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Mc Do au louvre !

Publie le vendredi 25 septembre 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

Un « scandale »

L’invasion des hauts lieux culturels parisiens par le mercantilisme, suite. Cet été (relire ici), on avait déjà (un peu) sursauté à l’annonce de l’ouverture d’une boutique au cœur d’un des temples de la culture de la capitale française : le Palais Garnier. Cet automne, un nouveau pas vient d’être franchi. En effet, McDonald’s France a confirmé qu’en décembre prochain, elle ouvrira son prochain "resto", le 1135ème de France, rien de moins… qu’au Louvre !

« Trente ans après l’arrivée du premier McDo en France », son entrée annoncée sous la Grande Pyramide constitue « une consécration, une pub planétaire pour McDonald’s », s’extasiait à la radio, l’autre jour, un éminent chroniqueur économique qui frisait l’hystérie. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que, avec un tel emplacement, la multinationale touchera le jackpot. Pour rappel, le Louvre est le plus grand musée du monde en termes de fréquentation : il accueille au bas mot plus d’une demi-douzaine de millions de visiteurs chaque année.

Où précisément sera situé le McDo du Louvre ? Motus et bouche cousue. McDo France, nous a-t-il été répondu très courtoisement, ne souhaite pas communiquer sur ce sujet pour le moment. Une telle implantation, dans un lieu culturel aussi fameux, constitue-t-elle une première pour cette multinationale ? Ou d’autres institutions muséales de prestige international comparable (la Tate Gallery, le Moma, L’Hermitage, etc.) ont-elles déjà autorisé un tel voisinage avec le distributeur mondial de burgers ? Idem : no comment. McDo France craint-elle, par extraordinaire, de ne pas faire l’unanimité avec pareille intrusion dans un tel bastion du pays dit de l’exception culturelle ? Soyez gentil, n’insistez pas : on vous recontactera.

Seul nous a été confirmé le fait que le fast-food ouvrira non dans le musée proprement dit mais dans la galerie commerciale sous la Pyramide : ce « Carrousel du Louvre » qui se présente comme « le lieu unique d’une rencontre réussie entre culture, tourisme, histoire et shopping ». Cette galerie compte déjà un espace de restauration ciblé « world food » et des enseignes comme « Sephora », « Esprit » ou « Virgin ».

Il n’empêche, l’idée d’y voir bientôt débarquer McDo est en train de susciter un certain tollé parmi le personnel scientifique du musée. « On ne parle que de cela », nous confirmait hier un copain, historien de l’art au Louvre et furieux de cette « confusion des genres ». A l’en croire, si certains dans le personnel du musée sont « résignés », la majorité des employés sont réellement « scandalisés » par ce projet commercial. Il y a deux ans déjà, plusieurs centaines de membres du personnel du Louvre avaient pétitionné, vainement, contre l’ouverture d’un « Starbucks Café » dans l’aile de la galerie qui était jusqu’à présent strictement réservée au musée, à laquelle le business n’avait pas accès. A l’époque, pour apaiser la fronde et donner un vernis culturel à cette grande première, avait été aménagé dans le café « un petit coin de détente, qu’aucun client ne regarde, prétendument consacré à la culture, où l’on trouve la documentation du musée, les guides, etc. ».

Après Starbucks, McDo donc. Cela dit, culturellement, est-ce vraiment pire que Virgin ? « C’est un peu plus lourdingue encore », fulmine notre interlocuteur. « C’est une couche de plus rajoutée au dévoiement progressif et continuel de cette galerie. Qui, à l’origine, il faut le rappeler, était censée avoir une vocation exclusivement culturelle ». Raison pour laquelle, à l’époque, « Virgin » s’était vu imposer de proposer à la vente, dans son magasin du Carrousel, un certain quota d’œuvres culturelles au sens classique du terme : librairie, musique classique, etc.

Cela dit, que les contempteurs de la mal-bouffe ne se désespèrent pas trop. En effet, Frédéric Mitterrand, puisqu’il est un ministre de la Culture que la planète entière envie à la France, réussira certainement à faire en sorte que les clients de ce McDo Louvre puissent engloutir leurs burgers et leurs frites avec vue sur de merveilleuses reproductions en quadrichromie de Mona Lisa ou de la Vénus de Milo

’cf libre belgique, B. delattre
 http://parislibre.lalibreblogs.be/a...

Messages

  • toujours ds libre belgique.... le même
    On vend les lieux culturels de paris :

    25.06.2009
    Une invasion
    Avis aux “shopping addicts” : les soldes ont commencé hier à Paris. Avis aux agoraphobes : l’affluence est telle, depuis hier matin dès la première heure de l’opération, qu’il paraît que, dans les grands magasins, c’est vraiment l’horreur. C’est le moment que choisit un de ces fameux commerces parisiens, les “Galeries Lafayette” pour communiquer sur une initiative qui, c’est le moins que l’on puisse dire, pose question.

    D’ici à la fin juillet, les “Galeries” ouvriront une boutique de 300m² au cœur même d’un des temples de la culture de la capitale : le Palais Garnier. Dans les rayons, on trouvera des livres, des disques, de la hi-fi, de l’électronique, de la mode, des soins de beauté, des bijoux, de l’art de la table, des souvenirs pour touristes, des articles pour enfants, etc. etc. L’habillage marketing de ce « concept commercial unique » est évidemment culturel. Il s’agit, assure-t-on, de « proposer des produits novateurs, symbolisant l’excellence française, autour des arts lyriques et chorégraphiques ». Ainsi, le rayon mode tournera autour du thème de la danse ; on y trouvera « des accessoires, des soins de beauté pour les danseuses, mais aussi des bijoux de scène, tutus, accessoires et objets d’artistes ». Idem pour le rayon enfants : les “Galeries” assurent que les « jeux éducatifs, livres et disques, costumes, jouets et cahiers de dessins (qui) seront proposés aux enfants et à leurs parents » fréquentant le Palais Garnier constitueront « avant tout une sélection de divertissement dédiée en partie à l’apprentissage et à la découverte, une sorte de premier pas vers les Arts ». L’objectif premier de l’opération n’en est pas moins commercial. Le Palais Garnier est un emplacement en or puisque, se réjouissent les “Galeries”, il accueille chaque année 300.000 spectateurs et 500.000 visiteurs.

    Gros soupir de lassitude. Car, bon, sans revenir avec les marchands du temple, n’y a-t-il donc pas déjà suffisamment de magasins, de camelots, d’étals de bibelots et de boutiques de souvenirs à Paris ? Ne pourrait-on pas concevoir que des lieux culturels aussi exceptionnels comme l’Opéra Garnier soient juste artistiques et pas également marchands ? Est-ce parce que les “Galeries Lafayette” possèdent déjà une boutique similaire au cœur du Musée des Arts décoratifs, rue de Rivoli, qu’il faut les autoriser à envahir tous les grands lieux culturels de la capitale ? A-t-on le droit, dans cette ville, d’adorer faire du shopping mais de souhaiter aussi que certains lieux soient préservés de toute dimension mercantile ? Afin qu’ils soient des respirations salutaires et bienvenues dans une des capitales mondiales du commerce.

    Accessoirement, notons que l’Opéra de Paris, au moment où, à Garnier, il concède – à prix d’or, sans doute – 300m² au grand commerce, assure qu’il lui est impossible de trouver, à Bastille, le moindre m² à refiler à la FNAC. Pour qu’elle puisse s’étendre dans les sous-sols de l’opéra et donc ne pas fermer ses portes comme annoncé – avec les conséquences que cela suppose pour l’accès à la culture du grand public de l’Est parisien.

    Mais Frédéric Mitterrand, le nouveau ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy, va certainement arranger cela.

  • hmmm deguster un momie-burger dans la galerie egyptienne....