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Michel Barnier : touche pas à mon Europe (mais détrousse le quidam si tu veux)

Publie le vendredi 28 juin 2013 par Open-Publishing
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Dimanche 23 juin, José Manuel Barroso prenait cher. De toutes parts. Jugé "totalement archaïque" par Alain Juppé, il était accusé de faire le lit des extrêmes par Arnaud Montebourg. Le ministre du Redressement productif allait même jusqu’à lui reprocher, au micro de France Inter, d’être le "carburant du Front national". Fallait pas. Ni une ni deux, Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, criait au crime de lèse-majesté. S’en prendre au président de Commission européenne comme ça, sans pincettes, on aura tout vu.

Tout a commencé par une charge à l’encontre de la France, qualifiée de "réactionnaire" par Barroso pour son attachement au modèle de l’exception culturelle. Il n’en fallait pas davantage pour mettre le feu au poudre, et raviver le vieux débat sur l’excès d’ingérence de l’UE dans la politique des Etats membres. "Je crois que la principale cause de la montée du Front national est liée à la façon dont l’UE exerce aujourd’hui une pression considérable sur des gouvernements démocratiquement élus" a déclaré Montebourg, piqué au vif.

Des propos restés en travers de la gorge de Barnier, qui ne s’est pas privé de le faire savoir. Invité sur le plateau de RTL vendredi 28 juin, le commissaire européen a jugé ces attaques "absurdes et ridicules". Avant d’ajouter : "Tous ceux qui disent que c’est la faute de Bruxelles affaiblissent la France parce que la France reste le premier actionnaire de l’Europe". Pour finir par asséner, péremptoire : "Attaquer l’Europe, c’est attaquer la France".

Manuel Barroso possède en la personne de Michel Barnier un défenseur zélé. Toujours prompt à défendre la vertu de sa bonne vieille Europe, l’homme n’hésite pas à ferrailler dur. Avoir des convictions n’est pas une mauvaise chose en soi. Après tout, croire mordicus que la construction européenne a un sens est un peu la moindre des choses, pour un commissaire européen.

Le problème, concernant Barnier, c’est qu’à force de trainer dans les couloirs de la Commission, il semblerait que l’Europe lui soit montée à la tête et lui brouille un peu l’esprit. On a envie de le croire, lorsqu’il dit que "ce n’est pas une option d’être Européen", mais venant de lui, ces propos paraissent suspects, presque dénués de sens. Barnier semble nager dans une abstraction nommée "Europe" dont les lignes de forces, à l’origine louables, ne recouvrent plus aucune réalité tangible. Cette déconnexion de l’entité Europe avec les peuples qui la forgent est criante. Allez demander aux passants ce qu’ils pensent de l’UE, vous susciterez au mieux un bâillement, au pire de l’agacement.

La finalité de l’Europe, rappelons-le, c’est quand-même de défendre les intérêts des citoyens qui s’y trouvent. Lorsqu’il ne passe pas son temps à laver l’honneur d’une grande structure creuse, arrive-t-il à Barnier d’agir en faveur de ceux qui la portent à bout de bras ? Pensez-vous ! Il préfère s’attaquer aux commissions d’interchange, actuellement réglées par les commerçants lorsqu’ils acceptent un paiement par carte, quitte à en reporter le coût sur les consommateurs.

Un peu un comble, tout de même, de continuer de défendre aveuglément un mécanisme caduque au détriment des personnes pour l’intérêt desquelles il a été prévu à l’origine...

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