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Mélenchon en soutien à... Tsipras ... mais...

par Antoine (Montpellier)

Publie le mercredi 15 juillet 2015 par Antoine (Montpellier) - Open-Publishing
10 commentaires

Lu sur le blog de Jean-Luc Mélenchon :

[C’est nous qui soulignons]

S’il est bien normal que bon nombre de nos amis ne soient pas heureux de ces propositions [de Tsipras à l’Eurogroupe],
il est bien normal que nous disions de notre côté pourquoi
c’est un
devoir de soutenir Tsipras à cette heure sans faiblir.
[…] [Il faut] d’abord résister, comme à chaque étape, à l’utilisation qui est faite de
toute proposition de Tsipras pour la convertir en « capitulation », « 
trahison » et ainsi de suite, dans le but de démoraliser et dissuader
toute confiance dans l’esprit de résistance. […] 



Je partage l’avis de mon camarde Guillaume Etievant
lorsqu’il écrit : « J’irais même plus loin en affirmant que
les choses
vont dans le bon sens
si on reprend l’historique des négociations depuis
le début : on est maintenant proche d’un accord sur trois ans avec
rééchelonnement de la dette,
sans aucune attaque contre le droit du
travail (bien au contraire, il sera amélioré sur la base des
recommandation de l’OIT), aucune attaque contre les salaires ni les
pensions de retraites, ni la protection sociale.
Et toute la progression
de l’excédent budgétaire vient de nouvelles recettes fiscales et non
pas d’une baisse des dépenses ! Rappelons-nous d’où on est partis ! Au
départ, les créanciers voulaient tout décider et imposer toutes leurs
réformes structurelles. Certes, on est loin du programme de Syriza, mais
vu la situation d’étranglements financiers, et la faiblesse d’un petit
pays comme la Grèce dans les négociations, et du fait que, contrairement
à ce qu’on pensait, l’Allemagne souhaite la sortie de la Grèce de
l’euro,
le rapport de force mené par Tsipras est considérable.  » Cliquer ici


Remarques : nous rappelons que ces lignes ont été écrites le 11 juillet. Il faudra attendre deux jours pour que tout devienne enfin clair : Grèce : un accord contraint qu’il ne faut pas soutenir

Le rétablissement est cependant extraordinairement emberlificoté : on reste solidaire d’un Tsipras qui aura, nous dit-on, résisté magnifiquement, mais on ne soutient pas ce qu’il a signé : " Il faut soutenir Alexis Tsipras et ne pas s’ajouter à la meute de ceux
qui veulent le déchirer et se rendent complice du coup d’état tenté
contre lui et les Grecs.
Mais il ne faut pas soutenir l’accord pour ne
pas cautionner la violence dont il est issu et qu’il prolonge. "


A notre avis : Mélenchon ou la dialectique de la quadrature du cercle



On savait Jean-Luc en délicatesse avec la dialectique mais là avouons qu’il en surprendra encore plus d’un-e. Malgré les classiques rodomontades du type "Mobilisés en équipe et avec traducteurs, mes amis et moi nous n’avons pas lâché les devoirs de la froide analyse et de la « solidarité raisonnée » qui est notre règle éthique et politique." Froide analyse ? Solidarité raisonnée ? La preuve par le soutien "schizo" à Tsipras contre ce qu’il a signé avec les eurocrates ? Et quid de la question politique test : si le peuple grec, comme on peut l’espérer, se lève contre l’accord austéritaire qui n’a d’autre but que de le "casser" socialement et politiquement, faudra-t-il le soutenir contre celui qui appliquera (avec ce qu’il faut pour que force reste à la loi ?) ledit accord ? Un Tsipras désormais forcément en rupture avec sa gauche et mécaniquement en convergence avec la droite ND et Pasok (+ Potami), hier honnie et toujours inféodée à Merkel-Hollande... mais un Tsipras que l’on soutient ! (1) 

Parions qu’il y a là quelque chose d’une quadrature de cercle d’autant plus inconfortable politiquement que les référents de la 6eR, du PG ou du FdG sont explosés (2). En particulier sur la Grèce. Reconnaissons que, malgré tout, le laborieux rétablissement de Mélenchon, désapprouvant les décisions prises par les chefs d’Etat de l’UE, lui permet d’échapper aux honteux alignement du PCF sur la politique de capitulation de Tsipras. Réflexe de survie politique in extremis qui ne change rien sur le fond d’un syndrome germanophobe aggravé et directement indexé sur un républicanisme cocardier qui évacue ce qui est pourtant au coeur de l’actualité grecque : la lutte des classes dont l’UE démontre de façon exacerbée qu’elle est dans son ADN politique et qu’elle s’applique à mener jusqu’à sa plus totale cohérence capitaliste. A l’inverse des pathétiques et dramatiques acrobaties ou rétropédalages par lesquelles les antilibéraux comme Mélenchon ou Tsipras lui laissent le champ libre... Tout ceci lance un défi aux anticapitalistes qui doivent prouver qu’ils peuvent sortir de leur impuissance souvent incantatoire, qu’ils peuvent élaborer une réponse au désarroi que les populations matraquées vivent et que, par là-même, ils sont la seule chance de neutraliser le développement d’une extrême droite qui pourrait s’alimenter des démissions politiques et autres confusionnismes antérieurement évoqués.

Antoine

(1) Le "pour mais contre" de Jean-Luc Mélenchon est en miroir du "J’ai signé un accord auquel je ne crois pas mais j’assumerai mes responsabilités" (Tsipras) qui pourrait être l’emblème des antilibéraux qui rusent avec la lutte des classes pour le plus grand bonheur des adeptes conséquents de celle-ci, les capitalistes et leurs serviteurs politiques !

(2) On relèvera dans la dernière livraison de son blog cet aveu de Jean-Luc Mélenchon qui renvoie à ce qu’il a mis en oeuvre dès l’après-présidentielle et a à voir avec une progressive décrédibilisation que le retour vibrionnant du "parler vrai, parler dru" n’a plus pu rattraper  : "Nous avons mis en veilleuse nos critiques de François Hollande, même si nos encouragements à bien faire ont comme d’habitude été utilisés sans scrupule pour faire croire à notre adhésion." (lire ici). On pourra se reporter à ce qu’à ce propos nous écrivions de la "gauche édredon" en juin 2012 : cliquer ici. 

http://npaherault.blogspot.fr/2015/07/paris-athenes-berlin-le-melenchonisme.html

Messages

  • Oui, belle contradiction de JL Mélenchon : je soutiens Tsipras, mais je suis contre sa politique. Pierre Laurent, lui, avale tout. Si les grecs se mettent en grève, dira-t-il comme Thorez à la Libération : "La grève est l’arme des trusts" ?

    • "...Thorez à la Libération."

      Euh...

      Il en faisait une vérité absolue ? C’est ce qu’on pourrait croire !

      En réalité, il parlait d’une grève lancée par des gauchistes, COMME PAR HASARD chez Renault fraichement nationalisé.

      Cherchez l’erreur... Ah non ! Y-a pas d’erreur !

      Enfin ! Ça nous change de l’éternelle citation coupée avant même sa première virgule : "Il faut savoir arrêter une grève dès que satisfaction a été obtenue", ce qui est évident pour tout gréviste qui perd de précieuses journées de salaire, mais pas pour les grévistes de salon.

      Sinon, Tsipras a bien dit que l’accord n’était dû qu’à la capacité de nuisance de Merkel et Schäuble, capables d’infliger à la Grèce les dégâts d’une véritable guerre.

      Il revient devant son parlement comme il était revenu devant son peuple, pour exposer la situation dans toute son horreur, sans chercher à faire croire qu’il avait gagné.

      Il est dans la merde autant que son peuple. Son seul tort, c’est que lui qui pourrait vivre à l’aise en faisant de la théorie révolutionnaire comme ceux qui le critiquent, il a choisi de se battre pour et avec ce peuple.

      Et quelles que soient les divergences, ça, ça se respecte !

    • Si j’ai bien compris, les grecs ont obtenu satisfaction. Il ne faut donc pas qu’ils fassent grève. La troïka a échoué lamentablement grâce au plan B de rupture avec l’Union Européenne qu’avait bien préparé la direction de Syriza au cas où les négociations échoueraient.

    • Magnifique " il a choisi de se battre pour et avec ce peuple."

      Et dans ce combat il va imposer à son peuple maintient des salaires là où les partis bourgeois les ont mis, il va taper sur les retraites, privatiser à tout va (et on sait ce que ça veut dire privatiser pour le peuple !), payer la dette rubis sur l’ongle et donc se priver de ce qu’il faut pour mener une politique sociale digne de ce nom.

      Bref la position de notre ami est acrobatique : Tsipras va relayer ce que la Troika lui a imposé pour prix de son incapacité à assumer la lutte des classes que celle-ci connaît sur le bout des doigts. Donc en bonne logique de 90.**.239.*** c’est le couple Tsipras-Troïka qui va se battre ... avec le peuple ! Contre le peuple, ce ne serait bien sûr que lubie de gaucho... A force de diaboliser les gauchos qui, au passage, sont du peuple (à moins que...ennemis du peuple, traîtres à la classe ouvrière... vieille rengaine pas très réjouissante, non ?), on en vient à dire des choses qui s’apparentent à du n’importe quoi.

      Délire quand tu le tiens !

    • TSIPRAS a joué et il a perdu... Il voulait une victoire du OUI pour mettre sur le dos de la majorité de la population ses propres turpitudes...
      Tsipras est à l’économie ce que le parmesan serait dans une salade de fruit...
      Si les banques privées font faillite : tant mieux !!! Les impôts doivent servir construire des routes, des écoles et des hôpitaux, pas à recapitaliser les spéculateurs abjects et imbéciles qui boursicottent ("Crésus impitoyables et vils", selon le poème de Charles BAUDELAIRE).
      Mais dans le cadre de l’UE, construite sur mesure pour faciliter la dictature des financiers-patrons-propriétaires, on ne peut que faire souffrir la population...
      En sortant de l’UE la GRECE pourrait avoir des idées industrielles originales et interdites par BRUXELLES : fabriquer la bagnole à air comprimé du niçois, transformer le vent, le soleil et les courants marins pour produire massivement de l’oxygène et de l’hydrogène liquides, etc...etc...

    • Jeannot et Antoine,

      Je suis surtout intervenu pour relever une citation complètement détournée comme savent les faire les bourgeois qui jouent à être plus à gauche que la gauche quand ils citent des communistes.

      La manière dont vous me répondez en détournant ce que je dis prouve que ce n’était pas une erreur et que votre mauvaise foi est totale.

      De même la manière que vous avez de dire que Tsipras marcherait en bonne entente avec la troïka. Vous savez que c’est faux. Ce n’est pas une erreur de votre part, c’est un mensonge.

      Si les Grecs sont prêts à se battre en sachant que ce sera long et dur, ils le feront. Mais tout porte à croire qu’ils ne le sont pas. Et le proclamations de ceux qui annoncent tous les matins la révolution prolétarienne pour le soir même n’y changent rien.

      Alors que l’aveu du gouvernement qu’il n’est pas assez puissant pour vaincre la troïka dans les conditions actuelles pourrait peut-être déclencher quelque chose. Même si j’en doute fort.

      Il faudrait que les Grecs soient prêts à endurer l’écroulement momentané de leur économie en cas de sortie de l’UE, et ils n’en veulent manifestement pas. Et qui sommes nous depuis la France pour leur dire : "Armons-nous et partez !"

      Je pense que si une révolution éclatait vraiment en Grèce, je ferais partie de ceux qui s’en réjouissent, je pense que ça ne déplairait pas non plus à Syriza, par contre, vous, j’ai de sérieux doutes !

      Et je maintiens que Tsipras aurait mieux fait, comme vous, de rester les bras croisés à gloser sur ceux qui font. Il se ferait moins chier et vous ne penseriez pas à le critiquer.

    • Si les masses paupérisées grecques ne sont pas mobilisée, c’est parce qu’elles ont des illusions... Croire qu’on peut s’en sortir en votant TSIPRAS (ou MELENCHON) est un matelas de paresse...
      Pour briser l’offensive ultra libérale-sécuritaire il faut une multiplication de grèves générales très longues et hargneuses accompagnées de subversions non-violentes.
      En votant pour des partis qui prétendent que l’UE est réformable les grecs, les espagnols et les français ne font que retarder l’affrontement inévitable classe contre classe.

    • Le coup de la mauvaise foi est éculé. Il suffit de se reporter à ce que tu as écrit et chacun-e remarquera que, si mauvaise foi il y a, elle est de ton côté (qui a écrit cette énormité : " Tsipras a choisi de se battre pour et avec ce peuple." ?) ; tout à ton obsession antigaucho, tu nous baratines sur le malaise, le mal-être du pauvre Tsipras "qui est dans la merde, comme son peuple.." et blabla.

      Tu es du lot de ceux/celles qui continuent à s’apitoyer sur le pov’ Alexis, comme s’il avait fait tout ce qu’il a pu et qu’il n’était qu’une victime. Tu nous sers de la psychologie de bazar au moment où il faut faire de la politique. En commençant par voir ce qui est important : la situation du peuple grec !

      Tu ne réponds bien sûr pas sur le concret de la politique que porte désormais Tsipras et qui reçoit la bénédiction de la Troïka et de la droite grecque. Cela c’est de la politique loin de tes foucades sur les pseudorévolutionnaires de salon et de tes ridicules pleurnicheries sur le malheur de Tsipras qui aurait pu se la couler douce, etc.

      La politique c’est en ce moment de choisir son camp : es-tu du côté du peuple qui va résister malgré Tsipras, contre Tsipras et donc contre ND, Pasok, Potami, Merkel, Hollande ? Ou es-tu du côté des mêmes qui se servent déjà des flics pour maintenir cet ordre qui est le malheur de tout un peuple.

      Mauvaise foi, dis-tu. Fais retour sur toi et sur essaie de retrouver une logique de la lutte des classes en sortant de ta parano et de ton mépris antigaucho. Le gauchisme est une notion politique sérieuse qui ne doit pas être usée n’importe comment, sinon chacun est le gaucho de quelqu’un. Mais là aussi, il faudrait faire de la politique. En commençant par lire le bouquin de Lénine sur le sujet et voir ce qu’il éclaire du présent grec et européen ! Pas en restant dans la pensée magique et obsessionnelle.

    • Tu continues de prouver que tu sais lire un mot, voire une phrase, mais pas un texte, du moins s’il ne dit pas ce que tu veux lire.

      On est au moins d’accord sur un point : tout cela va mal finir, sauf que moi, je l’aurai craint et que toi, tu l’auras espéré.

      Ras le bol du non-dialogue : j’arrête là !