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Mythes et réalité du vote FN
par Revolution / Andreas Coste
Publie le mardi 20 octobre 2015 par Revolution / Andreas Coste - Open-Publishing7 commentaires
Les grands médias expliquent régulièrement les bons résultats du FN par une prétendue adhésion massive des jeunes et des travailleurs aux idées d’extrême-droite. La France connaîtrait une « droitisation » de sa population. Cette thèse parfois reprise par les directions des syndicats et des partis de gauche. Par exemple, elle a été avancée par des dirigeants du Front de Gauche pour expliquer ses échecs répétés depuis la percée électorale de Mélenchon en 2012. Qu’en est-il en réalité ?
L’abstention : premier parti de France
La thèse de la droitisation de la classe ouvrière s’appuie notamment sur des résultats électoraux, des sondages et des enquêtes. Nous reprendrons ici les résultats d’une longue étude Ispos réalisée au lendemain des élections européennes de juin 2014. La donnée la plus frappante, c’est le haut niveau de l’abstention – en particulier chez les jeunes (73 %), les « ouvriers » (65 %) et des « employés » (68 %) [1]. Les bons scores du FN dans ces trois catégories de l’électorat sont donc très relatifs. Si on tient compte des abstentionnistes, le score du FN passe de 40 à 13 % sur l’ensemble de la classe ouvrière ; il tombe de 30 à 8 % sur chez les 18-30 ans. On est loin d’une « adhésion massive » !
Les jeunes et les travailleurs sont les plus touchés par la crise et l’austérité, réclamée à grands cris par la bourgeoisie, ses médias et les partis à son service. Leur abstention prend donc un sens particulier. Selon la même enquête, l’abstention s’explique par une hostilité au gouvernement Hollande (16 %) et aux responsables politiques en général (26 %), mais surtout par la conviction que les élections « ne changeront rien » (32 %). Cette hostilité au « système » ne bénéficie qu’en partie à la démagogie du FN, qui a beau jeu de fustiger une classe politique incapable d’enrayer la régression sociale et empêtrée dans des scandales à répétition. A ce stade, l’opposition au système se traduit surtout par une passivité – provisoire – des masses, faute d’alternative radicale et crédible au capitalisme en crise. Le FN ne fait que combler les espaces vides et progresse là où il n’y a pas d’adversaire.
La crise ouvre certes la possibilité d’une croissance relative du vote FN, sans pour autant parler d’adhésion massive chez les ouvriers et les jeunes. Le fait qu’une minorité d’entre eux vote pour l’extrême droite n’est d’ailleurs pas un phénomène nouveau. En 1984, l’extrême droite obtenait déjà 9 % des voix des jeunes électeurs, alors que l’abstention était bien plus faible.
Qui vote FN ?
Le FN exprime la ligne la plus dure de la bourgeoisie. Il lui permet de diviser la classe ouvrière suivant des lignes ethniques, religieuses, etc. Mais la capacité du FN à capter la colère populaire a des limites. Du fait de ses liens historiques avec le fascisme, le FN est perçu à juste titre par une majorité de jeunes comme un danger et un ennemi à combattre – comme l’ont démontré les manifestations de masse qui ont ponctué chacune de ses ascensions, ces dernières décennies.
L’électorat de base du FN, comme sa base militante, reste majoritairement composé des classes intermédiaires, des petits-bourgeois et commerçants frappés par la crise – ou craignant de l’être bientôt. Son électorat est essentiellement vieux. Par exemple, 40 % des électeurs du FN aux élections européennes de 2014 avaient plus de 60 ans. Le vote pour le FN est d’abord un vote contestataire et de dépit : 69 % des électeurs FN l’ont fait « pour s’opposer au gouvernement » – et non pour soutenir son programme. Ceci se reflète dans les scores très volatiles du FN ces deux dernières décennies.
Danger fasciste ?
Le FN est un danger qu’il faut combattre énergiquement. S’agit-il pour autant d’un danger fasciste ? Nous ne le pensons pas. La base de masse du fascisme est la petite-bourgeoisie. Jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la petite-bourgoisie – petits paysans, artisans, commerçants, etc. – constituait encore une nette majorité de la population active en France. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui : le salariat (la classe ouvrière) représente 90 % de la population active. La petite paysannerie, en particulier, a été pratiquement liquidée, réduite à moins de 5 % de la population active. Autrement dit, le fascisme n’a plus de base de masse ; il n’existe aucune force sociale massive pour mener une politique de guerre civile contre la classe ouvrière – la définition marxiste du fascisme.
Marine Le Pen et ses sbires en sont bien conscients. Or ils veulent le pouvoir, ils veulent entrer à l’Assemblée nationale et dans les ministères. C’est pour cela qu’ils insistent sur la « dédiabolisation » du FN. C’est pour cela que la fille a récemment exclu le père. Si à l’avenir le FN participe à un gouvernement de coalition avec la droite « traditionnelle », il mènera une politique pro-capitaliste classique (coupes, contre-réformes, cadeaux au grand patronat), sous le masque de la démocratie bourgeoise. Mais cela provoquera une explosion de la lutte de classe – et, au passage, un effondrement de la base électorale du FN, dont le caractère pro-capitaliste et pro-austérité apparaîtrait au grand jour.
Cette perspective, cependant, n’a rien d’inéluctable. La période actuelle se caractérise par une extrême volatilité politique. On doit s’attendre à de brusques oscillations politiques vers la droite et vers la gauche. Nul doute que le FN a encore un potentiel de croissance électorale chez les électeurs de la droite traditionnelle (UDI-Républicains) et dans la masse des abstentionnistes. Mais le potentiel est nettement plus important de l’autre côté de l’échiquier politique, c’est-à-dire pour une force de gauche s’opposant fermement aux politiques d’austérité. Au Front de Gauche d’incarner cette alternative et, ainsi, d’enrayer la progression du FN.
[1] Cette distinction entre « ouvriers » et « employés » n’a aucune pertinence, à notre avis, ces deux catégories constituant, ensemble, ce que nous appelons la classe ouvrière (le salariat). Mais cela ne change pas grand-chose aux résultats de l’étude.
http://www.marxiste.org/actualite-francaise/politique-francaise/1360-mythes-et-realite-du-vote-fn
Messages
1. Mythes et réalité du vote FN, 20 octobre 2015, 08:22
Cette analyse me parait correcte même si elle ne parle pas de la déconcentration de la classe ouvrière (salariés manuels) consécutive à la désindustrialisation, à la modernisation de l’industrie restante et à l’externalisation de nombreuses tâches. Reste que les prolos (ceux qui sont obligés de vendre, sous diverses formes, leur force de travail pour vivre) n’ont jamais été aussi majoritaires, en France comme partout.
2. Mythes et réalité du vote FN, 20 octobre 2015, 11:11
L article ne pose pas la bonne question :
pourquoi les "jeunes" et les "ouvriers" , lorsqu’ils vont voter, ne votent pas d’abord pour des partis qui sont,depuis leur création, censés les représenter.
1. Mythes et réalité du vote FN, 20 octobre 2015, 18:43
Il y a une erreur dans la formulation : pourquoi (...) ne votent PLUS pour des partis...
Du coup la réponse me semble assez simple : essentiellement parce qu’ils ont tiré les leçons des expériences passées, parce qu’ils ont vu ce que faisaient réellement ces partis censés les représenter, une fois au pouvoir.
Quant aux autres, LO ou NPA, ils sont trop marginaux pour pouvoir être crédible à leur yeux et incarner un espoir.
Oc
2. Mythes et réalité du vote FN, 20 octobre 2015, 19:35, par Alain Chancogne
Parce que ces partis sont en représentation..
Comme on le dit au théatre
ils sont sur une scène qui n’a RIEN A VOIR avec leurs souffrances..
CES partis sont "hors sol", et non eulement, comme le dit mon camarade, ils n’ont pas compris que que PLUS PERSONNE ne veut se mettre à table, sans avoir été en cuisine préparer le PLAT..
........... ..mais en plus, le PCF qui fut l’avocat du PEUPLE, l’inconditionnel soutien aux LUTTES, le parti des"petites gens" , un soutien d’ESPOIR..n’est plus qu’une machine électorale, un repaire de politiciens alors qu’il fut le repère de la lutte des classes !
3. Mythes et réalité du vote FN, 21 octobre 2015, 14:28, par momo11
Le meilleur "rabateur"FHAINE s’apelle...........françois hollande !!!!!!momo11
4. Mythes et réalité du vote FN, 21 octobre 2015, 14:50, par potemkine17
L e FN est-il dangereux ? Si nous vivions dans un véritable état de droit, dans un pays où le citoyen est respecté et les institutions sont à son service - et pas le contraire - en un mot , si nous étions en régime démocratique, je dirais OUI !... Mais on est en France et j’ai concience depuis quinze ans que l’on nous balade avec cette hantise du fascisme. Le problème ne vient moins de gens qui aspirent au pouvoir mais ne l’auront jamais- Pas fou les umps- que ceux qui l’ont dèjà et s’en servent si mal. Malgré tout le mal que je pense de la bande à Marine, je n’ai rien qui prouve leur responsabilité dans nos emmerdements collectifs ou particuliers, ni sur le chomage, ni les retraites , rien...Par contre, j’en connais d’autres, des françois, des alain, des nicolas,pleins d’autres auquels on pourrait demander des comptes. Par chance pour eux, comme beaucoup, je ne vote pas : je suis libertaire et je ne cautionne pas ce système bizarre qui permet à un parti d’avoir 18 députés avec 5% des voix et un autre 3 pour 20% des suffrages. Même si ce résultat me rassure, je ne peux pas le défendre. Et si demain il arrivait que cette république s’écroule, je ne bougerais pas pour la soutenir, elle me fait trop souffrir ; je me battrais plus tard, pour batîr autre chose.
1. Mythes et réalité du vote FN, 21 octobre 2015, 18:29, par 3487653
Oui mais plus tard.... il sera trop tard ! Chaque fois , dans l’histoire que ce calcul a été fait ,c ’est la terreur qui a suivi .Et pas grand monde n ’a bronché ! Pour au final ,un retour à la case départ.