Mediapart - Vol MH 370 : qui ment ?

MH 370 : qui ment ?

14 mars 2014 | Par Michel DELARCHE

Aux dernières nouvelles, les Américains ont lancé des recherches dans l’Océan Indien parce que Boeing aurait reçu des signaux émis par l’avion depuis cette zone via le service de télécommunication InMarSat (utilisé pour les communications d’exploitation de la compagnie (AOC) et/ou les services aux passagers (APC) en zone océanique).

Boeing explique que Malaysian Airlines n’était pas client de son service d’assistance à la maintenance des avions, mais qu’ils recevaient quand même des signaux émis automatiquement sur la liaison satellitaire : les systèmes de télécommunications sont organisés en couches de protocole et il est donc possible, quoique improbable vu le coût (puisqu’il faut bien que quelqu’un paie la facture de l’abonnement InMarSat !), qu’une couche de protocole de bas niveau soit active sans qu’aucune couche applicative de plus haut niveau ne l’utilise.

De son côté, Malaysian a expliqué il y a quelques jours que cet appareil avait eu une aile légèrement endommagée lors d’une collision au sol avec un autre avion il y a quelques mois, mais qu’il n’était pas concerné par l’alerte aux fissures observées sur certains appareils au voisinage de l’implantation de l’antenne satellitaire... parce que ce 777 n’était pas équipé d’une antenne satellitaire !

Il y a donc à ce stade quelqu’un qui ment (par incompétence ou dissimulation) et plusieurs explications viennent à l’esprit :

– par manque de culture technique, les responsables de Malaysian Airlines confondent absence d’applications logicielles de communication satellitaire de données et absence d’équipement matériel.

– Vu ce que l’on apprend depuis quelques mois sur l’étendue des moyens américains de surveillance clandestine des télécommunications à l’échelon mondial, il serait assez plausible que tous les avions fournis par Boeing ces dernières années aient été munis d’un système "pirate" de radio-communication permettant le suivi et la géo-localisation des avions long-courriers sans que les exploitants commerciaux soient forcément au courant : un système bas débit peut utiliser une antenne sans gain de taille réduite (une dizaine de centimètres) pouvant être installé un peu partout en haut du fuselage de l’avion (par exemple à côté d’une autre antenne, "officielle" celle-là)

– les longs courriers équipés d’une antenne servant pour la téléphonie passager utilisent des antennes directionnelles à gain qui sont plus volumineuses (ce sont ces installations au voisinage desquelles ont été récemment observées des fissures sur les 777) et qui peuvent également servir aux transmissions ACARS (les normes d’équipement correspondantes sont définies par l’ARINC) ; une application discrète de télésurveillance par boîtier autonome pourrait également utiliser cette antenne-là à l’insu des exploitants.

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