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Mexique : un espace public sous contrôle dans la ville de Puebla

Publie le lundi 11 avril 2005 par Open-Publishing

Suite à l’arrestation et au matraquage, le 3 avril 2005 de huit militants par la police et les hommes de main du président municipal de la ville de Puebla (Mexique), Enrique Doger Guerrero, les organisations alternatives, autonomes, punks et anarchistes Sociedad Arkana, GRA, Espiral 7, Complices del Odio, Mala Influencia, Rude Boys, Luna y Sombras, Humor Ácido, Prensa Subversiva, Movimiento 12 de enero et Brigada por la Esperanza Zapatista ont publié le communiqué suivant :

Le 3 avril, nous, les collectifs Sociedad Arkana, GRA, Espiral 7, Cómplices del odio, Mala influencia, Rude Boys, Luna y Sombras, Humor ácido et Prensa Subversiva, étions en train de réaliser un événement politico-culturel (musique, poésie, théâtre, projection de documentaires) sur le zocalo (place centrale) de la ville de Puebla. Pendant que nous essayions de connecter l’équipement sonore, des employés de la mairie nous ont signalé qu’il n’était pas possible d’utiliser l’électricité du zocalo et nous en empêchèrent.

Nous avons donc décidé de ne pas connecter nos appareils et nous avons commencé notre représentation. Les employés de la mairie (cette fois à plus de 15) ­ qui ont été identifiés comme des hommes de main du maire Enrique Doger Guerrero ­ sont revenus, l’air méprisant, et ont encerclé ceux qui étaient en train de participer à la piéce. A ce moment, il y avait environ 150 personnes venues en spectateur assister à cet événement. L’ambiance a alors commencé à se dégrader. Mais la pièce a continué.

A la fin de la piéce, nous avons commencé à parler avec l’assistance, pour leur indiquer qu’il était clair qu’il s’agissait d’une indimidation et que nous avions le droit d’utiliser le zocalo pour nous exprimer. Ce à quoi les gens ont répondu, en criant aux employés de la mairie de s’en aller. A ce moment la police est intervenue en essayant d’interpeller un des membres des collectifs qui parlait avec le public et la chasse a commencé : coups, bouculades et autres brutalités. Huit personnes, qui participaient à l’événement, ont été arrêtées. Les arrestations ont été effectuées, sur ordre des hommes de main de la mairie qui désignaient à la police qui devait être interpellé. Les personnes arrêtées sont :

Jesús Antonio del Angel Sosa, Tamara San Miguel Suárez, Angel Rivas Rojas, Ulises Martinez Villacís, Eliezer Carreto Nuñez, Javier Aurelio Martínez Castillo ainsi que deux autres compagnons.

Une fois embarqués dans le fourgon de la police, nous avons reçu des coups de pieds lorsque nous tentions d’expliquer notre situation au public.

D’autres, parmi lesquels se trouvait une femme enceinte, ont été agressés par les employés de la mairie lorsqu’ils essayaient de récupérer le matériel sonore et leurs affaires. Les gens qui assistaient à la représentation et qui nous ont soutenus ont aussi été agressés.

Les personnes arrêtées ont été transférées au commissariat central où elles ont été maintenues en détention durant huit heures. L’argent qu’elles avaient sur elles ne leur a pas été restitué lors de leur libération.

Le juge a retenu deux chefs d’accusion à leur encontre : trouble à l’ordre publique en réunion et/ou réalisation d’événements culturels sans autorisation de la mairie.

Un groupe de compagnons s’est rendu vers 18 h 30 à la mairie pour demander une entrevue avec l’adjoint au maire pour la sécurité, Javier Cacique, ou toute personne pouvant les recevoir afin de témoigner des événements et demander la libération de nos compagnons. Pour seule réponse, la mairie a fait appel à la police préventive de l’Etat, à des éléments de la SWAT, à des procureurs généraux de justice encagoulés et à la police à vélo, nous refusant ainsi toute possibilité de dialogue. Nous avons été menacés à plusieurs occasions, en nous disant que si nous n’évacuions pas les lieux ils nous arrêteraient et que c’était un délit de rester là. Il s’agit d’une violation de notre droit de libre circulation. La mairie répond à une demande de dialogue par des menaces.

Suite à ces événements, nous voulons manifester notre indignation face au recul de nos droits civiques dans notre ville. Nous voyons que la façon de « gouverner » d’Enrique Doger est semblable à celle qu’il a mis en oeuvre afin de contrôler l’université dont il a été le recteur, période durant laquelle il a ordonné le matraquage d’étudiants, par les mêmes groupes répressifs qui sont aujourd’hui employés à la mairie.

Nous ne devons pas obéir aux ordres d’évacuation arbitraire de l’espace publique ni demander la permission d’utiliser notre centre-ville et son électricité.

Accepter ces politiques serait accepter :

- la discrimination -la fermeture d’espaces publiques
- la limitation de la culture à Puebla, de la culture indépendante, publique et gratuite pour tous
- la violation de nos droits à la libre manifestation, expression et circulation.

Mais désormais il semble que tout cela constitue un délit, que la population dans son ensemble soit considérée comme délinquante, ce que nous pouvons constater par l’augmentation des forces policières et des hélicoptères qui abondent dans la ville pendant la nuit en dérangeant avec leurs lumières et leurs bruits de sirènes nos quartiers.

Nous sommes plusieurs groupes à constater ces mesures répressives qui ont lieu dans le centre-ville et même dans nos maisons.

Nous lançons un appel à tous pour défendre nos espaces publics. C’est pour cela que nous organisons un événement au centre-ville le dimanche 10 avril à 15 heures pour la défense de nos lieux publics, de nos droits constitutionnels et pour commémorer en même temps la mort de Zapata. Nous nous manifesterons aussi pour l’humanité et contre le néoliberalisme.

Nous appelons la société à participer à cet événement pour la défense de nos droits, et de notre centre- ville, aini qu’à rester vigilants. S’ils tentent maintenant de nous expulser, il y a ces précédents et ces témoignages.

À Puebla

Sociedad Arkana, GRA, Espiral 7, Complices del Odio, Mala Influencia, Rude Boys, Luna y Sombras, Humor Ácido, Prensa Subversiva, Movimiento 12 de enero y Brigada por la Esperanza Zapatista.