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Municipales : à Carmaux, le fief de Jaurès, le FN joue les trouble-fête
par Nicolas Guégan
Publie le mardi 25 mars 2014 par Nicolas Guégan - Open-Publishinghttp://www.lepoint.fr/municipales-2014/municipales-a-carmaux-le-fief-de-jaures-le-fn-joue-les-trouble-fete-25-03-2014-1805453_1966.php
Ancrée à gauche depuis 125 ans, Carmaux avait toujours résisté au Front national. Célèbre pour ses mines, aujourd’hui fermées, cette petite ville du Tarn est gangrénée par un chômage à 17 % et par une économie peinant à rebondir. Profitant de cette situation, plus ou moins semblable à celle d’Hénin-Beaumont, le FN a déposé pour la première fois une liste en vue des élections municipales. Bilan des courses : 22,92 % des voix au soir du premier tour. Un résultat surprise pour cette ancienne cité minière où l’ombre de Jean Jaurès plane toujours.
"Faire 23 % à Carmaux, c’est une victoire", se félicite Christian Legris, contacté par Le Point.fr. À l’entendre, cette percée "inespérée" s’explique par plusieurs facteurs : "Le chômage, les dernières affaires touchant la classe politique de gauche comme de droite, la paupérisation de la ville et le clientélisme mis en place par l’actuelle municipalité." Fils et petit-fils de mineurs polonais, comme il se plaît à le revendiquer, Christian Legris l’assure, il n’a pas fait campagne en prônant la préférence nationale, un thème pourtant cher à Marine Le Pen. Ce qui ne l’a pas empêché de dénoncer, dans les colonnes de La Dépêche du Midi, "l’installation de familles roms dans un foyer de la ville aux frais du contribuable".
Le silence de la gauche
Tout son programme, Christian Legris l’a bâti autour de la "baisse des impôts locaux". Dans sa ligne de mire, Cap’Découverte, un parc de loisirs construit sur l’ancienne mine de charbon, qui coûterait près de cinq millions d’euros par an aux collectivités locales. Censé relancer l’économie de Carmaux et de sa région, le parc n’a jamais trouvé son public. "Une entreprise qui ne fonctionne pas doit fermer ses portes", tranche Christian Legris. Les salariés apprécieront. Dans une autre mesure, le candidat FN souhaite la réduction du nombre d’adjoints à la mairie et la quasi-suppression des subventions versées aux associations. Misant sur "deux à trois sièges au conseil municipal", le FN compte bien à l’avenir "avoir un oeil attentif sur tous les dossiers".
Joint à de multiples reprises, Alain Espié, l’actuel premier édile, n’a pas donné suite aux appels du Point.fr. Élu dès le premier tour en 2008, il n’a obtenu que 37,83 % des voix dimanche soir et doit se plier pour la première fois à un second tour. Laurent Léopardi, son adversaire divers gauche, n’a pas été plus bavard. Avec un score de 27,26 %, il se maintient lui aussi au second tour. Seul Benoît Leloup, le candidat UMP, s’est inquiété "de la progression du Front national. Nous subissons à notre petit niveau les déboires nationaux", affirme-t-il. Arrivé bon dernier lors du premier tour avec 11,99 %, il ne compte pas pour autant se retirer. Sauf surprise, dimanche prochain, Carmaux restera bien un bastion socialiste. Mais en toute vraisemblance, l’ancien fief de Jean Jaurès devra composer avec le Front national. La fin d’une époque.