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Ministre de l’Intérieur : après deux pas en avant, deux pas en arrière...
par Le MRAP
Publie le mardi 19 mars 2013 par Le MRAP - Open-PublishingLe Ministre de l’Intérieur avait signé le 16 août 2012 avec six autres
de ses collègues une circulaire visant à l’anticipation et
l’accompagnement des opérations d’évacuations de terrains et de
campements de rroms, et le 28 novembre 2012 une autre circulaire
permettant sous certaines conditions la régularisation de personnes sans
papiers. Ces textes pouvaient préfigurer des avancées permettant à de
nombreuses personnes d’accéder à leurs droits fondamentaux et laissaient
aussi espérer l’abandon d’un discours gouvernemental stigmatisant les
étrangers et renforçant le racisme et la xénophobie.
M. Valls a affirmé devant la presse (Le Parisien, le Figaro, le 14 mars
2013) que “les Rroms ont vocation à rester en Roumanie ou à y
retourner”. et qu’ils ne souhaiteraient pas s’intégrer dans notre pays
“pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de
réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution”. Alors que
l’ensemble des citoyens européens jouissent de la liberté de circulation
dans tous les Etats membres, pour quelles raisons un groupe de
personnes, qualifié ethniquement, serait-il privé de la liberté de
circulation et d’installation ? Au nom de quoi l’ensemble de ce groupe
peut-il être assimilé à des délinquants ? Ce sont justement les
conditions de vie qui sont imposées à une partie de la population rrom,
déjà discriminée et appauvrie en Roumanie comme dans d’autres pays de
l’Europe de l’est, qui poussent des personnes à la mendicité.
L’existence de réseaux n’est qu’un fait marginal et concerne toutes les
nationalités. De tels clichés stigmatisants ne peuvent que renforcer le
racisme et la xénophobie vis à vis des Rroms. Le MRAP étudie à cet égard
la possibilité de poursuites judiciaires. Les propos tenus visent à
légitimer des expulsions annoncées, alors que la circulaire d’août
préconisait une sortie de bidonvilles par le relogement ou des mesures
temporaires tendant à améliorer la situation des personnes. En aucun cas
une mise à la rue ne pourra résoudre les problèmes.
Le ministre de l’Intérieur a publié le 11 mars une circulaire « la lutte
contre l’immigration irrégulière » où sont précisées les mesures que les
Préfets doivent prendre pour éloigner les étrangers en situation
irrégulière. Cela confirme la poursuite de la stigmatisation des
étrangers. La circulaire confirme, notamment, l’interdiction de retour
en France (l’IRTF) signifié aux étrangers déboutés de leur demande de
régularisation. Cette mesure, instaurée par le gouvernement précédent en
juin 2011, interdit de fait l’entrée dans tout Etat de l’espace
Schengen pendant une durée qui peut aller selon les circonstances de un
jusqu’à cinq ans, et empêche des personnes de déposer à nouveau une
demande de titre de séjour.
Le MRAP déplore et dénonce la politique du gouvernement envers les
Étrangers.
Où est le changement promis ?