l’université de Berlin, Peter Grottian, membre du Aktionsbündnis Sozialproteste, lança l’avertissement de ne pas accepter de compromis concernant la directive Bolkestein en disant : « On ne peut pas réformer la directive Bolkestein, on ne peut que l’abolir, et la désobéissance civile non violente devient un devoir des citoyens d’Europe ! » L’ensemble de sa perspective se limita cependant à un « boycott des produits et des prestations de services » contre la « politique néolibérale de l’Union européenne ».

L’orientation opportuniste de la manifestation devint plus évidente lorsque Francis Wurtz, un membre influent du Parti communiste français et président du groupe Gauche unitaire du parlement européen s’empara du microphone : « Nous sommes rassemblés pour exiger le rejet de la directive Bolkestein. Nous avons mis les partisans de la directive sur la défensive. » Il précisa que certains domaines « furent sortis du champ d’application de la directive, tel que la santé, les agences de travail intérimaires, l’audio-visuel et bien sûr les services portuaires » mais, lança-t-il « ne boudons pas ces bouchées car nous y sommes pour quelque chose. » Certes, il remarqua en même temps que « la substance de la directive n’a pas changé et la question se pose : la directive ainsi modifiée deviendrait-elle une bonne directive ? Il n’y a pas de garantie que les concessions accordées seront tenues et l’alliance des forces progressistes a déjà remporté d’importantes victoires. »

L’allocution de Francis Wurtz montre clairement que la manifestation de Strasbourg tient lieu d’alibi. Par un vocabulaire radical on essaie de mettre un frein à une résistance croissante contre la politique réactionnaire de la bureaucratie de Bruxelles pour la canaliser dans les voies politiques des syndicats et de la social-démocratie qui soutiennent d’ores et déjà la directive.

En opposition à cela, des reporters du WSWS distribuèrent, lors de la manifestation, des tracts en français et en allemand disant : « La lutte contre les institutions européennes nécessite une perspective socialiste » et : « La tâche primordiale devant laquelle se trouvent les manifestants à Berlin et à Strasbourg consiste à se familiariser avec une perspective socialiste. Les manifestations doivent être le point de départ d’une mobilisation politique de grande envergure, dans laquelle la population européenne s’oppose aux autorités communautaires de Bruxelles et aux grands groupes et gouvernements qui les soutiennent pour lutter pour un changement en profondeur, pour une société qui placerait les besoins humains avant les profits économiques. »

De nombreuses discussions concernant ces questions eurent lieu avec des manifestants, l’un d’entre eux, Jean-Louis, syndiqué à l’Union locale CGT de Roissy et militant d’Attac participait à la manifestation avec deux collègues.

« J’ai préféré manifester tout simplement aujourd’hui avec les mouvements associatifs. Je ne voulais pas manifester mardi prochain avec la Confédération européenne des syndicats (CES) qui a pris une drôle de position pour le « oui » au référendum. Donc, je ne me sens pas en accord avec eux. Dire « non » à Bolkestein est une prolongation du rejet de la constitution européenne du 29 mai et à toutes ces mesures là, qu’on retrouve en France sur les chantiers de l’Atlantique, comme St-Nazaire, Alstom, avec la main-d’oeuvre bon marché et les sous-traitances en cascade. En ce qui concerne la position de la CGT, on va voir cela au prochain congrès en avril. En ce moment on est en train de travailler dessus. On a des leaders à qui il a fallu passer la main. Moi, je me trouve dans cette tendance là et je pense qu’au niveau de la CGT il y a des hommes à remplacer. Bernard Thibault [secrétaire général] particulièrement et Jean-Christophe Le Guigou [secrétaire national], chargé des questions économiques]. Ils étaient pour le « oui » à Bolkestein.

http://www.wsws.org/francais/

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