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Moi, Président, valet du patronat
par Eric Morin
Publie le vendredi 25 octobre 2013 par Eric Morin - Open-Publishing5 commentaires
Les quinquennats se succèdent… et se ressemblent ! Alors que François Hollande, inspiré par la « normalitude », avait bâti sa campagne sur le strict rejet du bling-bling sarkozyste, certains vices bien cachés dans différents placards pointent le bout de leur nez. Normal ? Le Président l’est tout autant que ses prédécesseurs en perpétuant les traditions consanguines entre politiques et grands patrons.
Des relations ENA-mourées.
Ni affichage ni connexions clinquantes mais un efficace réseau de l’ombre s’agite autour de François Hollande. Les deux grosses prises au tableau de chasse sont Paul Hermelin et Henri de Castries. Le premier, raillé par ses pairs du CAC 40 pour délit de socialisme, est le directeur général de CapGemini. Le second, PDG d’AXA, a financé à titre privé la campagne du candidat Hollande à la primaire socialiste. Autres fidèles du Président : Jean-Marc Janaillac, responsable du développement à l’étranger de la RATP ; Jean-Pierre Jouyet, directeur de la Caisse des dépôts et des consignations et mari de l’héritière Taittinger ; Pierre Blayau de Géodis ; entre autres. Une charmante garde rapprochée formée sur les bancs…de l’ENA. Car la France a à cœur depuis des décennies de former des dynasties de politiques convertibles en patrons. L’ENA, formidable synthèse où gauche et droite copinent, diplomates et grands patrons se côtoient, radicalisant ainsi l’absence de diversité de la classe politique pourtant chère à notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». De « l’Enarchie à la République des copains », le monopole sur les différents organes de l’Etat semble institutionnalisé. François Hollande, élève le plus célèbre de la promotion Voltaire, pourrait donc naturellement être amené à reproduire à la Présidence les pratiques inhérentes à ce petit milieu évoluant en vase clos. Si l’idée n’est pas de stigmatiser l’ENA qui constitue un des fleurons de l’enseignement français, force est de constater que les pratiques qui se jouent en son sein la transforme en une loge juteuse pour une certaine caste.
Les copains d’abord !
Le grand jeu des chaises musicales peut commencer ! A priori, quoi de plus naturel que de s’entourer de l’élite et de personnes de confiance, à l’amitié éprouvée. Du public au privé, on s’échange les postes en prenant soin d’assurer une cohésion sans faille. L’Etat confie ainsi la gestion des grandes entreprises dont l’Etat est actionnaires à des proches qui partagent les mêmes codes et les mêmes réseaux. Ce n’est pas Guillaume Pépy, énarque, ancien directeur de cabinet et président d’Eurostar, prolongé à la tête de la SCNF qui dira le contraire. Ni Stéphane Richard, président d’Orange qui a reçu le soutien du président en pleine tempête Tapie. La question se pose lorsque l’Etat, actionnaire ne joue plus de ses prérogatives et se désengage des entreprises dont le potentiel est mis à mal. En cause, une mauvaise, voire une absence de gestion d’où l’ambiance parfois délétère qui y règne. Des suicides chez Renault à ceux de La Poste, exemples extrêmes mais non isolés, la même ambiance de pression et de management inhumain est dénoncée par des salariés à bout. Chez Air France, les plans sociaux s’enchainent sans fin apparente. L’une des premières compagnies mondiales se débarrasse de ses salariés par milliers, mais ne semble pas valoir le déplacement de certains ministres, pourtant plus diserts sur les dossiers lorrains.
Très discret sur les dividendes qu’il empoche chaque année, l’Etat communique peu sur ces montants gonflés par les plans sociaux. Un Etat actionnaire qui sait toucher son chèque mais qui ne s’investit pas à hauteur de ses responsabilités dans des entreprises publiques devenues symbole du mal-être au travail. Ce rôle mal assumé peut également se répercuter sur des filiales de ces entreprises. Ainsi, la Compagnie du Vent de même qu’Energia subissent la gestion douteuse assumée par GDF-Suez. Pionnière de l’énergie éolienne, la Compagnie du Vent a ouvert son capital à GDF Suez afin de répondre aux appels d’offres toujours plus nombreux. Mais GDF-Suez délaisse sa filiale et choisit de s’investir plutôt aux côtés de Vinci et d’Areva dans des projets d’éolien offshore. Un coup dur pour la PME, dont le fondateur Jean-Michel Germa se faisait en même temps évincé de son poste. L’entreprise se retrouve reléguée à un rôle de passe-plat administratif alors qu’elle est à l’origine de la création de ce secteur en France. Un coup de massue également pour des salariés en pleine perte de repères, et qui a nécessité l’aide d’une psychologue, face à une maison–mère qui semble surtout intéressée par le pillage des brevets et des technologies. A l’heure où la France se méfie des entreprises étrangères craignant le siphonage du « made in France », l’attention doit également se porter auprès de nos entreprises qui subissent parfois des préjudices franco-français, sous le regard aveuglé du politique-complice.
Tout est bon dans le patron. Et les entreprises ?
Entre les patrons, l’activité économique, les emplois et son électorat, il faut choisir et Hollande ne semble pas avoir déterminé son camp. Celui qui réfutait récemment l’expression de « président des patrons », préférant celle de « président des entreprises », peine à convaincre. Le gouvernement espèrent maintenant séduire tous les entrepreneurs qui paniquent à l’idée d’une fiscalité excessive et se sentent mal-aimés : le projet de loi sur les retraites semble constituer la dernière « preuve d’amour » du gouvernement en direction des employeurs. Une politique « business friendly » difficile à assumer et perçue comme une nouvelle pierre dans le jardin de la majorité socialiste. Ainsi l’entrée en scène du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), qui correspond à une baisse de l’impôt sur les sociétés (IS) proportionnelle à leur masse salariale, conduirait à une réduction du coût du travail de 13 milliards d’euros en 2014 pour les entreprises (20 milliards en 2015). Les employeurs devraient voir leur pression fiscale s’alléger d’une dizaine de milliards l’année prochaine alors que les ménages s’apprêteraient à supporter une hausse de deux taux de TVA sur trois afin de financer le CICE à hauteur de 6 milliards. Une « politique de l’offre, globalement injuste et éloignée de son programme à gauche » selon Libé. Sauf que cela ne convainc pas tout le monde. Selon Michel Rousseau, président du think tank Concorde, « aucune politique de l’offre n’a eu lieu en 2013, et ne semble se profiler pour les années à venir. Ce sont les entreprises qui ont été mises à contribution avec une hausse de la fiscalité de plus de 10 milliards d’euros alors qu’elles subissaient déjà les prélèvements les plus élevés d’Europe mais aussi de l’OCDE ».
A vouloir ne brusquer personne, le Président finit par mécontenter tout le monde, en brouillant au passage un message de rupture par une politique de continuité. Au final, Hollande fait seulement le lit de quelques grands patrons bien placés, mais n’endort personne, comme en atteste la visite de Pierre Moscovici à l’université d’été du MEDEF. Ne restent que des emplois qui partent à vau-l’eau (et à l’étranger) : adieu hauts fourneaux de Florange, PSA, Renault, Air France. Après un Sarkozy, Président des riches, un Hollande, Président corporatiste, ne passe pas. Il serait temps de retrouver un Président normal, un vrai.
Messages
1. Moi, Président, valet du patronat, 25 octobre 2013, 16:50, par diogène
Ajoutez à cela qu’en moyenne, les capitaux constituant les entreprises du CAC 40 sont répartis pour 33% en investissements américains (étasuniens), 25% français, le reste étant réparti entre Anglais, Chinois, Indiens, etc...
Cela signifie que, non seulement les laquais du MEDEF issus de l’ENA sont aux petits soins pour leurs patrons, mais qu’en plus ils cirent les bottes des investisseurs américains comme les voyages de Hollande à Londres avant son élection et à Washington dès qu’il a été élu l’illustrent.
Les grimaces actuelles sur la réprobation des écoutes téléphoniques sont du plus grand comique. D’ailleurs Obama n’en a rien à cirer.
1. Moi, Président, valet du patronat, 25 octobre 2013, 22:42, par buenaventura
les Espagnols avaient qualifiés Aznar de " limpia culo de Bush" lors de la premiere guerre du Golfe . On remplace Bush par Obama et Aznar par le Ps de Hollande et on garde le reste ... et tout est dit .
2. Moi, Président, valet du patronat, 26 octobre 2013, 08:08
hollande = démission
1. Moi, Président, valet du patronat, 26 octobre 2013, 10:36
Pour le remplacer par Valls, Copé, ou Le Pen ?
A ce stade, pour les 75 % de spoliés, d’exploités, de harcelés, c’est dans la rue que ça se passe, il est urgent de le comprendre.
3. Moi, Président, valet du patronat, 26 octobre 2013, 18:27
Papahollandréou n’est pas le valet du patronat, il n’en n’ai que l’ANI...