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NON A LA REPRESSION POLICIERE DU MOUVEMENT SOCIAL !
par CGT
Publie le lundi 30 décembre 2013 par CGT - Open-Publishing3 commentaires
Une nouvelle fois la CGT tient à exprimer sa stupeur et sa colère devant le déchaînement de violence de la part des forces de l’ordre face aux pompiers venus manifester pacifiquement devant la Préfecture le 27 décembre 2013. Cette action collective s’inscrivait dans leur mobilisation face aux mesures d’austérité et à l’allongement de leur temps de travail décidés par la direction du Service départemental d’incendie et de secours de l’Isère.
Déjà le 12 décembre, un manifestant devait être conduit à l’hôpital blessé au visage par un garde mobile. Cette fois, c’est par un tir tendu de grenades lacrymogènes que l’un d’eux vient de perdre un œil ! Jusqu’où l’escalade ?
Après cette récidive policière, il est plus que jamais indispensable que toute la clarté soit faite sur ces débordements, comme le demandait déjà Thierry Lepaon le 13 décembre au ministre de l’Intérieur.
Peut-on parler de démocratie sociale et de dialogue social dans un pays où les salariés rencontre la violence policière pour toute réponse à leurs revendications ?
La CGT apporte tout son soutien au pompier victime de cette répression ainsi qu’à l’ensemble des personnels qui poursuivent leur mobilisation.
Face à l’incapacité de la direction d’instaurer un dialogue social serein, il est temps pour le gouvernement et son ministre de l’Intérieur de prendre toutes les dispositions nécessaires à l’ouverture de négociations et de mettre fin à cette escalade répressive.
Montreuil le 30 décembre 2013
Messages
1. NON A LA REPRESSION POLICIERE DU MOUVEMENT SOCIAL !, 31 décembre 2013, 07:39, par ETELLIN
Bonjour,
Il faut envoyer des messages à la famille de Quentin, pompier blessé (perte d’un œil par un tir tendu des CRS) et demander que justice soit faite et que les responsables du tir tendu soient traduits devant les Tribunaux ainsi que leurs "donneurs d’ordre" , le Préfet et VALLINI, Pdt du Conseil Général, également le responsable qui commandait le bataillon.
Rappelons tout de même que VALLINI "briguait" à l’époque le poste de VALLS.
Ce n’est pas la 1ère fois que les CRS agissent de la sorte en Isère :les manifs lors des actions pour la défense des Retraites où il y avait eu des "charges" et des blessés côté manifestants.
Dans d’autres départements aussi : la Région Lyonnaise, le Nord, le Midi, Notre
Dame des Landes ........
Et cela sous un "Gouvernement dit de gôche !"
Non, M. HOLLANDE, on ne gouverne pas comme ça !
Faites immédiatement cesser ces violences !
Quentin est une nouvelle victime !
Je soutiens sa famille et ses collègues sapeurs pompiers.
2. NON A LA REPRESSION POLICIERE DU MOUVEMENT SOCIAL !, 31 décembre 2013, 10:10, par taratata
Flashball, peur et mutilation - Libération
TRIBUNE. PAR CLÉMENT ALEXANDRE, FLORENT CASTINEIRA, JOAN CELSIS, JOHN DAVID, PIERRE DOUILLARD, JOACHIM GATTI ET SALIM [Pour Salim, ce sont ses proches qui signent la tribune] BLESSÉS ET MUTILÉS PAR LA POLICE FRANÇAISE
Nous avons en commun le fait d’avoir été blessés et mutilés par la police française après avoir reçu un tir de flashball en pleine tête. Être touché par une de ces armes, c’est s’effondrer, être évacué, hospitalisé et subir par la suite un nombre considérable d’interventions chirurgicales lourdes qui s’étendent sur plusieurs mois. Les lésions sont nombreuses et irréversibles : œil crevé, décollement de la rétine, enfoncement du plancher orbital, multiples fractures, dents cassées, joue arrachée, etc. Pour plusieurs d’entre nous, l’implant d’une prothèse a été nécessaire. Sans parler des migraines, des cauchemars et de la peur chevillée au corps. À Marseille, un homme, Mostefa Ziani, est mort d’un arrêt cardiaque après avoir été touché en plein thorax. Le flashball peut donc tuer à bout portant et il produit des dommages qui ne sont en rien des accidents. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, équiper la police avec ces armes, c’est lui reconnaître le droit de mutiler. Ce qu’elle a bien compris.
S’il n’existe aucune réparation possible, il est difficile de laisser le terrain libre à la violence policière. Plusieurs d’entre nous ont porté plainte contre l’auteur du tir. Sans succès. À Nantes, le policier qui a tiré sur Pierre Douillard en 2007 et dont l’identité est clairement établie bénéficie d’une relaxe : sa responsabilité ne peut être engagée puisqu’il a obéi à un ordre. À Toulouse par contre, pour Joan Celsis, blessé en 2009, le juge ordonne un non-lieu au motif cette fois que l’identité du tireur n’est pas établie. À Montreuil, pour Joachim Gatti, le procureur bloque le dossier depuis maintenant deux ans. Sans surprise, la justice couvre la police. Il y a belle lurette en effet que l’action de la police s’est affranchie du droit. Pour le flashball, les distances de sécurité et les zones autorisées ne sont jamais respectées, pas plus que le tir ne correspond à un état de légitime défense comme le prescrit pourtant la réglementation officielle.
Face aux limites du pénal, nous nous sommes lancés dans une nouvelle procédure. Clément Alexandre, le collectif Face aux armes de la police et leur avocat, Étienne Noël, ont déposé en octobre 2012 une requête au Tribunal administratif qui consiste à attaquer directement la responsabilité du préfet de police et plus seulement le policier qui tire en pleine tête, même si celui-ci mérite tout notre mépris. Pour la première fois, l’État a été condamné mercredi, le 18 décembre, à verser une indemnité et sa responsabilité est reconnue, tout comme le lien entre la blessure et le flash-ball. D’autres jugements sont attendus. Nous pensons que sur le terrain juridique, il est capital de multiplier ce type de riposte.
Toutes ces blessures rendent lisible la façon dont la police maintient l’ordre. Chaque fois derrière nos noms propres, il y a des complicités et des amitiés – souvent des luttes. À Nantes, des lycéens et des étudiants occupent un rectorat. À Toulouse, des dizaines d’étudiants sortent d’un Monoprix sans payer pour protester contre la précarité étudiante. À Montreuil, des habitants se rassemblent contre l’expulsion d’un squat. Et des lycéens bloquent leur établissement pour protester contre une énième réforme des retraites. À Notre-Dame-des-Landes, des milliers de personnes résistent à un projet d’aéroport : parmi les centaines de blessés, certains se retrouvent avec des bouts de métal sous la peau. À Strasbourg, des métallos manifestent contre ArcelorMittal. À Montpellier, c’est un groupe de supporteurs qui est visé. Dans les quartiers populaires, le flashball fait partie de la vie quotidienne et intervient systématiquement quand les habitants se révoltent contre la violence de la police. C’est le cas à Trappes pour Salim, qui cet été, a eu le malheur de se trouver à proximité du commissariat où des habitants protestent contre une arrestation musclée. Mais aussi à Montbéliard, Villemomble, etc.
Ce que la langue policière appelle littéralement « neutraliser une menace » désigne de toute évidence la nature réelle du flashball : écraser et faire taire ce qui échappe au pouvoir. C’est là le travail normal de la police. Mais ce qui est nouveau, c’est la méthode utilisée. Le flashball est le nom d’un nouveau dispositif politique qui repose sur la peur et la mutilation – en un mot la terreur. Il s’agit cette fois de frapper les corps mais aussi les cœurs et les esprits en nous marquant dans notre chair et dans celles de nos amis. Présenté comme défensif, le flashball est clairement une arme offensive qui donne à nouveau à la police le pouvoir de tirer sur la foule. Le déploiement de la violence policière, en l’état actuel du rapport de force, ne doit pas entraîner la mort. Mais la police doit être assurée de rester la plus forte pour que l’ordre soit maintenu.
Cette militarisation des opérations de police exprime la vérité d’une époque : le développement de ces armes depuis maintenant dix ans s’explique par le fait qu’elles ont manqué dans certaines émeutes. Qu’en Tunisie, une foule déterminée puisse faire tomber un gouvernement dont la longévité semblait assurée indique assez l’angoisse qui habite le pouvoir à tout moment. Le terrain d’intervention véritable du flashball, c’est la révolte.
En maintes occasions, la police se présente comme un obstacle – à nos mouvements, à nos désirs et à nos luttes. La question de savoir comment le défaire mériterait d’être prise au sérieux. Si les blessures se produisent toujours dans des moments de tension, se défendre et se protéger devient une question pratique dont la nécessité a pu être éprouvée en Grèce, comme à Notre-Dame-des-Landes où des boucliers sont apparus ; de la place Tahrir à la place Taksim, où des milliers de manifestants venaient casqués. Quand Michèle Alliot-Marie propose d’exporter le savoir-faire de la police française en Tunisie, nous pensons plutôt à importer la puissance des révolutions arabes.
C’est parce que nous demeurons attachés à nos luttes et à nos amitiés que nous ne nous laisserons pas terroriser par le flashball. Là où nous sommes attaqués, il y a à riposter collectivement pour être capable de penser et de contrer les pratiques policières. Et ça, on ne le fait pas dans l’enceinte d’un tribunal, mais on l’élabore avec tous ceux qui les subissent. Ici, comme ailleurs, ce qui relève du possible dépend d’un rapport de force. Nous lançons un appel à toutes les personnes blessées avec la certitude que nous avons plus à partager que nos blessures.
1. NON A LA REPRESSION POLICIERE DU MOUVEMENT SOCIAL !, 2 janvier 2014, 21:58
Vendredi 27 décembre, les pompiers professionnels de l’Isère manifestaient devant la préfecture où se tenait, sous bonne protection, leur conseil d’administration. Ils protestaient contre le budget 2014 du Conseil général qui prévoit l’allongement de leur temps de travail, sans augmentation de salaire.
Alors qu’ils avaient fait savoir aux CRS qu’ils n’avaient pas l’intention de forcer le passage, ils ont très vite été agressés à coups de gaz lacrymogène et de balles de défense. Deux d’entre eux ont été blessés : l’un à la main, le second, âgé de 31 ans, a perdu un œil. C’est la deuxième fois en quinze jours que les pompiers sont victimes des forces de l’ordre. La première fois, ils manifestaient avec le personnel du conseil général et deux d’entre eux aussi avaient été blessés.
Tout comme les autres membres du personnel des collectivités territoriales, les pompiers subissent une politique d’économies à tout prix. Ainsi, quelques jours avant la manifestation du 27 décembre, ils avaient appris que toutes les promotions seraient annulées en 2014. L’allongement de leur temps de travail n’est qu’une des nombreuses mesures, à l’étude depuis deux ans, pour faire face à un budget en baisse constante. Depuis 2008 ils protestent contre des effectifs insuffisants et cela s’aggrave d’année en année.
André Vallini, président socialiste du Conseil général, veut se montrer bon élève vis-à-vis de la Cour des comptes, qui avait pointé du doigt les finances des collectivités locales, dispendieuses aux yeux de son président, Didier Migaud, lui aussi socialiste. Vallini se vante de ne pas augmenter le budget du département. Peu lui importe si c’est sur le dos des pompiers et de tout le personnel.
Aujourd’hui, les pompiers sont choqués et en colère, ils n’ont pas l’intention d’en rester là.