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Marx redevient une idole en Chine

Publie le mercredi 8 juin 2016 par Open-Publishing
27 commentaires

Marx redevient une idole en Chine

Le penseur allemand qui avait inspiré Mao et hypnotisé plusieurs générations de communistes est de nouveau à la mode en Chine, alors que Pékin cherche à resserrer l’étau idéologique. La gloire de Marx illumine à nouveau dans l’empire du Milieu.

Vendredi dernier, un groupe de professeurs chinois, outrés par l’« occidentalisation » des cursus économiques, ont fermement réclamé le renforcement de l’enseignement de Marx dans les universités. « Beaucoup d’entre eux (étudiants en économie, NDLR) ont subi un « lavage de cerveau » à cause des théories occidentales bourgeoises que l’on leur inculque (…) Au moins la moitié des cours d’économie devraient être dédiés au marxisme, sinon les étudiants risqueraient de devenir les fossoyeurs du système économique socialiste », se sont alarmés ces professeurs dans une lettre adressée au ministre de l’Éducation, Yuan Guiren.

La pétition, signée par « des dizaines d’universitaires » selon le quotidien officiel Le Global Times, fait écho aux efforts de Pékin pour augmenter les enseignements idéologiques dans les écoles, et de reprendre le contrôle sur les contenus des cursus universitaires. M. Yuan avait récemment déclaré qu’ « aucune autre idéologie occidentale, sauf le marxisme, ne doit pénétrer dans les salles de cours d’université ».

Un rap chante les louanges de Marx

Ce qui a vraiment ressuscité Karl Marx dans la mémoire et le cœur des millions de Chinois est une chanson de rap intitulée Marx est de la génération 1990. Depuis fin mars, ce jingle d’une émission culturelle est non seulement devenu viral sur les réseaux sociaux, mais aussi le hit relayé par bon nombre de chaînes de télévision chinoises. Les paroles de cette chanson auraient de quoi faire se retourner le philosophe dans sa tombe : « J’ai croisé Marx pour la première fois dans un cours de politique, je l’ai étudié uniquement pour passer l’examen, je pensais qu’après ce serait fini, mais plus tard je l’ai relu et il n’est pas si mauvais (…) Un jour, j’ai compris à quel point il déchire (…) Fini les magazines, je lis Marx (…) Je suis né dans les années 1990, je suis ton Bruno Mars et tu es ma Vénus cher Marx… »

Afin d’accompagner le succès grandissant de la chanson, Le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC), n’a pas manqué de louer la théorie marxiste, la « quintessence du communisme » : « Ceux qui renoncent au marxisme s’éloignent du bon sens et de la vérité (…) Leur vie perdra beaucoup d’éclat (…) Le marxisme ne nous a jamais quittés et il ne sera jamais rejeté par la jeunesse ».

Cette renaissance de Marx intervient alors que le débat s’envenime parmi les internautes Chinois sur la récente révision des manuels scolaires, auxquels des médias d’État ont reproché de ne pas prêter assez d’attention à l’« héritage révolutionnaire du Parti communiste ».

Par Junzhi Zheng.

http://www.pcfbassin.fr/3-politique-internationalea/chine/30145-marx-redevient-une-idole-en-chine-par-junzhi-zheng

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Messages

  • L’important c’est de "démaoïser" Marx comme de le "déstaliniser". Il faut en finir avec cette confusion qui a desservi la cause révolutionnaire.
    Ces idéologies -ces religions- maoïstes ou staliniennes-, ces cultes, ces idoles, créés de toutes pièces pour enthousiasmer, tromper et faire suer au travail des masses rurales largement analphabètes de pays encore à moitié féodaux sont d’une autre époque.
    Cette religion (stalino-maoïste) ne fut qu’un salmigondis idéologique qui avait pour but de mobiliser la force de travail de pays "arriérées" pour la construction d’une économie moderne capable de rivaliser avec les puissance capitalistes développées. (c’est dire si en URSS et en Chine on était encore loin du socialisme !)
    Mao et Staline sont à balancer dans les poubelles de l’histoire du marxisme- ils ne nous sont d’aucune utilité. Tout ceux qui tentent de réhabiliter leurs noms participent à la confusion des esprits et travaillent en faveur de la bourgeoisie et de la réaction.

    • On aurait d’ailleurs été tout aussi loin du socialisme si Lenine était mort centenaire ou si Trotsky avait évincé Staline.

    • C’est surtout la volonté d’invoquer Marx pour justifier les méthodes d’accumulation primitives du capital adoptées par le stalinisme en URSS et par Mao en Chine ( en gros le "socialisme dans un seul pays"..)qui doivent être critiquées et rejetées.
      Ces méthodes niaient le rôle positif du capitalisme ("la bourgeoisie a joué un rôle éminemment révolutionnaire...) que décrit Marx dans le chapitre 1 du Manifeste. Mais elles découlaient aussi des circonstances qui ont conduit des marxistes à arriver au pouvoir dans des contrées où le capitalisme n’était encore qu’à l’état embryonnaire et où le prolétariat salarié était largement minoritaire. C’est à cette situation que répondait la NEP de Lénine et aussi sa variante de Deng Xiao Ping.
      Alors que l’URSS stalinienne a débouché sur un échec quasi total, le maoisme chinois a finalement pu, 30 ans après son accession au pouvoir, être remisé. Deng ayant réussi (1979) à imposer la solution léniniste du "capitalisme d’état" qui débouche maintenant sur l’existense en Chine du prolétariat le plus puissant de la planète.
      Le "retour" de Marx en Chine, 15 ans avant le terme, annoncé par Deng lui-même, de sa
      politique, montre que le PCC maîtrise, plutôt bien, le débat politique dans le pays.

    • @92 -17

      Etonnants pronostics d’un néolibéral ou d’un social liberal !!
      92 -17 ne doit pas hésiter à ouvrir une PME de la cafédomancie , ou l’art de lire dans le marc de café. Il y ferait surement fortune !

    • Absolument pas.
      Bien qu’il soit un peu vain de refaire l’histoire il y a entre Lénine et Trotsky d’un côté et Staline de l’autre une chose qui diffère radicalement.
      Chez Lénine et Trotsky la question russe était subordonnée à la révolution mondiale. Staline a retourné le problème est fait dépendre la révolution mondiale de la question russe.
      Il a fait du communisme une question nationale et de défense patriotique. (D’où l’épuration de l’internationale communiste de tous les éléments révolutionnaires internationalistes et sa politique internationale louvoyante, n’ayant pour objectif que la défense de l’URSS qui a finalement contribué au naufrage de la révolution en Europe).
      Il ne dépendait pas de Lénine ou Trotsky (ni de personnes d’ailleurs) que l’URSS deviennent socialiste toute seule mais Lénine et les léninistes (dont Trotsky) à la tête du Komintern et des partis communistes et organisations de luttes de classe aurait mené, en pleine crise de 29, une politique radicalement différente de celle menée par la sinistre et stupide bureaucratie stalinienne.
      On peut raisonnablement penser qu’une politique "léniniste" aurait triomphé dans les années 30 et la victoire du socialisme en Europe aurait évidemment changé la donne en URSS et... ailleurs !

    • Vous avez raison sur le tandem Lénine-Trotski... jusqu’en 24. Alors qu’il avait soutenu la NEP du vivant de Lénine, Trotski s’en écarte au fur et à mesure que Staline, et les néo communistes (Kroutchev...) surfent sur les inégalités qu’elle génère pour faire monter l’idée de la construction autarcique du socialisme "dans un seul pays" .
      Bien qu’il ait démoli, politiquement, la formule dès son apparition, Trotski n’insiste pas dans la défense de la NEP, pas plus d’ailleurs que Boukharine et les autres qui la soutenaient du temps de Lénine. Contre la "bureaucratie", il lance l’idée de "Révolution permanente" qui permet à Staline d’en faire un agitateur violent, alors que les masses bolcheviques, fatiguées de la guerre civile, cherchent enfin le calme. C’est sur ce terrain qu’Il va être battu !

    • Que la situation en Russie était ultra délicate c’est vrai. Mais les divergences politiques même violentes au sein du parti auraient pu coexister pendant une période -Lénine ne réglait pas les conflits au sein du parti à coup de révolver et de déportation -
      Je voulais mettre l’accent sur un autre problème :
      C’est que la question russe ne pouvait pas trouver sa résolution en URSS mais dans la révolution mondiale.
      C’est pourquoi TOUT reposait sur la politique du Komintern. C’est la stalinisation du Komintern qui a rendu impossible, la révolution en Europe et donc rendu impossible une évolution socialiste en URSS. et l’a fait rétrograder politiquement vers le système policier qu’elle a connu.
      Amadéo Bordiga (communiste italien) dit quelquepart que la 3ème internationale aurait du avoir son siège dans un autre pays que l’URSS.
      Il fallait dissocier la politique communiste mondiale du problème spécifiquement russe qui suivait un chemin difficile et isolé et n’était qu’une partie -et peut-être pas la plus importante- de la question de la révolution communiste mondiale.
      Mais la russification du Komintern (et plus encore sa stalinisation) a entrainé la subordination du mouvement communiste international aux aléas de la politique russe et l’un et l’autre ont fini par sombrer.

    • Le prolétariat aurait pris le pouvoir là "où le capitalisme n’était encore qu’à l’état embryonnaire" ? Avant la bourgeoisie à la limite ?
      La NEP était en principe un repli tactique, la révolution chinoise a près de 70 ans.
      Le prolétariat chinois serait le plus puissant de la planète ? Numériquement peut être mais les syndicats indépendants du pouvoir ne sont encore tolérés (tout juste !) que dans quelques endroits.

    • Bordiga a même proposé à Staline que l’URSS soit gouvernée en commun par tous les partis communistes du monde. Staline a été très réservé.

    • Je parlais de la puissance productive du prolétariat chinois, pas de sa puissance politique ou syndicale.

    • La NEP n’était absolument pas un "repli" tactique. C’est, dans l’esprit de Lénine, un moyen de réaliser, sous le contrôle de l’état prolétarien, l’accumulation primitive du capital qui, normalement, est réalisée pendant la domination de la société par la bourgeoisie. La nuance, selon Lénine, étant que l’état au lieu d’être sous le contrôle du capital, devait, à l’inverse, contrôler le capital.
      Le but de la NEP était d’industrialiser l’URSS avec le concours des capitalistes étrangers, allemands et américains en priorité et devait durer "plusieurs générations" (Lénine OC). Par exemple la presqu’ile du Kamtchaka (moitié de la France...) fût proposée à un consortium américain pour un bail de 60 ans avec 5% des bénéfices annuels comme loyer. La main d’oeuvre restant sous contrôle soviétique.

    • Massacre des spartakistes allemands en 1918, élection de la chambre ’bleue horizon" en France en 1919, et tout cela parce que Staline déclare la construction du socialisme dans un seul pays dans les années 1920 ?

      Staline était sans doute un sale type, mais il n’a quand même pas inversé le cours du temps.

      Et rêver de qu’aurait pu être une révolution mondiale, c’est bien beau, mais aller jusqu’à raisonner comme si 1924 était avant 1918, c’est pousser le rêve un peu loin. Non ?

    • Avec la NEP, Lénine ne tablait pas que sur un renforcement des forces productives soviétiques, il tablait aussi sur la sortie de l’isolement diplomatique, et de la détente, qui pouvait découler de l’implication de capitalistes occidentaux dans le développement industriel de l’URSS. Aspect totalement négligé par Staline et son shéma simpliste, classe contre classe, qui favorisera l’arrivée de Hitler au pouvoir.
      On peut aussi remarquer, dans le même ordre d’idée, que "l’ouverture" de la Chine a divisé le capitalisme mondial, entre ceux des capitalistes qui tirent des profits du développement de la Chine et les autres qui, du coup, ont du mal à mobiliser leur médias contre le "communisme chinois". En tout cas rien de comparable avec ce qu’on a connu à l’époque de l’URSS.

  • Enfin ils redécouvrent les préceptes de bases. Alain 04

    • Je ne sais pas si ça aura un effet durable mais ce qui est sûr, c’est que c’est rendu possible parce que le PCC a tenu ferme les rênes du pouvoir jusqu’à aujourd’hui.

    • "Le portrait robot du milliardaire chinois

      Le classement publié par Hurun eport permet de brosser les grandes liges du milliardaire chinois.

      C’est avant tout un homme et un self made man (dans 95 %) qui appartient de plus en plus souvent au secteur des nouvelles technologies. Et de moins en moins dans les matières premières ou le commerce traditionnel.

      Il habite de plus en plus souvent à Pékin (279 d’entre eux y ont une résidence, soit 99 de plus que lors du précédent classement).

      Et est aussi impliqué politiquement : 211 d’entre sont présents dans les instances du Parti, soit 37 de plus que l’année précédente."

      Il est facile d’imaginer la réaction de ce PCC -si mal nommé- lorsqu’une vague de rébellion venant des profondeur de la société chinoise va déferler. Ce parti au service des milliardaires agira avec la plus grande férocité.

    • Reste à savoir comment s’opère, ou non, l’héritage de ces milliardaires.....

    • "Ce parti au service des milliardaires agira avec la plus grande férocité."
      Ca a déjà commencé. Surtout dans les régions de l’intérieur où le prolétariat vient de la campagne, est peu expérimenté, faire grève ou dénoncer un cadre ripou peut être dangereux.

    • "Ce parti au service des milliardaires agira avec la plus grande férocité."

      Et si c’était les milliardaires qui étaient au service du parti...

  • A bas les idoles !
    Marx à l’attaque !
    Solidarité Internationale contre le Capitalisme

    • Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
      Ni Dieu, ni César, ni tribun,
      Producteurs sauvons-nous nous-mêmes !
      Décrétons le salut commun !
      Pour que le voleur rende gorge,
      Pour tirer l’esprit du cachot,
      Soufflons nous-mêmes notre forge,
      Battons le fer quand il est chaud !

    • quelles sont belles ces paroles de l’internationale ...je doute de tout , mais il y a une chose dont je suis certain , c’est que je ne suis pas marxiste ...disait de lui même ce révolutionnaire intégre. Aussi le plus mauvais service que nos " camarades " soviétiques ont rendu à notre cause a été de momifier lénine et sa pensée , puis de statufier le tombeau de marx et d’ériger de même sa pensée en dogme.

    • Un dogme ne se critique pas, mais Marx est toujours, lui, sous la critique....Vous même, vous pouvez vous y essayer....

    • "En tout cas je ne suis pas marxiste !" a dit Marx. C’est vrai. mais il faudrait dire dans quel contexte il a dit çà et contre quels "marxistes" ils s’opposaient.
      C’était contre les communistes du Parti ouvrier français de Guesde qui n’avaient qu’une connaissance assez frustes du Marxisme et se revendiquaient assez maladroitement de Marx.
      La phrase aujourd’hui est le plus souvent détournée par des anti-marxistes ou des marxistes libertaires (!) ou des opportunistes de gauche pour tenter de "déléniniser" Marx. Pour en faire un penseur certes intéressant mais qu’il faudrait moderniser.
      Sous entendu arranger à la sauce petite bourgeoise de gauche, démocratico-libertaire, genre nuit debout.
      Il s’agit de faire un Marx présentable. Un Marx économiste et philosophe, mais pas militant révolutionnaire. D’en faire un sans parti, pas du tout défenseur de la dictature du prolétariat ou de la violence sinon de la terreur révolutionnaire et le mettre en opposition à son compagnon Engels qui, selon eux, n’aurait rien compris à Marx et n’aurait fait que caricaturer sa pensée.

  • merci pour la leçon de fraternité----imaginez les chinois face à nous tous.......et nos chômeurs ,SDf , et tous les exclus de leurs droits de vivre-----ils ne lisent plus rien et ne veulent plus entendre parler des morts qui vous hantent------- dans leur langage d’un autre siècle !
    vive la 6ème !