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Mémoire de pierre

Publie le dimanche 17 juillet 2005 par Open-Publishing

Mémoire de pierre

" Quel genre de mémoire, et pour quoi faire ? "
(Idith Zertal - La nation et la mort - 2004, éd. La Découverte)

On pouvait lire dans le magazine online Arouts 7, le 6 février 2005 :
"Des étudiants israéliens rénovent des tombeaux juifs en Pologne" - www.a7fr.com

La direction de l’union nationale des étudiants a annoncé qu’elle enverrait une délégation d’étudiants qui seront chargés de rénover les tombeaux juifs endommagés en Pologne. La délégation se rendra en Pologne en mai prochain et participera ensuite à la Marche des Vivants. Le président de l’union des étudiants, Assaf Segev, a déclaré : « Il ne suffit pas de visiter Yad Vashem, il faut également se rendre là où sévit l’antisémitisme modèle 2005 afin de déraciner ce phénomène ».

On pouvait lire deux paragraphes plus loin, dans le même bulletin d’Arouts 7 du 6 février 2005 : "A vendre : cimetière musulman"

Le cimetière musulman de Haïfa est à vendre, a annoncé la radio régionale de Haïfa. Les institutions Al Aqsa, responsables des lieux saints musulmans, ont vraisemblablement contracté une dette qu’elles n’arrivent pas à rembourser. Me Ishaï Bar, huissier, a donc proposé la mise en vente du terrain où se trouve le cimetière, pour rembourser la dette.

On pouvait lire sur le site web Communauté Online, le 17 mars 2004 :
"Manifestation pour la rue des Rosiers" - www.col.fr

Le 14 mars, plus de 400 personnes ont manifesté dans la rue des Rosiers et ses rues adjacentes. Elles estiment que le projet de la Maire de cet arrondissement, Dominique Bertinotti, risque de porter atteinte à l’identité de ce quartier juif, le ’Pletzl’ - risque d’éradiquer l’identité juive du quartier, rapporte Arouts 7 ; des habitants ont apposé des affiches dans leurs vitrines : "Interdiction de détruire le patrimoine juif", Interdiction de détruire le plus ancien quartier juif de Paris" . Mme Bertinotti voulait initier des travaux, piétoniser la rue des Rosiers et réduire le nombre d’entrées dans cette rue. Le Maire de Paris, Bertrand Delanoë a retiré à Mme Bertinotti le pouvoir de décision.

...dans Arouts 7, le 8 mars 2005 : "Une synagogue restaurée en Inde"

L’une des plus vieille synagogue d’Inde va être restaurée par le gouvernement indien. Située dans le Cochin, dans la ville de Chendamangalam, elle avait été laissée à l’abandon depuis l’exode massif des Juifs de cette région en 1955 faisant suite à une vague d’antisémitisme sans précédent.

...dans Haaretz, le 2 février 2005 : "Lifta, et pas Mei Naftoah"
http://www.haaretz.co.il/hasite/pages/ShArtPE.jhtml?itemNo=535020

La commission municipale de l’urbanisme et de la construction à Jérusalem doit présenter ces jours-ci à la commission régionale ses recommandations à propos du projet de construction à Lifta. La commission recommande d’approuver un projet qui signifie, en fait, l’effacement du souvenir du village palestinien abandonné que l’on peut voir dans toute sa beauté depuis la route qui part de Jérusalem.

Lifta est le cas le plus frappant à l’œil israélien d’un village palestinien détruit en 1948. Ses maisons vides, à flanc de colline, sont un témoignage silencieux des centaines de localités qui ont été détruites à l’époque de la création de l’Etat. Le projet de construction propose, il est vrai, de conserver les maisons du village mais de les absorber au cœur d’un nouveau quartier qui s’appellera Mei Naftoah. Le changement de nom participe aussi de l’effacement d’un témoignage historique de l’existence d’un village palestinien fondé des centaines d’années avant l’Etat d’Israël.

L’association « Bimkom - Urbanistes pour les droits de l’Homme » et l’association « Zochrot » se sont adressées, en septembre, à la commission municipale de l’urbanisme et de la construction, avec la demande d’annuler le projet Lifta et d’en faire l’objet d’un débat public. Elles ont demandé que soient fixées de nouvelles directives assurant la préservation des vestiges du village, du cimetière et de la mosquée. (...)

Les membres de la Commission n’ont évidemment pas entendu les représentants des familles dont les maisons ont été confisquées et qui n’ont jamais été autorisées à y retourner. Une grande partie des réfugiés de Lifta vivent à Jérusalem-Est, mais le projet de construction les ignore complètement. Par contre l’opposition venant d’habitants juifs dont une partie squatte les maisons vides ou les ont achetées « sous une certaine constellation » comme a dit l’un d’entre eux, cette opposition-là a été entendue, patiemment.

La Commission a décidé de répondre positivement à la demande du représentant de l’association Al-Aqsa de marquer le cimetière musulman comme une zone qui ne pourra pas être bâtie. Mais lorsqu’il a osé demander si lui aussi pourrait acheter une maison dans le nouveau quartier, la salle s’est emplie de rires (...).

Daphna Golan-Agnon - (Traduction de l’hébreu : Michel Ghys)

Titre de la version anglaise : Saving a former Palestinian village

...dans Haaretz, le 13 décembre 2002 : "Promenade funeste"

Vingt-deux bâtiments de grande valeur architecturale et historique seront démolis dans la vieille ville de Hébron « pour besoins militaires », selon le Décret Numéro 61/02T sur la Propriété Expropriée publié par les Forces de Défense Israéliennes (FDI) le 29 novembre de cette année ; il fait l’objet d’une plainte déposée auprès de la Haute Cour de justice hier par la municipalité de Hébron, le Comité pour la réhabilitation d’Hébron et des habitants de Hébron.
Le décret s’applique à une superficie de 8,2 dounams, de six à douze mètres de large et de 730 mètres de long, dont environ un quart se situe dans la vieille ville. (...) Selon l’administration américaine et des sources israéliennes proches du projet, le but avoué de l’expropriation de la terre et de l’aménagement de cette promenade est de créer la continuité territoriale entre Kiryat Arba et Hébron. Le plan de cette promenade - à la seule destination des colons juifs - a été préparé pour la Israel Gouvernment Tourism Corporation par l’architecte Yigal Levy. Le ministre du tourisme Yitzhak Levy a dit cette semaine à la Radio de l’armée que l’armée s’occupait de ce plan et non le ministère du Tourisme.

La vieille ville d’Hébron est une structure bâtie à travers des siècles, couche sur couche, où se trouvent des bâtiments de la période mamelouke du 15ème au 19ème siècle. L’endroit est caractéristique par ses ruelles enchevêtrées qui ont formé une Casbah pittoresque. Il y a des passages couverts, des cours intérieures, des voûtes, des murs de pierres et des petites ouvertures décorées. Dans sa structure, la vieille ville d’Hébron ressemble à la vieille ville d’Acre, qui a été récemment déclarée Site Patrimoine Mondial. (...)

Esther Zandberg - Pernicious promenade (Traduction de l’anglais : Carole Sandrel)

...dans Le Nouvel Observateur - "Rue des Rosiers"
http://obsdeparis.nouvelobs.com/articles/p175_2066/a243195.htm

La Mairie de Paris a assuré ses arrières dans le dossier de la rue des Rosiers. Son projet de réaménagement, accusé de porter atteinte à la mémoire juive par certains commerçants du quartier, vient d’être approuvé par un comité composé de personnalités comme le président de la Licra, un représentant du Crif, un historien, un avocat, le président de l’Amicale d’Auschwitz... Reste à obtenir l’accord de la Préfecture et des architectes des Bâtiments de France. Au programme : des trottoirs élargis, des places de stationnement, des arbres, un parking pour deux-roues et surtout la piétonnisation le dimanche après-midi.
(Louise Couvelaire)

...sur le site web de l’association israélienne Zochrot - avril 2005 : "L’université de Tel-Aviv et Cheikh Mouwanis" - http://www.zochrot.org/index.php?id=143

Chers amis,

L’Université de Tel-Aviv a été partiellement construite sur les terres du village palestinien de Cheikh Mouwanis. On sait que certaines terres du village ont été vendue en 1924 mais d’autres ne l’ont pas été et jamais l’Université n’a fait la moindre mention de ce qui est arrivé aux villageois qui ont fui le village en hâte en mars 1948. Zochrot, une organisation qui encourage l’Etat d’Israël et ses institutions à reconnaître leur dette pour le mal causé au peuple palestinien au cours de l’établissement de l’Etat d’Israël, a lancé une campagne demandant à l’Université de Tel-Aviv de reconnaître l’histoire de Cheikh Mouwanis. Cela peut se faire aisément, par différents moyens. D’abord par une référence à l’histoire palestinienne dans le manifeste de l’Université ; avec une description de la " Serre ", la seule maison qui reste du village et qui sert aujourd’hui de club universitaire. Un autre moyen serait de placer une plaque sur un des murs de cette maison, pour commémorer le village et son histoire. En outre, Zochrot appelle à ce que soit installé, dans une position centrale du campus, un panneau commémoratif déclarant que le campus de l’Université a été bâti sur des terres du village palestinien de Cheikh Mouwanis.
Zochrot appelle nos alliés du monde académique à nous aider dans notre campagne. S’il vous plaît, envoyez des lettres au président de l’Université de Tel-Aviv appelant l’institution à reconnaître son histoire. Ci-dessous, un modèle de lettre (jusqu’ici ignorée par l’Université de Tel-Aviv) écrite par Zochrot. Ce n’est que par la pression du monde académique que Cheikh Mouwanis peut regagner la reconnaissance qu’il mérite. Cela peut vous paraître une question mineure par rapport à la violence et à la tension dans la région, mais cela symbolise un élément-clé du processus de paix. Le souvenir, la reconnaissance et l’acceptation sont les piliers de ce processus.

Zochrot - Tel-Aviv University asked to acknowledge its past - (Traduction de l’anglais : Michel Ghys)

...dans Arouts 7, le 31 mars 2004 :
"La renaissance d’une localité juive au cœur de Jérusalem"

Pendant plus de deux ans, des ouvriers arabes ont travaillé à la construction d’un immeuble de six étages et demi sans savoir qui se cachait derrière le projet, qui le finançait et même qui payait les salaires. Aujourd’hui, le voile a été levé. Les dirigeants du Conseil de renouvellement de l’implantation juive dans la localité de Kfar Shiloah ont secrètement commandité et supervisé la construction de ce nouvel immeuble qui se tient entre les maisons de Silwan.

Notre journaliste Shimon Cohen rapporte que durant toute la période de la construction il était interdit à ces gens de se dévoiler. Si l’identité des promoteurs avait été découverte, le projet aurait été mis en danger. La construction se trouve au cœur de Jérusalem-Est, à l’endroit le plus hostile d’où aucun Juif n’aurait pu s’approcher sans mettre sa vie en danger. (...)
Dans ce nouvel immeuble de six étages et demi construit dans le plus grand secret sont venues vivre 11 familles juives représentant 40 habitants. Durant Pessah et après les fêtes, des visites guidées seront organisées dans le village de Shiloah.
Pour toute information, prière de téléphoner au : 1-800-3000-36.

...je ne sais plus où : Elias Sanbar, historien palestinien

nous rappelait que la piscine de l’hôtel Hilton de Tel-Aviv est construite sur un cimetière arabe et musulman. Quand Fabien Barthez, gardien de but de l’équipe de France de football, y a plongé lors de son séjour en Israël à l’occasion du match France-Israël le mercredi 30 mars, on peut croire, s’il a osé se montrer attentif, qu’il a entendu quelque chose de ces voix anciennes.

Nadine Ghys