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Merci le PS... : en défilant le 6 mars, Ni putes ni soumises joue la distinction

Publie le jeudi 3 mars 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

de Cyrille Poy

La division est consommée au sein des mouvements féministes. Deux manifestations sont organisées pour la Journée mondiale des femmes.

« Le combat féministe doit partir d’une base très claire », a déclaré avec insistance Fadela Amara, présidente de Ni putes ni soumises (NPNS), lors d’une conférence de presse appelant, hier, à une manifestation, dimanche 6 mars, pour « un nouveau combat féministe ». Entourée notamment d’Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), de Fatima Lalem (Planning familial), de Samia Labidi (Aime) ou encore de Patrick Gonthier (UNSA éducation), Fadela Amara a justifié la tenue de ce rassemblement bis (deux jours avant celui organisé le 8 mars par le Collectif national pour les droits des femmes regroupant 150 organisations politiques, syndicales et associations féministes) par la nécessité de se distinguer de deux associations qui avaient dans un premier temps annoncé leur intention de signer l’appel pour la manifestation du 8, avant d’en être exclues par la majorité du CNDF. À savoir : École pour tous, qui milite pour que les jeunes filles voilées puissent être acceptées dans les écoles laïques, et Femmes pour l’égalité, qui fait du droit à porter le voile un signe d’égalité et de liberté !

Pour Fatima Lalem, ces associations « entraînent des dérives contraires aux idées féministes au nom d’un particularisme culturel ». Et de pointer parallèlement « ces alliances entre une partie de la gauche et de l’extrême gauche » qui sont, selon elle, aujourd’hui, à l’origine des « divergences au sein du mouvement féministe ». Il ne s’agit plus « de faire l’autruche pour ménager les susceptibilités de chacun », résume Fadela Amara, qui revendique dans le même temps sa foi musulmane et ses convictions féministes.

L’appel à manifester le 6 mars se double d’un texte, signé par de nombreuses personnalités engagées dans la vie associative et politique, dont beaucoup de personnalités proches ou membres du Parti socialiste. Intitulé « pour un nouveau combat féministe », il réaffirme « la liberté des femmes à disposer de leur corps » et s’appuie sur « les principes de laïcité et de mixité » pour garantir « l’égalité des sexes ». « Parce qu’il n’y a pas de combats plus urgents pour l’émancipation des femmes que celui de la lutte contre toutes les formes d’intégrisme et d », le texte invite à ne pas oublier « que la liberté accordée aux femmes est le meilleur baromètre de la réalité démocratique d’une nation ».

Un certain nombre d’organisations n’ont cependant pas été invitées à signer cet appel, bien que Fadela Amara affirme que « le texte a été envoyé à tout le monde ». C’est le cas de l’association Mix-Cité, dont sa fondatrice, Clémentine Autain, se dit « désolée et navrée qu’il n’y ait pas de manifestation unitaire pour la Journée internationale des droits des femmes ». Reconnaissant des « désaccords internes au sein des mouvements féministes qui se sont récemment révélés lors des débats sur le voile à l’école et sa réponse légale », mais aussi « sur la position politique de Ni putes ni soumises, alors que nous sommes toutes d’accord sur le voile », Clémentine Autain regrette « un esprit de compétition qui ne sert pas la cause féministe ».

Le PCF fait également partie des organisations n’ayant pas été prévenues, alors qu’il aurait signé l’appel sans sourciller. « Même si nous ne souhaitons pas polémiquer, la position du PCF étant claire sur ces questions, cette initiative dissimule mal une manoeuvre de mise à l’écart de certains mouvements traditionnellement engagés dans la cause féministe », note Laurence Cohen, responsable nationale de la commission droits des femmes au Parti communiste français. Elle se rendra néanmoins à la manifestation du 6 mars mais s’interroge ouvertement : « Comment est-on le plus efficace : en multipliant les manifestations et les textes ou en construisant un combat collectif ? »

http://www.humanite.fr/popup_print.php3?id_article=457741

Messages

  • C’est très réussi : la "foi musulmane" est parvenue à achever son travail de division du mouvement féministe, avec la complicité d’une partie de "l’extreme-gauche", qui se reconnaitra.

    Quelle que soit la religion, comment peut-on prétendre concilier émancipation et foi ?
    Comment peut-on prétendre concilier féminisme et port du voile ?

    Cynisme, confusion, ou plus probablement les deux ...

  • Il faut de toute urgence ouvrir des locaux à l’intérieur des établissements pour que les "spez di counasses" puissent faire la prière. Parce que la présence d’individus de sexe masculin les rend gravement impures, même voilées !

    • Qui est voilé ? Qui est "spez di counasses" ? quand on ose dire : "la liberté accordée aux femmes"... Quelle preuve de soumission de la part de la représentante des soi-disant Ni Putes Ni Soumises.... il n’y a rien de plus limité et étroit qu’une "liberté accordée"...

    • La preuve qu’il n’est pas possible d’être religieux(se) ET féministe...