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Michael Roberts : "le taux de profit est la clé"

par Tendance CLAIRE du NPA

Publie le mercredi 1er août 2012 par Tendance CLAIRE du NPA - Open-Publishing
2 commentaires

Préambule : la tendance CLAIRE du NPA a traduit un court article de Michael Roberts, économiste marxiste qui tient régulièrement à jour un blog très intéressant en langue anglaise : http://thenextrecession.wordpress.com/ ; répondant à un appel invitant les auteurs à expliquer la crise en 1 000 mots maximum, Roberts a relevé le défi et nous présente une analyse marxiste de la crise, en rupture avec les analyses malheureusement dominantes dans le milieu marxiste français, y compris au sein de notre parti, qui croit trouver dans l’insuffisance des salaires l’explication fondamentale de la crise actuelle.

On pourra lire l’article dans sa version originale à l’adresse suivante : http://thenextrecession.files.wordpress.com/2012/07/urpe-summer-school-mr.pdf

LIRE ICI LA TRADUCTION : http://tendanceclaire.npa.free.fr/contenu/autre/traduction-roberts.pdf

Messages

  • très bon papier.
    le risque , sur un tel sujet, est de tomber dans le travers d’"économisme"

    Pour ma part, outre bien sur, ce que je peux"suivre" intellectuellement de quelques chapitres du CAPITAL, je recommande-pour ceux qui ont envie de gratter cette "affaire" de taux de profit , deux lectures :
    Une, certes difficile, mais selon moi, essentielle pour tout marxiste :

    DEBAT sur le taux de PROFIT , de M.HUSSON , articleenligne sur le site du NPA :

    http://www.npa2009.org/content/le-debat-sur-le-taux-de-profit-par-michel-husson

    Plus accessible, et sousune forme imagée qui me plait, l’article publié par ces amis "libertaires"..
    Qui se définissent ainsi

    Toutefois, nous sommes loin de préconiser l’immobilisme, nous tentons d’établir une stratégie conduisant au communisme, c’est à dire à l’abolition de la propriété privée, du salariat, de l’État et de la valeur. Abolir le salaire, c’est supprimer la laisse qui nous tient aux capitalistes. C’est sur les cendres du capitalisme que nous construirons une société dans laquelle nous déciderons de produire selon nos besoins définis collectivement.

    Enfin, nous partons du constat suivant : trop souvent, au sein du courant communiste auquel nous nous rattachons, que l’on appelle par ailleurs libertaire, communisateur, anarcho-communiste ou autre, les analyses politiques, économiques, sont compliqués, longues et parfois inaccessibles.

    Organisés en collectif, nous tentons de proposer des analyses abordables et espérons de cette manière réunir de nombreuses personnes autour de discussions, débats et réflexions. Le fond de notre message est assez simple : on peut dire ce que l’on veut, mais tant qu’il y aura de l’argent, il n’y en aura pas pour tout le monde !

    Mais si certains de ces"communisateurs" (je pense à SIMON) me "barbent souvent, là j’apprécie le souci de pas trop conduire le lecteur à se sentir"dépassé "par duverbiage pseudo intellectuel, qui ne peut que décourager le"prolo" et donc conduire àun "théoricisme" niant objectivement c’est qu’est le rôle décisif delaclasse ouvrière dans une construction de réelle"Intelligence Collective".

    sur cette baisse tendancielle de T.dP
    on lira donc :

    http://www.tantquil.net/2011/12/15/quest-ce-que-cest-la-baisse-tendancielle-du-taux-de-profit/

    Qu’est ce que c’est… La Baisse tendancielle du Taux de profit ?

    Richard a joué a Euromilllions, et il en a gagné 100. Ce qui permet d’évacuer la question de l’origine du capital, encore appelée accumulation primitive…

    L’objectif de Richard : le profit.

    Le capital investi par Richard la première année : 100 million d’euros

    Ces 100M se décompose comme ça : 15 pour les salaires, 15 pour le loyer du local de l’usine, 10 pour les matières premières, 60 pour acheter et entretenir ses machines. (les machines coûtaient 500 millions, il a emprunté sur 10 ans ce qui si on ajoute les intérêts payés a la banque, et les frais chaque années d’entretien, de réparations, fait une moyenne de 60M par an.)

    Les ouvriers produisent un beau paquet de montres de luxe.

    La première année, Richard gagne 110M : il a fait 10% de profit…

    L’année suivante : Il réinvesti tout ses 110M dans sa boite. (Ne vous inquiétez par pour lui, il vit au frais de la boite, avec d’énormes notes de frais. C’est déductible des impôts !)

    Il dispose désormais d’un capital de 110M. Pour maintenir son taux de profit à 10%, il doit gagner 11M , soit 1 de plus que l’année d’avant : les ennuis commencent. Et chaque année ce sera pire ! La troisième,s’il a maintenu son tauxde profit son capital sera de 121M ! il devra donc trouver 12,1M, s’il veut maintenir un taux de profit de 10% ! La quatrième… bref.

    Mais alors pourquoi absolument maintenir son taux de profit ? Après tout, c’est déjà pas mal, ce qu’il a engrangé !

    Oui, c’est vrai. Mais ce qu’il a engrangé, il l’a investi : c’est son capital constant, ses machines. Et s’il l’a acheté un tel prix, s’il investi son pognon pour entretenir et améliorer son parc de machines, c’est car il espère en tirer du profit, bein tiens !

    Seulement voilà : s’il investi pour 100 M et qu’il en gagne 10, (donc les fameux 10%) c’est un capital qui rapporte. Mais supposons que malgré tout le capital qu’il investi dedans, le taux de profit chute.

    Supposons que la boite ne rapporte plus que 1% de profit, alors que de fil en aiguille , toute la masse de capital investi représente 1 Milliard : donc il gagne 1% de 1 milliard, soit… 10 M !

    Richard est alors bien dégouté : son milliard investi en machines et équipement divers ne lui permet pas de gagner plus que les 100 millions de ses débuts !

    On finira par conclure que ses machines ne valent pas du tout 1 milliard mais bien 100 millions : c’est tout son capital qui se dévalorise !

    Conclusion : pour maintenir son capital, il doit en permanence maintenir son taux de profit ; c’est la loi N°1 du capitalisme : la fuite en avant.

    Voyons maintenant les possibilités qui s’offrent a lui pour augmenter ses profits.

    En sachant que s’il a une certaine marge de manœuvre, il est quand même limité.

    Il peut compter sur l’augmentation de la productivité:lorsqu’il va renouveler ses machines, les nouvelles machines produiront une bien plus grande quantité de marchandises alors qu’elles couteront a l’achat a peu près pareil que les vieilles moins efficaces : moins de capital investi par rapport a la rentabilité. Ce qui l’amène à…

    Produire plus : jusqu’à un certain point, c’est possible. C’est ce qu’on appelle les capacités de production, de sa boite : la capacité maximale, en terme de machines et de main d’œuvre, de produire.

    La limite, c’est l’étendue du marché : au bout d’un moment, les riches n’ayant que deux poignets ils n’ont l’usage que d’un nombre limité de montres. Cette limite peut être repoussée : en stimulant la consommation irrationnelle des riches, en les encourageants a collectionner les montres, grâce a la pub, etc.

    Mais ça aussi, au bout d’un moment, c’est limité : ils vont finir par étouffer sous les montres !

    C’est pas fini pour autant : on peut stimuler la consommation des pauvres, en leur proposant un crédit : après tout, il paraît que si on a pas une rolex a 50 ans, on a raté sa vie !

    Ce n’est qu’un moyen de repousser l’échéance : les pauvres aussi n’ont que deux poignets, et qui plus est des capacités de remboursements de crédits réduites…

    Richard dispose d’autres leviers : il peut innover : faire des montres qui vont vachement loin sous l’eau , pour que tout le monde achète ses montres a lui, et pas celle des concurrents. Le problème, c’est que ses concurrents vont eux aussi finir par faire pareil, et le voilà revenu au même point.

    Enfin, il peut rogner sur les salaires : fini la rigolade !

    Là aussi, il peut le faire de plusieurs manière différentes :

    - Augmenter les cadences,

    - Augmenter le nombres d’heures de boulot sans que les salaires suivent,

    - Virer une partie des prolos sans diminuer la charge de travail,

    - Virer les vieux qui bénéficient de primes a l’ancienneté, pour les remplacer par des p’tits jeunes, voire par des intérimaires.

    Ça vous rappelle quelque chose ? C’est normal, les capitalistes d’aujourd’hui utilisent déjà tout cet arsenal. Est-ce suffisant ? Pendant un bon moment, oui, ça l’est.

    C’est pour ça que Marx appelait ça la baisse tendancielle du taux de profit : en effet, le capital peut freiner, jusqu’à faire disparaître cette tendance, durant son développement. Pour un temps. Car il existe des limites : rogner sur les salaires, par exemple, fini par peser sur la consommation. Le crédit peut pallier a ça, mais pas indéfiniment… Et c’est sans compter sur les résistances ouvrières,la lutte des classes !

    Finalement, le taux de profit baisse, baisse… Et les capitalistes ne savent plus ou investir leur masses de fric de manière rentable… C’est la crise !

    Note importante : nous avons voulu dans cet article donner une idée assez claire de la notion de baisse tendancielle. Nous avons donc laissé de coté volontairement certains développements, par exemple la question du taux de profit moyen, les débats autour de cette notion… Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez… Attendre qu’on en parle (ça finira par arriver, au moins en partie) ou aller voir ailleurs.

    Par exemple ici, pour les téméraires (il s’agit tout simplement de la partie qui traite de la loi de la baisse… dans Le Capital)

    Enfin, si vous n’êtes pas d’accord , que vous souhaitez compléter, ou simplement poser des questions, libre a vous de laisser des commentaires.

    AC

    (pardon pour la longueur du commentaire et des citations)